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le kalevala

rêt, entrer dans cette petite habitation, dans ces étroits sentiers[1].

« Je l’avais attendu, comme on attend une année fertile, un radieux été ; je l’avais attendu, comme, après la neige nouvelle, le suksi attend un chemin glissant, comme la jeune fille attend un fiancé, comme la joue rose attend un époux.

« Je passais les soirs assis près de la fenêtre, les matins sur l’escalier de l’aitta[2], les semaines sur le seuil des portes, les mois sur le chemin ; je restais là jusqu’à ce que la neige fût durcie par le froid, jusqu’à ce que la neige durcie fondît, jusqu’à ce que le sol nu se couvrît de sable, jusqu’à ce que le sable se couvrît de terre, jusqu’à ce que la terre verdît sous un nouveau gazon ; et je pensais tous les matins, et je me disais tous les jours : Pourquoi Otso tarde-t-il si longtemps ? Où l’amour des bois consume-t-il ses heures ? Serait-il allé en Wiro[3], aurait-il abandonné le pays de Suomi[4] ? »

Le vieux Wäinämöinen prit la parole et dit : « Où porterai-je, maintenant, l’étranger, où conduirai-je l’hôte d’or ? Le porterai-je dans la grange ou le conduirai-je dans l’étable ? »

Le peuple répondit, la belle foule dit : « Tu dois porter l’étranger, tu dois conduire notre hôte d’or sous la poutre célèbre, sous le beau toit. Là, les vivres sont déjà préparés, la douce boisson est déjà servie ; là, toutes les chambres sont en ordre, tous les planchers balayés, toutes les femmes en habit de fête. »

Alors, le vieux Wäinämöinen prit la parole et dit : « Ô mon Otso, mon oiseau[5], mon pied de miel, mon

  1. Ici la foule cesse de parler collectivement pour laisser à un seul individu le soin d’exprimer ses pensées. Cette forme d’interlocution se présente de temps en temps dans les runot.
  2. Voir page 3, note 5.
  3. Voir page 89, note 5.
  4. Voir page 155, note 2.
  5. Lintuseni.