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M. de Garengeot a fait un traité sur les instrumens de Chirurgie, le premier qui ait paru depuis l’arsenal de Scultet. Il en donne des connoissances très distinctes, en entrant dans la discussion de toutes leurs parties ; il s’attache principalement aux circonstances propres à en faire connoître le jeu ; il déduit la construction & la régularité de leurs dimensions, & enseigne la meilleure maniere de s’en servir, en parlant de leurs usages. Les figures en taille-douce rendent toutes ces applications fort intelligibles pour les jeunes chirurgiens qui ne peuvent être trop au fait de la matiere instrumentale. (Y)

Intrumens, (Chimie.) L’attirail chimique, l’assortiment des meubles du laboratoire, supellex chimica, est formé par la provision convenable de fourneaux, de vaisseaux, & de quelques autres ustensiles de différens genres, qui servent aux opérations mécaniques, préparatoires ou subsidiaires, à manier ou à soutenir les vaisseaux, ou enfin à procurer diverses commodités à l’artiste.

Les instrumens de cette derniere division n’ont point de nom classique ; renvoyant donc aux articles Fourneau & Vaisseaux (Chimie), pour les deux premieres divisions, nous nous bornerons à donner dans celui-ci une idée des instrumens que nous rangeons sous la troisieme.

Les opérations que nous appellons mécaniques, sont celles qui se bornent à diviser les masses des corps, ou à en rassembler les parties, & à déplacer ou agiter diversement les sujets chimiques par des actions mécaniques. Telles sont l’action de les limer, de les raper, de les piler, de les laminer, grenail ler, former en lingots, en trochisques, jetter en moule ; de les détacher, en ratissant, d’un vaisseau auquel ils adherent, de les projetter, d’en ramasser des poudres, de remuer un corps qu’on veut fondre ou dissoudre ; séparer une poudre d’une liqueur où elle n’étoit pas dissoute, &c. Voyez Opérations, Chimie. Ces opérations exigent donc que le chimiste soit pourvu de hachoirs, de ciseaux, de limes, de rapes, de pilons & mortiers, de tamis, de laminoirs, de granulatoires, de houssoirs, de pates de lievre, de lingotieres, de ratissoirs, de cuillieres, de spatules, de verges de fer, de filtres, &c.

Les instrumens qui servent à manier les vaisseaux qu’on ne sauroit toucher avec les mains, sont les pincettes de différentes especes ; les outils appellés mains, des torchons, du gros papier, &c. Ceux qui servent à les soutenir sont les supports de toutes les façons, & des especes de tourteaux de paille, de jonc ou d’osier, appellés valets.

Enfin les instrumens qui ne font que procurer diverses commodités aux artistes, sont les pincettes, les pelles, & les capsules de fer qui leur servent à manier le charbon & à le placer dans les fourneaux, les bancs & les carrelets à soutenir des filtres ; les anneaux de fer qu’on rougit pour couper les cols de certains vaisseaux ; les soufflets, les écrans à fenêtre, & les vers colorés pour regarder des matieres sujettes à éclater, & vivement embrasées ; les pinceaux à étendre certains luts, les éponges & autres matieres propres à nettoyer les vaisseaux, &c. Les divers thermometres & pyrometres, qu’on pourroit être tenté de regarder comme des moyens très propres à déterminer avec justesse les différens degrès de feu, ne sauroient être mis au nombre des instrumens chimiques. Voyez Feu, Chimie.

Outre ces instrumens qui, bien que communs pour la plupart à differens arts, sont pourtant d’un usage immédiat & prochain dans la pratique de la Chimie ; il y en d’autres qui, quoique d’un emploi plus éloigné, sont absolument nécessaires à l’artiste. Comme il doit, par exemple déterminer avec jus-

tesse & par le poids, autant qu’il est possible, les

quantités absolues, mais plus encore les quantités proportionnelles ou respectives des différentes matieres qu’il met en œuvre ; le laboratoire doit être nécessairement meublé de balances de toutes les grandeurs, & de poids proportionnés.

Les luts qui ne sont pas communément compris sous la dénomination d’instrument chimique, méritent pourtant d’y être rapportés, & d’être regardés comme un espece de supplément ou d’appendix des vaisseaux, soit qu’ils soient employés à les cuirasser, soit qu’ils servent à les unir. Voyez Lut & Vaisseau.

Au reste il y a dans ce dictionnaire des articles particuliers pour tous les instrumens que nous venons de nommer, & même pour quelques autres pour ainsi dire moins techniques, ou d’un usage moins commun, dont nous n’avons pas cru devoir faire mention dans cet article, que nous avons destiné seulement à donner une idée générale, & composée du gros de cet attirail chimique qu’on peut regarder comme subalterne, en le comparant aux fourneaux & aux vaisseaux.

Il faut se souvenir aussi qu’il n’est ici question que des instrumens de la Chimie philosophique ou expérimentale. Les différentes branches de la Chimie pratique, ou les différens arts chimiques en ont chacun quelques-uns qui leur sont propres, & que le chimiste philosophe ne transporte dans son laboratoire, & ordinairement en petits, que quand il y veut répéter & étudier les procédés propres à ces arts. On trouvera la liste de ces instrumens particuliers dans les articles destinés à ces arts, par exemple à l’article Docimastique, à l’article Métallurgie, &c.

On emploie dans le langage philosophique de la chimie moderne le mot instrument dans un sens bien différent de celui que nous venons de lui donner. Il est en usage comme synonyme d’agent, de cause, de principe. C’est dans ce sens que les premiers principes ou élémens des corps, sont appellés instrumens actifs, universels & primitifs, & que j’ai dit d’une maniere beaucoup plus précise, ce me semble, que les deux agens ou instrumens véritablement premiers & universels des chimistes, étoient le feu ou la chaleur & les menstrues. Voyez l’article Chimie, Feu & Menstrue. (b)

Instrumens Docimastiques. Les essayeurs appellent ainsi des petits parallélipipedes de terre cuite, qu’ils placent diversement dans les mouffles du fourneau de coupelle, pour gouverner plus exactement le feu employé aux essais. Voyez Essai. Ces instrumens sont sur-tout nécessaires, lorsqu’on se sert, comme dans quelques endroits de l’Allemagne, de mouffles percées de grands trous. Les mouffles percées de petits trous d’une ligne, ou d’une ligne & demie de diametre, sont plus commodes, principalement en ce qu’elles dispensent de l’emploi de ces instrumens, qui est difficile pour ceux qui ne sont pas dans l’habitude de les manier. (b)

Instrument, (Art mécanique.) il s’étend à tous les outils, dont un ouvrier se sert pour faire plus facilement son ouvrage. Ce détail tient une grande place dans ce Dictionnaire, & fournira un grand nombre de Planches.

* Instrumens, (Musiq. & Luth.) ce sont des machines inventées & disposées par l’art du luthier pour exprimer les sons au défaut des voix, ou pour imiter la voix naturelle de l’homme. La musique composée pour être exécutée sur ces sortes de machines, se nomme instrumentale. On range ordinairement ces instrumens sous trois classes, savoir, 1°. les instrumens à cordes : ils en ont plusieurs que l’on fait raisonner ou avec les doigts comme le luth,