Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1568

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



SECTION 3 [XX.]

Gloire divine de Jésus manifestée dans sa Résurrection.

Apparition à Marie-Madeleine (xx, 1-18) ; aux Apôtres réunis dans le Cénacle (19-23) ; à S. Thomas et aux Apôtres (24-29). Épilogue de l’Évangile (30-31).

Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rendit au sépulcre, dès le matin, avant que les ténèbres fussent dissipées, et elle vit la pierre enlevée du sépulcre.[1] 2Elle courut donc, et vint trouver Simon-Pierre et l’autre disciple[2] que Jésus aimait, et leur dit : « Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l’ont mis. » 3Pierre sortit avec l’autre disciple, et ils allèrent au sépulcre. 4Ils couraient tous deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre. 5Et s’étant penché, il vit les linceuls posés à terre ; mais il n’entra pas. 6Simon-Pierre qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le sépulcre ; il vit les linges posés à terre, 7et le suaire qui couvrait la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé dans un autre endroit. 8Alors l’autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi ; et il vit, et il crut : 9car ils ne comprenaient pas encore l’Ecriture,[3] d’après laquelle il devait ressusciter d’entre les morts. 10Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

11Cependant Marie se tenait près du sépulcre, en dehors, versant des larmes ; et en pleurant elle se pencha vers le sépulcre ; 12et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été mis le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. 13Et ceux-ci lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » Elle leur dit : « Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » 14Ayant dit ces mots, elle se retourna et vit Jésus debout ; et elle ne savait pas que c’était Jésus. 15Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ? » Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : « Seigneur, si c’est vous qui l’avez emporté, dites-moi où vous l’avez mis, et j’irai le prendre. » 16Jésus lui dit : « Marie ! » Elle se retourna et lui dit en hébreu : « Rabboni ! » c’est à dire Maître. 17Jésus lui dit : « Ne me touchez point, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais allez à mes frères, et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »[4] 18Marie-Madeleine alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses.

19Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, parce qu’ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et se présentant au milieu d’eux, il leur dit : « Paix avec vous ! »[5] 20Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21Il leur dit une seconde fois : « Paix avec vous ! » Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » 22Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint.[6] 23Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

24Mais Thomas, l’un des douze, celui qu’on appelle Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc : « Nous avons vu le Seigneur. » Mais il leur dit : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. »

26Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas

  1. XX, 1. Madeleine se rendit au sépulcre, pour embaumer Jésus (Marc, xvi, 1). Elle n’était point seule, car elle dit au verset suivant : Nous ne savons, etc. Voy. Matth. xxviii, 1 ; Marc, xvi, 1.
  2. 2. L’autre disciple, le même que xviii, 15-16, S. Jean.
  3. 9. D’après l’Écriture, par exemple Ps. xxi (héb.) 10 ; Is. liii, 10 sv. N.-S. lui-même avait parlé plusieurs fois de sa résurrection à ses Apôtres ; mais leurs fausses idées sur la personne du Messie les empêchaient sans doute de prendre à la lettre ce qu’il leur disait. Ils n’eurent la complète intelligence des desseins de Dieu qu’après que le divin Ressuscité se fut montré à eux (Luc, xxiv, 27, 46 sv. Act. i, 3) et leur eut envoyé le Saint-Esprit (Act. ii, 24-27, 31 ; xiii, 33).
  4. 17. Cf. Matth. xxviii, 1-10. Ne tiens pas mes pieds embrassés ; le vrai retour que j’ai promis n’est pas celui-ci. Il faut auparavant que je sois monté vers mon Père, avant de revenir d’une façon permanente.
  5. 19. Marc, xvi, 14 ; Luc, xxiv, 36 ; I Cor. xv, 5.
  6. 22. Il souffla sur eux. Ce souffle était le symbole de la communication, partielle encore, de l’Esprit-Saint, (πνεῦμα, souffle), dont ils devaient recevoir la plénitude le jour de la Pentecôte.