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Chap. XXVI, 48.
Chap. XXVII, 4.
ÉVANGILE SELON S. MATTHIEU.

nombreuse de gens armés d’épées et de bâtons, envoyée par les Princes des prêtres et les Anciens du peuple.[1] 48Le traître leur avait donné ce signe : “Celui que je baiserai, c’est lui, arrêtez-le.” 49Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : “Salut, Maître”, et il le baisa. 50Jésus lui dit : “Mon ami, Pourquoi es-tu ici ?” En même temps, ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et le saisirent. 51Et voilà qu’un de ceux[2] qui étaient avec Jésus, mettant l’épée à la main, en frappa le serviteur du grand prêtre et lui emporta l’oreille. 52Alors Jésus lui dit : “Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui se serviront de l’épée, périront par l’épée. 53Penses-tu que je ne puisse pas sur l’heure prier mon Père, qui me donnerait plus de douze légions d’anges ? 54Comment donc s’accompliront les Écritures, qui attestent qu’il en doit être ainsi ?” 55En même temps, Jésus dit à la foule : “Vous êtes venus, comme à un voleur, avec des épées et des bâtons pour me prendre. J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez pas saisi ; 56mais tout cela s’est fait, afin que s’accomplissent les oracles des prophètes. “Alors tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite.

4. Chez Caïphe (57-75).

57Ceux qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent chez Caïphe, le grand prêtre, où s’étaient assemblés les Scribes et les Anciens du peuple[3]. 58Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du grand prêtre, y entra, et s’assit avec les serviteurs pour voir la fin. 59Cependant les Princes des prêtres et tout le Conseil cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir ; 60et ils n’en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin il en vint deux 61qui dirent : “Cet homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours.” 62Le grand prêtre, se levant, dit à Jésus : “Ne réponds-tu rien à ce que ces hommes déposent contre toi ?” 63Jésus gardait le silence. Et le grand prêtre lui dit : “Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ?” 64Jésus lui répondit : “Tu l’as dit ; de plus, je vous le dis, dès ce jour vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant[4] et venir sur les nuées du ciel.” 65Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : “Il a blasphémé, qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème : 66que vous en semble ?” Ils répondirent : “Il mérite la mort.” 67Alors ils lui crachèrent au visage, et le frappèrent avec le poing ; d’autres le souffletèrent, 68en disant : “Christ, devine qui t’a frappé.”

69Cependant Pierre était dehors, assis dans la cour. Une servante l’aborda et lui dit : “Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen.” 70Mais il le nia devant tous en disant : “Je ne sais ce que tu veux dire.” 71Comme il se dirigeait vers le vestibule, pour s’en aller, une autre servante le vit et dit à ceux qui se trouvaient là : “Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.” 72Et Pierre le nia une seconde fois avec serment : “Je ne connais pas cet homme.” 73Peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent de Pierre, et lui dirent : “Certainement, tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage même te faire reconnaître.” 74Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer qu’il ne connaissait pas cet homme. Aussitôt le coq chanta.[5] 75Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : “Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois[6] ;” et étant sorti, il pleura amèrement.


5. Devant Pilate (xxvii, 1-31).[7]

Dès le matin, tous les Princes des prêtres et les Anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. 2Et, l’ayant lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent au gouverneur Ponce Pilate.[8] 3Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, fut touché de repentir, et rapporta les trente pièces d’argent aux Princes des prêtres et aux Anciens,

4disant : “J’ai péché en livrant le sang innocent.” Ils répondirent : “Que nous importe ? Cela te regarde.”
  1. 47. Marc, xiv, 43 ; Luc, xxii, 47  ; Jean, xviii, 2.
  2. 51. Un de ceux, S. Pierre, d’après Jean, xviii, 10.
  3. 57. Marc, xiv, 53 ; Luc, xxii, 54 ; Jean, xviii, 24.
  4. 64. Du Tout-Puissant, litt. de la Puissance suprême. La Vulg. ajoute de Dieu, d’après Luc, xxii, 70. Comp. Ps. cx (héb.), 1 ; Act. vii, 56 ; Dan. vii, 13.
  5. 74. Marc, xiv, 72.
  6. 75. Trois fois, c’est-à-dire à trois reprises, après un intervalle de temps plus ou moins considérable.
  7. XXVII. 1. Le Sanhédrin ne pouvait, d’après ses propres règlements, siéger, encore moins rendre une sentence capitale pendant la nuit ; voilà pourquoi il se réunit de nouveau le vendredi matin. Voy. Marc, xv, 1 ; Luc, xxii, 66.
  8. 2. Jean, xviii, 28.