Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/933

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’espace de quatre jours, quelquefois dans un jour, ou même ne durent que quelques heures, ou qu’une heure ; ou tuent sur le champ, comme il arrive quelquefois à l’égard de l’apopléxie, & comme on l’a vû à l’égard de certaines pestes, qui faisoient cesser tout à coup le mouvement du cœur. Il y a d’autres maladies fort aiguës qui ne passent pas sept jours, morbi peracuti. D’autres encore qui sont moins courtes, qu’on appelle simplement aiguës. Morbi acuti qui durent quatorze jours, & s’étendent même quelquefois jusqu’à vingt ; telles sont les fiévres inflammatoires, les fiévres putrides, malignes. En général, plus le progrès de la maladie est rapide & excessif, plus elle est funeste & plus il y a à craindre qu’elle ne devienne mortelle ; une partie de la durée de la maladie est souvent retranchée par la mort. A l’égard de la continuité des maladies, il y en a qui, lorsqu’elles ont commencé affectent sans intervalle, pendant toute leur durée : ce sont les continues, proprement dites, comme la fiévre ardente. D’autres, dont les symptomes cessent & reviennent par intervalles ; ce sont les maladies intermittentes que l’on appelle périodiques, lorsque leur retour est reglé comme la fiévre tierce, quarte ; & erratiques, lorsque leur retour ne suit aucun ordre, comme l’asthme, l’épilepsie : le retour des périodiques continues se nomme redoublement, & dans les intermittentes, accès ; le relâche dans les premieres est connu sous le nom de rémission, & dans les autres sous celui d’intermission. L’ordre des redoublemens ou des accès est appellé le type de la maladie. Voyez Intermittente.

3°. L’intensité des maladies est déterminé, suivant que les lésions des fonctions qui les constituent, sont plus ou moins considérables ; ce qui établit les maladies grandes, ou petites, violentes ou foibles, comme on le dit, de la douleur, d’une attaque de goutte, &c.

4°. Le caractere des maladies se tire de la différente maniere dont les fonctions sont lésées : si les lésions ne portent pas grande atteinte au principe de la vie, que les forces ne soient pas fort abattues, que les coctions & les crises s’operent librement ; elles forment des maladies bénignes. Si la disposition manque à la coction, aux crises par le trop grand abattement, par l’oppression des forces ; les maladies sont dites malignes. Voyez Malignité. Les maladies malignes sont aussi distinguées en vénéneuses, en pestilentielles & en contagieuses. Voyez Venin, Peste, Contact, Contagieux.

5°. Les maladies ne différent pas peu par l’événement ; car les unes se terminent, non-seulement sans avoir causé aucun danger, mais encore de maniere à avoir corrigé de mauvaises dispositions, ce qui les fait regarder comme salutaires ; telles sont pour la plûpart les fiévres éphémeres qui guérissent des rhumes, & même quelques fiévres quartes, qui ont fait cesser des épilepsies habituelles. Les autres sont toujours mortelles, telles que la phthisie, la fiévre hectique confirmée. D’autres sont de nature à être toujours regardées comme dangereuses, & par conséquent douteuses, pour la maniere dont elles peuvent se terminer ; telles sont la pleurésie, la fiévre maligne, &c. Voyez Salutaire, Mortel,Dangereux. Les maladies se terminent en général, par le retour de la santé ou par la mort, ou par quelqu’autre maladie, de trois manieres, ou par solution lente ou par crise, ou par métastase ; ce qui établit encore la distinction des maladies guérissables, comme la fiévre tierce, & des incurables, comme la plûpart des paralysies. Voyez Terminaison, Solution, Crise, Métastase, Mort.

6°. Les différences des maladies qui se tirent du sujet ou de l’individu qui en est affecté, consistent,

en ce qu’elles l’intéressent tout entier, ou seulement quelques-unes de ses parties, ce qui les fait appeller universelles ou particulieres ; qu’elles ont leur siége au-dehors ou au-dedans du corps, ce qui les fait distinguer, comme on l’a déja dit, en externes & internes ; qu’elles sont idiopathiques ou sympathiques, protopathiques ou déutéropathiques ; lorsque la cause de la maladie réside primitivement dans la partie affectée, ou lorsque cette cause a son siége ailleurs que dans la partie affectée, ou lorsque la maladie ne dépend d’aucune autre qui ait précédé, ou lorsqu’elle est l’effet d’un vice qui avoit produit une premiere maladie. Voyez la plûpart de ces différens mots en leur lieu.

7°. Les maladies différent par rapport à leur cause, en ce que les unes sont simples, qui ne dépendent que d’une cause de lésion de fonctions ; les autres composées qui dépendent de plusieurs, les unes sont produites par un vice antérieur à la génération du sujet, & qui en a infecté les principes, morbi congeniti ; les autres sont contractées après la conception, pendant l’incubation utérine & avant la naissance, morbi connati ; les unes & les autres sont établies lors de la naissance, comme la claudication, la gibbosité, qui viennent des parens ou de quelques accidens arrivés dans le sein maternel : les premieres sont héréditaires, les autres sont acquises ou adventices, telles que sont aussi toutes celles qui surviennent dans le cours de la vie. On distingue encore respectivement à la cause des maladies, les unes en vraies ou légitimes, qui sont celles qui ont réellement leur siége dans la partie qui paroît affectée ; telle est la douleur de côté, qui provenant en effet d’une inflammation de la pleure, est appellée pleurésie ; les autres en fausses ou bâtardes ; telle est la douleur rhumatismale des muscles intercostaux externes, qui forme la fausse pleurésie avec bien des apparences de la vraie.

8°. Les maladies different enfin par rapport au lieu où elles paroissent, lorsqu’elles affectent un grand nombre de sujets en même tems, se répandent & dominent avec le même caractere dans un pays plutôt que dans un autre, avec un regne limité ; elles sont appellées maladies épidémiques, c’est-à-dire populaires ; telles sont la petite verole, la rougeole, la dysenterie, les fievres pestilentielles, &c. Lorsqu’elles affectent sans discontinuer un grand nombre de personnes dans un même pays, d’une maniere à-peu-près semblable, elles sont appellées endémiques ; telles sont les écrouelles en Espagne, la peste dans le Levant, &c. Lorsqu’elles ne sont que vaguement répandues en petit nombre, & sans avoir rien de commun entr’elles, au-moins pour la plûpart, c’est ce qu’on appelle maladies sporadiques ; telles sont la pleurésie, la fievre continue, la phthysie, l’hydropisie, la rage, qui peuvent se trouver en même tems dans un même espace de pays. Voyez Epidémique, Endémique, Sporadique.

On peut ajoûter à toutes ces différences accidentelles des maladies, celles qui sont tirées des différentes saisons, où certaines maladies s’établissent, paroissent régner plutôt que d’autres ; telles sont les fiévres intermittentes, dont les unes sont vernales, comme les tierces ; les autres automnales, comme les quartes ; distinction qui renferme toute l’année d’un solstice à l’autre, & qui est importante pour le prognostic & la curation. On ne laisse cependant pas de remarquer dans quelque cas, sur tout par rapport aux maladies aiguës, les maladies d’été & celles d’hiver.

Il y en a de propres aux différens âges, comme la dentition à l’égard des enfans, les croissans aux garçons de l’âge de puberté, les pâles-couleurs aux filles du même âge ; les hémorrhoïdes aux personnes de