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a produit jusqu’à présent, le mercure essuyeroit enfin le même sort que l’esprit-de-vin, long-tems cru inconcrescible, & dont la liquidité trouva son terme fatal à un degré de chaleur encore bien supérieur au moindre degré connu. On peut poursuivre la même analogie jusque sur l’air. Il est très-vraissemblable qu’il est des degrés possibles de froid, qui le convertiroient premierement en liqueur, & secondement en glace ou corps solide. Voyez l’article Froid, Physique, à l’en droit déja cité.

La liquidité empruntée est celle qui est procurée aux corps concrets sous une certaine température, par l’action d’un autre corps qui est liquide sous la même température, c’est-à-dire, par un menstrue à un corps soluble. Voyez Menstrue.

C’est ainsi que les corps qui ne pourroient couler par leur propre constitution qu’à l’aide d’un extrème degré de chaleur, comme la chaux, par exemple, peuvent partager la liquidité d’un corps qui n’a besoin pour être liquide, que d’être échauffé par la température ordinaire de notre athmosphere ; le vinaigre par exemple.

Tous les liquides aqueux composés & chimiquement homogenes, tels que tous les esprits acides & alkalis, les esprits fermentés, les sucs animaux & végétaux, & même sans en excepter les huiles, selon l’idée de Becher, ne coulent que par la liquidité qu’ils empruntent de l’eau ; car il est évident, en exceptant cependant les huiles de l’extrème évidence, que c’est l’eau qui fait la vraie base de toutes ces liqueurs, & que les différens principes étrangers qui l’impregnent ne jouissent que de la liquidité qu’ils lui empruntent. Il est connu que plusieurs de ces principes, les alkalis, par exemple, & peut-être l’acide vitriolique (voyez sous le mot Vitriol) sont naturellement concrets au degré de chaleur qui les fait couler lorsqu’ils sont réduits en liqueur, c’est-à-dire dissous dans l’eau. On se représente facilement cet état de liquidité empruntée dans les corps où l’eau se manifeste par sa liquidité spontanée, c’est-à-dire dûe à la chaleur naturelle de l’athmosphere ; mais on ne s’apperçoit pas si aisément que ce phénomene est le même dans certains corps concrets auxquels on procure la liquidité par une chaleur artificielle très-inférieure à celle qui seroit nécessaire pour procurer à ce corps une fluidité immédiate. Certains sels, par exemple, comme le nître & le vitriol de mer crystallisés, coulent sur le feu à une chaleur legere & avant que de rougir, & on peut même facilement porter cet état jusqu’à l’ébullition : mais c’est-là une liquidité empruntée ; ils la doivent à l’eau qu’ils retiennent dans leurs crystaux, & que les Chimistes appellent eau de crystallisation. Ils ne sont susceptibles par eux-mêmes que de la liquidité ignée, & même, à proprement parler, le vitriol qui coule si aisément au moyen de la liquidité qu’il emprunte de son eau de crystallisation, est véritablement infusible sans elle, puisqu’il n’est pas fixe, c’est-à-dire qu’il se décompose au grand feu plûtôt que de couler. Quant au nitre, lorsqu’il est calciné, c’est-à-dire privé de son eau de crystallisation, il est encore fusible, mais il demande pour être liquefié, pour couler d’une liquidité propre & primitive, un degré de chaleur bien supérieur à celui qui le fait couler de la liquidité empruntée ; il ne coule par lui-même qu’en rougissant, en prenant le véritable état d’ignition. Voyez Ignition.

C’est par la considération de l’influence de l’eau dans la production de tant de liquidités empruntées, que les Chimistes l’ont regardée comme le liquide par excellence. (b)

LIRE, v. act. (Gramm.) c’est trouver les sons de la voix attachés à chaque caractere & à chaque combinaison des caracteres ou de l’écriture ou de la musique ; car on dit lire l’écriture & lire la musique. Voyez

l’art. Lecture. Il se prend au physique & au moral, & l’on dit lire le grec, l’arabe, l’hébreu, le françois, & lire dans le cœur des hommes. Voyez à l’article Lecture les autres acceptions de ce mot.

Lire, chez les ouvriers en étoffes de soie, en gase, c’est déterminer sur le semple les cordes qui doivent être tirées pour former sur l’étoffe ou la gase le dessein donné. Voyez l’article Soirie.

Lire sur le plomb, (Imprimerie.) c’est lire sur l’œil du caractere le contenu d’une page ou d’une forme. Il est de la prudence d’un Compositeur de relire sa ligne sur le plomb lorsqu’elle est formée dans son composteur, avant de la justifier & de la mettre dans la galée.

Lire ou LIERE, (Géogr.) mais en écrivant Liere, on prononce Lire ; ville des Pays-Bas autrichiens dans le Brabant, au quartier d’Anvers, sur la Nethe, à 2 lieues de Malines & 3 d’Anvers. Cet endroit seroit bien ancien si c’étoit le même que Ledus ou Ledo, marqué dans la division du royaume de Lothaire, l’an 876 ; mais c’est une chose fort douteuse : on ne voit point que Lire ait été fondée avant le xiij. siecle. Long. 22. 11. lat. 51. 9.

Nicolas de Lyre ou Lyranus, religieux de l’ordre de saint François dans le xjv. siecle, & connu par de petits commentaires rabbiniques sur la Bible, dont la meilleure édition parut à Lyon en 1590, n’étoit pas natif de Lire en Brabant, comme plusieurs l’ont écrit, mais de Lire, bourg du diocèse d’Evreux en Normandie. On a prétendu qu’il étoit juif de naissance, mais on ne l’a jamais prouvé.

LIRIS, (Géogr.) c’est le nom latin de la riviere du royaume de Naples, que les Italiens nomment Garigliano. Voyez Garillan.

LIRON, (Géogr.) petite riviere de France en Languedoc ; elle a sa source dans les montagnes, au couchant de Gazouls, & se perd dans l’Orb à Beziers. (D. J.)

LIS, lilium, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante dont la fleur forme une espece de cloche. Elle est composée de six pétales plus ou moins rabattues en dehors ; il y a au milieu un pistil qui devient dans la suite un fruit oblong ordinairement triangulaire & divisé en trois loges. Il renferme des semences bordées d’une aîle & posées en double rang les unes sur les autres. Ajoutez aux caracteres de ce genre la racine bulbeuse & composée de plusieurs écailles charnues qui sont attachées à un axe. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lis-asfodele, lilio asphodelus, genre de plante à fleur liliacée monopétale ; la partie inférieure de cette fleur a la forme d’un tuyau, la partie supérieure est divisée en six parties. Il sort du fond de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit presqu’ovoïde, qui a cependant trois côtes longitudinales ; il est divisé en trois loges & rempli de semences arrondies. Ajoutez à ces caracteres que les racines ressemblent à des navets. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lis blanc, (Botan.) c’est la plus commune des 46 especes de Tournefort du genre de plante qu’on nomme lis. Cette espece mérite donc une description particuliere. Les Botanistes nomment le lis blanc lilium album vulgare, J. Bauh. 2. 685. Tournefort, I. R. H. 369. lilium album, flore erecto, C. B. P. 76.

Sa racine est bulbeuse, composée de plusieurs écailles charnues, unies ensemble, attachées à un pivot, & ayant en dessous quelques fibres. Sa tige est unique, cylindrique, droite, haute d’une coudée & demie, garnie depuis le bas jusqu’au sommet de feuilles sans queues, oblongues, un peu larges, charnues, lisses, luisantes, d’un verd-clair, plus petites & plus étroites insensiblement vers le haut, & d’une odeur qui approche du mouton bouilli quand on les frotte entre les doigts. Ses fleurs ne se déve-