Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/725

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les bougies, elle répandit des éclairs semblables à ceux qui se font voir en été dans les soirées qui suivent les journées fort chaudes. Cette matiere frottée avec le doigt, y laissoit une empreinte lumineuse. En ayant enfermé quelques petits grains dans un tube de verre bouché avec de la cire d’Espagne, on vit qu’à des intervalles très-courts il en partoit des éclairs. Voyez éphémerides nat. curiosor. decad. I. ann. 8 & 9.

LUMINIERS, s. m. pl. (Jurisprud.) est le nom que l’on donne en quelques endroits aux marguilliers, à cause que ce sont eux qui prennent soin de l’entretien du luminaire de l’église. Ils sont ainsi nommés dans la coutume d’Auvergne, chap. ij. article 7. Voyez Marguilliers.

LUN, s. m. (Botan. exot.) arbrisseau du Chili qu’on trouve à 33d de hauteur du pole austral. La tige de cet arbrisseau s’éleve à huit & dix piés, se divise & se subdivise en branches & en rameaux ; elle est hérissée de piquans fort courts, mais peu pointus : les seules extrémités des tiges & des branches sont garnies de feuilles assez semblables à celles de l’olivier. Les fleurs naissent de l’aisselle des feuilles ; elles sont portées sur un embryon de fruit qui se termine par un calice d’un beau rouge, taillé comme en entonnoir : la partie postérieure est un tuyau, lequel s’évase en un pavillon découpé en cinq lobes. Ce calice renferme une fleur de la même couleur & de la même figure. (D. J.)

LUNA, (Géogr. anc.) ancienne ville & port d’Italie : elle étoit dans l’Etrurie, au bord oriental de la Macra, près de son embouchure ; mais il n’en reste plus que les ruines, qu’on nomme Luna distrutta. Cependant elle a l’honneur de donner encore son nom au canton de la Toscane appellé la Lunégiane. Le port de Luna, Lunæ portus, golfe de la Méditerranée, est, dit Strabon, un très-grand & très-beau port, lequel en renferme plusieurs qui sont tous assez profonds près du rivage. Aussi Silius Italicus parlant de Luna, dit, liv. VIII. v. 482 :

Insignis portus, quo non spatiosior alter,
Innumeras cepisse rates, & claudere pontum.

(D. J.)

LUNAIRE, ou BULBONAC, lunaria, (Botan.) genre de plante à fleur en croix, composée de quatre petales : il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit très-applati, divisé en deux loges par une cloison qui soutient des panneaux membranneux & transversaux. Ce fruit renferme des semences qui ont ordinairement la forme d’un rein & qui sont bordées. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort distingue sept especes de ce genre de plante, qu’il a eu l’honneur d’établir & de caractériser le premier. La principale des especes est celle qu’il appelle lunaria major, siliquâ rotundiore, grande lunaire, à silique arrondie. Cette grande lunaire est nommée vulgairement le bulbonach, la médaille, la satinée, le satin blanc ou passe-satin ; voyez-en la description au mot Bulbonac.

Elle tire son nom de bulbonac de sa racine bulbeuse ; celui de médaille dérive de la rondeur de ses siliques & de leur bord argentin. Le nom de lunaire dépend de la même cause ou de la forme de ses graines ; les noms de satinée, de satin blanc ou de passe-satin viennent de ce que les cosses de cette plante, dans leur maturité, sont transparentes & ressemblent à du satin blanc. Cette transparence est produite par la cloison mitoyenne de ces siliques, laquelle cloison est d’un blanc argenté, très-luisant. Les Anglois connoissent aussi cette espece de lunaire sous le nom de white-satin, & ce sont eux qui m’ont appris l’origine du nom françois.

Mais une chose plus importante, c’est d’avertir le lecteur, que plusieurs de nos botanistes modernes ont nommé lunaires des plantes d’un genre tout différent de celui de Tournefort ; ainsi la lunaire biscutata de quelques-uns est le thlaspidium de Monipellier ; la lunaire peltata des autres est une des especes de Jonthlaspi, la lunaire radiata de Lobel est une sorte de luzerne, &c. (D. J.)

Lunaire, (pierre) (Hist. nat.) lapis lunaris, en allemand monden stein. C’est une pierre qui se trouve, dit-on, dans quelques mines de Suede ; elle est ronde & plate, & lisse d’un côté : on prétendoit y voir des demi-cercles qui représentoient comme une demi-lune d’une couleur jaune, & l’on étoit dans le préjugé de croire que cette tache semblable à la lune, croissoit & décroissoit avec cet astre. Mais Kunckel assure n’avoir jamais remarqué ce phénomene, & dit que la tache restoit toujours dans le même état, quoique cependant l’humidité de l’air contribuât quelquefois à rendre cette tache plus apparente, effet que l’on pouvoit produire, même en poussant l’haleine sur cette pierre.

On a encore donné le nom de pierre lunaire au talc, à la sélenite, à la pierre spéculaire, &c. Voyez éphémerides natur. curios. decad. III. ann. v. & vj.

Lunaire, adj. (Astron.) se dit de ce qui appartient à la lune. Voyez Lune.

Les mois périodiques lunaires sont de 27 jours 7 heures & quelques minutes.

Les mois synodiques lunaires sont de 29 jours 12 heures . Voyez Lunaison & Synodique.

L’année lunaire est de 354 jours. Voyez Année.

Dans les premiers âges, toutes les nations se servoient de l’année lunaire. Ces variétés du cours de de la lune étant plus fréquentes & par conséquent mieux connues aux hommes que celles de toutes les autres planetes, les Romains réglerent leurs années par la lune jusques au tems de Jules Cesar. Voyez An & Calendrier.

Les Juifs avoient aussi leur mois lunaire. Quelques rabins prétendent que le mois lunaire ne commençoit pas au premier moment où la lune paroissoit, mais qu’il y avoit une loi qui obligeoit la premiere personne qui la verroit paroître, d’en aller avertir le sanhedrin : sur quoi le président du sanhedrin prononçoit solemnellement que le mois étoit commencé, & on en donnoit avis au peuple par des feux qu’on allumoit au haut des montagnes ; mais ce fait ne paroît pas trop certain. Chambers.

Cadran lunaire. Voyez Cadran.

Eclipse lunaire. Voyez Eclipse.

Arc-en-ciel lunaire. Voyez Arc-en-ciel.

LUNAISON, s. f. (Astron.) période ou espace de tems compris entre deux nouvelles lunes consécutives. Voyez Lune.

La lunaison est aussi nommée mois synodique, & elle est composée de 29 jours 12 heures . Voyez Mois, &c.

La lunaison est fort différente de l’espace de tems que la lune met à faire sa révolution autour de la terre ; car cet espace de tems qu’on appelle mois périodique lunaire, est de 27 jours 7 heures 43 sec. plus court d’environ 2 jours que la lunaison. Voyez la raison de cette différence à l’article Lune.

Après 19 ans, les mêmes lunaisons reviennent au même jour, mais non pas au même instant du jour ; y ayant au contraire une différence d’une heure 25 minutes 33 secondes ; en quoi les anciens étoient tombes dans l’erreur, croyant le nombre d’or plus sûr & plus infaillible qu’il n’est. Voyez Nombre d’or, Méthonique, Épacte, & Calendrier. Voyez aussi Saros.

On a trouvé depuis qu’en 312 ans les lunaisons avancent d’un jour sur le commencement du mois ;