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LE GRAND BALLON CAPTIF À VAPEUR
DE M. HENRY GIFFARD
(Suite et fin. — Voy. p. 43, 71, 103, 124, 183, 193, 236 et 312.)

La brillante campagne des ascensions captives exécutées par le grand ballon captif de la cour des Tuileries a été terminée le 4 novembre, à onze heures du matin. La veille, à cinq heures, avait eu lieu, au milieu d’une affluence considérable de spectateurs, la dernière ascension publique. Le lundi 4, au matin, le grand captif s’est élevé deux fois successivement dans les airs ; la nacelle avait été mise par M. Henry Giffard à la disposition de M. Gambetta, accompagné de MM.  l’amiral Mouchez, Hervé-Mangon, Paul Bert, le commandant Perrier et de plusieurs autres notabilités. Un temps calme et un ciel assez clair présidaient à cette dernière journée de fonctionnement d’un matériel qui fera époque dans l’histoire des ballons comme dans celle de la ville de Paris et de la science française.

Les préparatifs du dégonflement ont été commencés immédiatement, et le jeudi 7, à la fin du jour, le colosse aérien avait abandonné à l’atmosphère les 25 000 mètres cubes de gaz hydrogène qui, depuis quatre mois, en avaient fait la plus grande sphère que l’homme ait jamais construit jusqu’à ce jour.

Le grand ballon captif vu de terre quand il est à l’extrémité de son câble.

L’étoffe imperméable du ballon captif, l’immense filet de corde qui l’enveloppait sont absolument intacts comme au premier jour ; M. Henry Giffard, par cette création nouvelle, a, comme nous l’avons dit précédemment, transformé de toutes pièces les éléments fondamentaux de l’art aérostatique. Il nous paraît intéressant de résumer succinctement l’histoire d’une construction si importante. Le ballon captif de la cour des Tuileries a fonctionné publiquement pendant cent jours : du 28 juillet au 4 novembre. Cette immense sphère, qui était devenue l’un des monuments les plus imposants de Paris, a pu être considéré comme un baromètre d’un nouveau genre, qui indiquait d’une manière apparente l’état du temps à la ville tout entière et à ses environs. Quand le ballon planait dans les airs, c’était signe de beau temps ; quand il restait à terre, on pouvait avoir la certitude que le grand vent ou la pluie troublaient la sérénité de l’atmosphère.

Le ballon captif est resté attaché au sol, à cause des mauvais temps ou des grands vents, pendant 9 jours en août (les 1, 2, 12, 16, 19, 23, 24, 30 et 31) ; pendant 5 jours en septembre (les 13, 16, 18, 23 et 30) ; pendant 14 jours en octobre (les 7, 8, 9, 10, 11, 14, 21, 22, 253, 24, 25, 26, 29 et 30). Il n’a donc fonctionné que pendant 72 jours, sur lesquels il en faut compter 17 environ où les ascensions ont été interrompues pendant une partie plus ou moins impor-