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TROISIÈME PARTIE.
[XXII — XXIV.]
VIE SOUFFRANTE ET GLORIEUSE DE JÉSUS.
I. — LA PASSION.
[XXII — XXIII, 54.]


1. Le complot (xxii, 1-6).

La fête des Azymes, qu’on appelle la Pâque, approchait ;[1] 2et les Princes des prêtres et les Scribes cherchaient comment ils feraient mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple. 3Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote, du nombre des Douze ; 4et celui-ci alla s’entendre avec les Princes des prêtres et les magistrats, sur la manière de le leur livrer. 5Eux, pleins de joie, promirent de lui donner de l’argent. 6Il s’engagea de son côté, et il cherchait une occasion favorable de leur livrer Jésus à l’insu de la foule.

2. La Sainte Cène ; derniers avis (7-38).

7Arriva le jour des Azymes, où l’on devait immoler la Pâque. 8Jésus envoya Pierre et Jean : “Allez, leur dit-il, nous préparer le repas pascal.” 9Ils lui dirent : “Où voulez-vous que nous le préparions ?” 10Il leur répondit : “En entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera, 11et vous direz au maître de cette maison : Le Maître te fait dire : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? 12Et il vous montrera un grand cénacle meublé : préparez-y ce qu’il faut.” 13Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

14L’heure étant venue, Jésus se mit à table, et les douze Apôtres avec lui ; 15et il leur dit : “J’ai désiré d’un grand désir de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. 16Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à la Pâque parfaite, célébrée dans le royaume de Dieu.” 17Et prenant une coupe, il rendit grâces et dit : “Prenez et partagez entre vous. 18Car, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu.” 19Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : “Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi.” 20Il fit de même pour la coupe, après le souper, disant : “Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang[2], lequel est versé pour vous.

21Cependant voici que la main de celui qui me trahit est avec moi à cette table.[3] 22Quant au Fils de l’homme, il va selon ce qui a été décrété ; mais malheur à l’homme par qui il est trahi !” 23Et les disciples se mirent à se demander les uns aux autres quel était celui d’entre eux qui devait faire cela.

24Il s’éleva aussi parmi eux une dispute, pour savoir lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand. 25Jésus leur dit : “Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui leur commandent sont appelés Bienfaiteurs. 26Pour vous, ne faites pas ainsi ; mais que le plus grand parmi vous soit comme le dernier, et celui qui gouverne comme celui qui sert. 27Car quel est le plus grand, de celui qui est à table, ou de celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

  1. XXII, 1. Matth. xxvi, 1 ; Marc, xiv, 1.
  2. 20. Cette coupe est la nouvelle alliance, etc. S. Luc rapporte ici les paroles de N.-S. dans les mêmes termes que S. Paul (I Cor. xi, 25), et la formule qu’ils emploient revient à ceci : Le contenu de cette coupe est mon sang, dans ou par lequel est conclue la nouvelle alliance. L’ancienne alliance avait été scellée par le sang des victimes (Gen. xv, 8 sv. ; Exod. xii, 22 sv. ; xxiv, 8), la nouvelle alliance doit l’être par le sang de l’Homme-Dieu.
  3. 21. Il paraît certain, d’après le récit des autres évangélistes, et d’après la nature même des choses, que N. — S. n’attendit pas jusqu’après le souper (vers. 20) pour dénoncer la trahison d’un Apôtre. Par conséquent, ce verset de S. Luc ne peut être invoqué contre le sentiment d’un grand nombre de Pères et d’exégètes modernes, qui pensent que Judas était sorti (Jean, xiii, 30)avant l’institution de la Sainte Eucharistie. Après avoir exposé cette institution, S. Luc réunit ensemble les défaillances apostoliques.