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quarante-sixième runo

piola[1], venez maintenant célébrer les noces de votre taureau[2], la fête solennelle de la longue toison ! Un splendide festin est préparé ; les boissons et les vivres s’y trouvent en abondance ; il y en a assez pour vous, assez pour distribuer dans tout le village. »

Le peuple prit la parole, la belle foule dit : « Où le bel Otso a-t-il pris naissance, où la toison d’argent a-t-elle vu le jour ? Est-ce sur un lit de paille ou dans un coin de la chambre de bain ? »

Le vieux Wäinämöinen répondit : « Otso n’a point pris naissance sur un lit de paille, ni sur les bourriers de l’étuve à sécher le grain ; le noble Otso est né, le pied de miel a vu le jour, dans les régions voisines de la lune et du soleil, sur les épaules d’Otawa[3], chez les vierges de l’air[4], chez les filles de la nature[5]. »

« La vierge de l’air parcourait la sphère azurée, les hauteurs du ciel ; elle longeait les bords des nuages, les frontières de l’éther, les jambes vêtues d’azur, les pieds d’une chaussure bigarrée. Elle tenait à la main, elle portait sous le bras une corbeille remplie de laine ; elle en jeta un petit flocon dans la mer, un simple fil au milieu des flots. Le flocon fut bercé par le vent, ballotté par le souffle de l’air, gonflé par la vapeur de l’onde ; et les vagues le portèrent jusqu’au rivage de l’île florissante, jusqu’à la pointe du promontoire riche de miel.

« Mielikki, la mère des bois, la diligente épouse de Tapio, tira le flocon de l’eau, la fine laine du sein des flots.

« Puis, elle l’enveloppa de langes, et le coucha dans un berceau, un gracieux berceau en bois d’érable. Elle le

  1. Voir page 114, note 1.
  2. L’ours est appelé ici taureau, härkä, parce qu’il était d’usage, dans les noces finnoises, de tuer un taureau. Nous en avons déjà vu un exemple lors des noces de la vierge de Pohja et d’Ilmarinen.
  3. Voir page 8, note 1.
  4. Déesses de l’air.
  5. Voir page 4, note 4. — Ici commence le chant de l’origine de l’ours karhun synty.