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Chap. XXVII, 5.
Chap. XXVII, 40.
ÉVANGILE SELON S. MATTHIEU.

5Alors, ayant jeté les pièces d’argent dans le Sanctuaire, il se retira et alla se pendre. 6Mais les Princes des prêtres ramassèrent l’argent et dirent : “Il n’est pas permis de le mettre dans le trésor sacré, puisque c’est le prix du sang.” 7Et, après s’être consultés entre eux, ils achetèrent avec cet argent le champ du Potier pour la sépulture des étrangers. 8C’est pourquoi ce champ est encore aujourd’hui appelé Champ du sang.[1] 9Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie : “Ils ont reçu trente pièces d’argent, prix de celui dont les enfants d’Israël ont estimé la valeur ;[2] 10et ils les ont données pour le champ du Potier, comme le Seigneur me l’a ordonné.” 11Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, en disant : “Es-tu le roi des Juifs ?” Jésus lui répondit : “Tu le dis.”[3] 12Mais il ne répondait rien aux accusations des Princes des prêtres et des Anciens. 13Alors Pilate lui dit : “N’entends-tu pas de combien de choses ils t’accusent ?” 14Mais il ne lui répondit sur aucun grief, de sorte que le gouverneur était dans un grand étonnement.[4]

15À chaque fête de Pâque, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule. 16Or ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. 17Pilate, ayant fait assembler le peuple, lui dit : “Lequel voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus qu’on appelle Christ ?” 18Car il savait que c’était par envie qu’ils avaient livré Jésus. 19Pendant qu’il siégeait sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : “Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car j’ai été aujourd’hui fort tourmentée en songe à cause de lui.” 20Mais les Princes des prêtres et les Anciens persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus. 21Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : “Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ?” Ils répondirent : “Barabbas.” 22Pilate leur dit : “Que ferai-je donc de Jésus, appelé Christ ?” 23Ils lui répondirent : “Qu’il soit crucifié !” Le gouverneur leur dit : “Quel mal a-t-il donc fait ?” Et ils crièrent encore plus fort : “Qu’il soit crucifié !” 24Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l’eau et se lava les mains devant le peuple, en disant : “Je suis innocent du sang de ce juste ; à vous d’en répondre.” 25Et tout le peuple dit : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !” 26Alors il leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié. 27Les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. 28L’ayant dépouillé de ses vêtements, ils jetèrent sur lui un manteau d’écarlate. 29Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision : “Salut, roi des Juifs.” 30Ils lui crachaient aussi au visage, et prenant le roseau, ils en frappaient sa tête. 31Après s’être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.

6. Au Calvaire (vers. 32-56).

32Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus.[5] 33Puis, étant arrivés au lieu appelé Golgotha[6], c’est-à-dire, le lieu du Crâne, 34ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel[7] ; mais, l’ayant goûté, il ne voulut pas le boire. 35Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort, afin que s’accomplit la parole du Prophète : “Ils se sont partagés mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort.” 36Et, s’étant assis, ils le gardaient. 37Au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau indiquant la cause de son supplice : “Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.” 38En même temps, on crucifia avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. 39Et les passants l’injuriaient, branlant la tête

40et disant : “Toi, qui détruis le temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ! Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ![8]
  1. 8. La Vulgate ajoute Haceldama, c’est-à dire… d’après Act. i, 19.
  2. 9. Citation libre, empruntée à Zacharie, (xi, 13) ; quelques mots seulement sont de Jérémie, v, 9 ; peut-être ce dernier nom est-il une faute de copiste.
  3. 11. Le récit de S. Matthieu doit être complété par celui de S. Jean (xviii, 29 sv.).
  4. 14. Comp. Isaïe, liii, 7 ; I Pierre, ii, 23.
  5. 32. Marc, xv, 21 ; Luc, xxiii, 26.
  6. 33. En araméen Goulgoltha, en lat. calvaria, d’où le mot calvaire.
  7. 34. De fiel, c.‑à-d. d’une substance amère, que S. Marc appelle myrrhe, et qui était peut-être le pavot, le rosh hébreu.
  8. 40. Voy. xxvi, 61 ; Jean, ii, 19. — La Vulg. ajoute Vah ! qui ne se lit, en grec, que dans Marc, xv, 29.