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le kalevala

Un seul, le plus jeune, ne reçut point de nom ; Loviatar en fit un génie fatal, un être dévoré d’envie, et elle l’envoya dans la mer, dans les vallées profondes, dans tous les lieux de l’univers.

Louhi, la mère de famille de Pohiola, exhorta la sinistre famille à gagner la pointe du promontoire nébuleux, l’île riche d’ombrages. Elle déchaîna l’odieuse engeance, les effroyables maladies, contre les habitants de Wäinölä, contre le peuple de Kaleva.

Les fils de Wäinölä, les rejetons de Kaleva sont cloués sur leur lit, en proie à des maladies étranges, des maladies dont le nom est inconnu : le plancher se pourrit au-dessous d’eux, le toit se moisit au-dessus de leur tête.

Alors, le vieux Wäinämöinen, le runoia éternel, songea à sauver sa tête, à délivrer sa vie ; il voulut combattre les êtres malfaisants, engager la lutte contre Tuoni[1].

Et, il se rendit dans la maison de bain ; il fit chauffer les pierres de l’étuve[2] avec des branches immaculées, des troncs d’arbre flottés ; puis il apporta de l’eau, il apporta des paquets de verges[3], et il les amollit sous l’action de la chaleur.

Ensuite, il jeta l’eau, l’eau douce comme le miel, à travers les pierres brûlantes, les cailloux enflammés, et il éleva la voix, et il dit : « Viens, maintenant, ô Jumala, dans le bain, viens, ô père suprême, au sein de l’ardente atmosphère, afin de rappeler la santé, de rétablir la paix[4] ; dissipe les saintes étincelles, éteins les scories


    « Minkä painoi paiseheksi
    « Kunka ruohutti ruveksi,
    « Minkä syojäksi sysäsi,
    « Kunka ruhtosi rutoksi. »

  1. Voir page 100, note 4 et page 120, note 1.
  2. Dans les bains finnois, le fourneau est couvert de pierres et de cailloux, sur lesquels on jette de l’eau pour produire la vapeur. Voir page 159, note 1.
  3. Voir page 32, note 1.
  4. Le bain de vapeur était jadis et est encore aujourd’hui, chez les