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LE GRAND BALLON CAPTIF À VAPEUR
DE M. HENRY GIFFARD
(Suite. — Voy. p. 71, 103, 124, 183, 193 et 236.)

Les ascensions du ballon captif continuent avec une régularité et un succès toujours croissants ; dans les belles journées du commencement d’octobre, ce puissant matériel accomplissant sans aucune interruption depuis 10 heures du matin jusqu’à 6 heures du soir, 24 ascensions consécutives, a parfois élevé en un seul jour 900 personnes au sein de l’atmosphère. Depuis un mois environ, l’air est plus fréquemment chargé de brumes et de nuages ; les spectacles que l’on admire à 500 mètres d’altitude, sont plus majestueux encore qu’ils ne l’étaient au cœur de l’été. À l’heure du coucher du soleil, la nature se révèle dans sa beauté au-dessus de l’immense plateau que l’on domine dans la nacelle. Paris tout entier apparaît dans les bas-fonds, et l’horizon se nuance tout à coup de cette parure de couleurs dont le soleil sait revêtir les nuées quand il y descend pour éclairer d’autres régions.

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Fig. 1. — Effet de coucher du soleil observé dans la nacelle du ballon captif de M. Henry Giffard, le 14 septembre 1878.
Altitude : 510 mètres. 6 h. 55 du soir. (D’après nature, par Albert Tissandier.)

Nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs deux gravures qui leur donneront quelque idée de ces tableaux incomparables. La première (fig. 1) représente le coucher du soleil observé le 14 septembre à l’altitude de 510 mètres, au-dessus de la cour des Tuileries. Le mont Valérien dominait un plateau de vapeur, d’une nuance gris-perle ; la forteresse colorée d’un bleu indigo intense, se découpait nettement sur un ciel d’or. Les nuages supérieurs assez épais, dominaient cette scène grandiose : on eût dit de sombres rideaux opaques, L’air était calme ; la nacelle planait à l’extrémité de son câble, avec l’immobilité du balcon d’un phare. Paris au-dessous s’éclairait, et les lumières électriques de l’avenue de l’Opéra, s’allumaient subitement, comme pour remplacer la lumière de l’astre du jour.

La seconde gravure (fig. 2) donne l’aspect du coucher du soleil observé le 28 septembre ; la terre à l’horizon était entièrement masquée par les brumes qui venaient de se colorer d’une nuance jaune d’or ; le soleil apparaissait en un grand disque de feu, à moitié caché par un lambeau de nuage d’une belle couleur violacée.

Les ascensions exécutées dans le grand ballon captif de M. Henry Giffard ont souvent donné lieu à des observations météorologiques fort curieuses. Nous citerons notamment celle qui a été faite le 21 août 1878.

À 2 heures de l’après-midi, le vent était tout à fait nul, l’atmosphère brumeuse, la température de 20°, l’humidité relative à terre de 77. — À 2 heures 10 minutes, l’aérostat planait à 480 mètres d’alti-