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qui sont excitées par quelque affection de l’ame, n’indiquent rien d’absurde, ουδενατοπον. Aphor. 52. lib. IV. Et en outre pour que le larmoiement soit un signe fâcheux, il faut qu’il paroisse dans un tems à critique ; car, lorsqu’on l’observe pendant les jours destinés aux efforts critiques, il est l’avant-coureur & le signe d’une hémorragie du nez prochaine, qui sera salutaire & indicatoire, sur-tout si les autres signes conspirent.

Lorsque le larmoiement se rencontre au commencement d’une fievre aiguë avec des nausées, vomissement, mal de tête, douleurs dans les reins, &c. sur-tout dans des enfans, c’est un signe assez certain que la rougeole va paroître. Ce symptome ne s’observe que très-rarement, quand l’éruption varioleuse se prépare. On ignore quelle est la liaison entre ces deux effets, & par quel méchanisme l’un précede aussi ordinairement l’autre ; & ce n’est pas le seul cas en Médecine, où la conjecture ne puisse pas même avoir lieu. (m)

LARNUM, (Géogr. anc.) riviere de l’Espagne Tarragonoise, selon Pline, l. III. c. iij. Cette riviere se nomme présentement Tornera. (D. J.)

LARRONS, s. m. (Hist. anc.) en latin latro. C’étoient originairement des braves, qu’on engageoit par argent ; ceux qui les avoient engagés les tenoient à leurs côtés ; de-là ils furent appellés laterones, & par ellipse latrones. Mais la corruption se mit bientôt dans ces troupes ; ils pillerent, ils volerent, & latro se dit pour voleur de grand chemin. Il y en avoit beaucoup au tems de Jesus-Christ ; ils avoient leur retraite dans les rochers de la Trachonite, d’où Hérode eut beaucoup de peine de les déloger. Les environs de Rome en étoient aussi infestés. On appella latrones ceux qui attaquoient les passans avec des armes ; grassatores ceux qui ne se servoient que de leurs poings.

Larron, (Jardinage.) est une branche gourmande. Voyez Gourmand.

Larron, terme d’Imprimerie, c’est un pli qui se trouve dans une feuille de papier, lequel, quand les Imprimeurs n’ont pas soin de l’ôter avant que la feuille passe sous la presse, cause une défectuosité qui se manifeste lorsqu’on donne à cette feuille son étendue naturelle, par un blanc déplacé, ou interruption d’impression ; les Imprimeurs entendent aussi par larron le même effet, produit par un petit morceau de papier qui se trouve sur la feuille qu’ils impriment, & qui vient à se détacher au sortir de la presse, ce cas est même plus fréquent que le premier.

Larrons les îles des, (Géogr.) voyez Marianes îles.

Larves, s. m. pl. (Mythol.) c’étoient, dans le sentiment des anciens Romains, les ames des méchans qui erroient çà & là, pour effrayer & tourmenter les vivans ; larva signifie proprement un masque ; & comme autrefois on les faisoit si grotesques, qu’ils épouvantoient les enfans : on s’est servi de ce nom pour désigner les mauvais génies, que l’on croyoit capables de nuire aux hommes. On les appelloit autrement lémures. Voyez Lémures, Lémuries, Lares, Lutins & Génies.

LARYMNA, (Géogr. anc.) ville maritime de Grece dans la Béotie, à l’embouchure du Céphise, selon Pausanias. Comme elle étoit aux confins de la Locride & de la Béotie, Strabon en a fait deux villes au bord de la mer, l’une en Locride, & l’autre en Béotie. Il est vrai cependant qu’il y avoit deux Larymnes, mais l’une étoit dans les terres près du lac Copaïde, & l’autre au bord de la mer. (D. J.)

LARYNGÉE, en Anatomie, nom d’une artere produite par la carotide externe. Voyez Carotide.

Elle se distribue aux larynx, aux glandes thyroï-

des, au pharynx, & produit quelquefois l’artere épineuse, &c. on la nomme aussi gutturale supérieure. Voyez Gutturale.

LARYNGOTOMIE, en Chirurgie, est une incision à la trachée artere entre deux de ses anneaux, pour donner passage à l’air lorsqu’il y a danger de suffocation par une esquinancie ou autre cause que ce soit. Voyez Angine & Esquinancie. Le mot est grec λαρυγγοτομια, formé de λαρυγξ, larynx, & de τεμνω, je coupe.

La laryngotomie est la même chose que la bronchotomie. Voy. Bronchotomie & Trachéotomie. (Y)

LARYNX, s. m. en Anatomie est la partie supérieure ou la tête de la trachée artere. Il est situé au-dessous de la racine de la langue, & devant le pharynx. Voyez Trachée artere.

Le larynx est un des organes de la respiration, & le principal instrument de la voix. Voyez Respiration, &c.

Il est presque entierement cartilagineux, & il doit être toûjours ouvert pour donner passage à l’air dans l’inspiration & l’expiration. Sa figure est circulaire, quoiqu’il s’avance un peu antérieurement ; il est légerement applati par-derriere, pour ne pas incommoder l’œsophage sur lequel il se trouve placé.

Le larynx est d’un différent diametre, suivant les divers âges. Dans les jeunes gens il est étroit : de-là vient qu’ils ont une voix aiguë. Dans un âge plus avancé, il est plus ample, ce qui rend la voix plus grosse & plus forte. Dans les hommes il est plus grand que dans les femmes ; c’est pourquoi la voix des hommes est plus grave que celle des femmes.

Il paroît moins dans les femmes, parce que les glandes situées à sa partie inférieure sont plus grosses dans les femmes que dans les hommes. V. Voix.

Le larynx se meut dans le tems de la déglutition. Lorsque l’œsophage s’abaisse pour recevoir les alimens, le larynx s’éleve pour les comprimer & les faire descendre plus aisément. Voy. Déglutition.

Le larynx est composé de cinq sortes de parties, savoir de cartilages, de muscles, de membranes, de nerfs & de glandes. Les cartilages sont le thyroïde, le cricoïde, l’aryténoïde & l’épiglotte ; par le moyen desquels il peut aisément s’élargir & se resserrer, se fermer & s’ouvrir. Ces cartilages forment tout le corps du larynx ; ils se sechent & se durcissent à mesure que l’on devient vieux ; & alors le larynx paroît quelquefois osseux.

Le plus grand des cartilages est le thyroïde ou scutiforme ; il est situé à la partie antérieure du larynx ; & il est ainsi nommé à cause de la ressemblance qu’on lui suppose avec un bouclier. Il est concave & convexe, & de figure quarrée ; sa partie concave est tournée en-dedans, & sa partie convexe en-dehors, ayant dans son milieu une petite éminence appellée pomme d’Adam, comme si un morceau du fruit défendu s’étoit arrêté dans le gosier d’Adam, & avoit causé cette élévation.

Le second cartilage s’appelle cricoïde ou annulaire, à cause de sa ressemblance avec un anneau ; il est fort étroit à sa partie antérieure qui est placée sous le cartilage cricoïde ; mais il est large, épais & fort à sa partie postérieure, étant comme la base des autres cartilages.

Le troisieme & le quatrieme se nomment aryténoïdes, parce qu’étant joints ensemble ils ressemblent à une espece d’aiguiere. À leur jonction est une petite ouverture ou fente en forme d’une petite langue, & qui à cause de cela est appellée glotte. C’est par cette fente que l’air descend dans les poumons, & que sort la pituite que l’on crache dans les rhumes en toussant. Elle sert aussi à modifier la voix, & on l’imite dans les flûtes & les tuyaux d’orgue. Voyez Glotte.