L’Encyclopédie/1re édition/CONTACT

◄  CONSUS
CONTAGION  ►

CONTACT, s. m. (Géom.) point de contact, punctum contactûs, est le point où une ligne droite touche une ligne courbe, ou dans lequel deux lignes courbes se touchent.

Angle de contact. Voyez Angle de contingence au mot Contingence.

Contact, (Physiq.) est l’état relatif de deux choses qui se touchent, ou de deux surfaces qui se joignent l’une & l’autre sans laisser d’interstices. Le contact de deux spheres n’est qu’un point, de même que celui de la tangente d’un cercle & de sa circonférence.

Comme il y a peu de surfaces capables de se toucher de toutes parts, & que la cohésion des corps est proportionnelle à leur contact, les corps qui sont capables du plus grand contact, sont ceux qui adherent ensemble le plus fortement. V. Cohésion. (O)

Contact, (Medec.) attouchement ; c’est une des causes externes de quelques maladies très-fâcheuses.

On range le contact parmi les causes extérieures de diverses maladies, parce que par l’attouchement ou la respiration, sorte d’attouchement involontaire, il se fait dans le corps humain l’introduction de matieres morbifiques ou de myasmes contagieux.

Quatre especes de contact peuvent produire les maladies : 1°. la respiration d’un mauvais air : 2°. l’attouchement simple d’une personne mal saine, ou de quelque chose qu’elle aura touché récemment : 3°. le congrès d’une personne saine avec une personne gâtée : 4°. l’attouchement accompagné de piqûure ou de morsure d’animaux vénimeux, comme de la vipere ou d’un animal enragé, &c. La premiere espece de contact donne la peste, le scorbut, &c. La seconde fait naître la gale ou quelque accident analogue. La troisieme occasionne encore la vérole, qu’on me passe ce terme ; il doit être permis au medecin de ne point périphraser par écrit. La quatrieme espece de contact cause l’introduction dans le sang, d’une humeur vénéneuse ou d’un virus hydrophobique.

Plusieurs auteurs sont persuadés que le virus vérolique ne fait point d’impression sur les parties du corps qui sont revêtues de la peau toute entiere, mais seulement sur celles qui en sont dépourvûes, comme le fondement, la vulve, le gland de la verge, la face interne du prépuce, l’intérieur de la bouche, la langue, le fonds du nez, le gosier, & les parties voisines.

Il seroit à souhaiter que cette expérience fût certaine & sans exception ; cependant elle devient très douteuse par quelques attestations contraires, & on en cite de singulieres dans la personne de ceux qui accouchent fréquemment des femmes gâtées. En voici deux exemples particuliers que nous fournit le traducteur françois du traité des maladies vénériennes de Charles Musitan, cet auteur Italien né pour la pratique de ce genre de maladies, qu’il exerça si noblement, & même quoique prêtre, en vertu de la permission du pape Clement IX.

Le premier de ces exemples est celui du sieur Simon, l’un des chirurgiens de l’hôtel-Dieu de Paris, qui fut attaqué d’un ulcere vérolique à l’un de ses doigts, après avoir accouché une de ces femmes de mauvaise vie qui vont faire leurs couches à cet hôpital ; & cet ulcere fut suivi de si fâcheux symptomes, qu’après avoir souffert un traitement de la vérole sans aucun succès, il eut le malheur de périr dans un second traitement. L’autre exemple est celui de madame de la Marche, maîtresse sage-femme de cet hôpital, qui fut attaquée à un de ses doigts d’un semblable ulcere, après avoir fait un accouchement tout pareil, & qui se trouva bientôt toute couverte de pustules véroliques, dont elle ne guérit que par le traitement qui convient à ce mal.

En effet, l’expérience de la communication d’autres maladies par l’attouchement, la connoissance du nombre prodigieux de petits vaisseaux exhalans situés sous toute l’épiderme, la purgation des enfans par de simples frictions extérieures de coloquinte & semblables purgatifs, tout cela rend probable la possibilité des faits qu’on allegue sur cette matiere : & quoique les exemples de ce genre soient des phénomenes très-rares, il peut être cependant quelquefois avantageux aux gens du métier d’en connoître l’existence pour en profiter dans l’occasion, en évitant une conduite téméraire, & en imitant Fabius, qui mettoit l’espérance du salut dans les précautions tendantes à la sûreté ; je dis dans les précautions tendantes à la sûreté, parce qu’il n’est pas plus raisonnable de prendre par terreur panique, ou par foiblesse d’esprit, des précautions inutiles, que de négliger les nécessaires. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.