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qu’au lieu d’« enlèvement », les Septante disent lemma, « prise », et Aquila arma, « fardeau », — l’hébreu porte massa, « pesant fardeau », en ce qu’il accablera celle contre laquelle à lieu la vision, et ne lui permettra pas d’élever la tête. Quant à l’addition d’Elcéséen à Nahum, quelques-uns pensent qu’il faut traduire par « Nahum, fils d’Elcésée », et, selon la tradition des Hébreux, c’est le Prophète lui-même qui se serait appelé Nahum Elcésée, alors qu’il y a en Galilée, encore de nos jours, un village d’Elcès, petit village, sans doute, et où quelques ruines indiquent à peine les vestiges des anciens édifices, mais connu toutefois des Juifs, et qui m’a été montré par mon guide en ce pays. Il faut enfin tenir pour, certain que cet « enlèvement », ou ce faix », ou « cet écrasant fardeau », est la vision du Prophète. Il ne parle pas dans l’extase, comme le prétendent, dans leur délire, Montanus et Prisca Maximilla ; ce qu’il prophétise est le livre d’un voyant qui comprend tout ce qu’il dit et qui fait voir à son peuple le fardeau sous lequel seront écrasés les ennemis. Par conséquent, ô Paule et Eustochium, cette prophétie a pour sujet la consommation du monde, pour la consolation des saints, afin que tout ce qu’ils voient dans le monde, ils le méprisent comme passager et caduc, et qu’ils se préparent au jour du jugement, où le Seigneur sera leur vengeur contre les vrais Assyriens.

LE LIVRE COMMENCE.


« Le Seigneur est un Dieu jaloux et vengeur. » Nah. 1, 1. C’est le cri du Prophète louant Dieu, parce qu’il a vengé l’injure de son peuple contre les Assyriens ; ou bien, dans un sens plus élevé, parce qu’il entend les gémissements de ses saints, et qu’il fait sentir les supplices à leurs adversaires dans la consommation du monde. Il y a une jalousie qui s’entend en bonne part, l’apôtre Paul le montre en ces termes : « Soyez jaloux d’acquérir les dons les meilleurs ; » 1 Co. 12, 31 ; et dans un autre endroit : « J’ai pour vous un amour de jalousie, et d’une jalousie de Dieu ; » 2 Co. 11, 2 ; et le Seigneur lui-mème, dans le Psaume : « J’ai pour votre maison un amour de jalousie qui me dévore ; » Psa. 28, 10 ; et le prophète Elie : « Je brûle d’un amour jaloux pour le Seigneur tout-puissant. Dieu d’Israël. » 1 Ro. 19, 10. L’histoire nous parle aussi du zèle jaloux de Phinéès et de Matthias, Nom. 25, 11 ; 1 Ma. 2, 7 et seqq., et de l’Apôtre de Jésus-Christ, Simon le Zélote, que l’évangéliste Marc appelle Simon le Chananéen. Act. 1, 13 ; Mrc. 3, 18. Le Seigneur est jaloux du salut de ceux qu’il aime