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INSOLATION, (Chimie.) insolatio, heliosis, digestion exécutée à la chaleur du soleil. Voyez Digestion.

Quelques chimistes ont cru que le soleil agissoit dans cette opération par une vraie influence matérielle ; quelques autres plus circonspects ont pensé qu’il n’agissoit que par la chaleur, & que l’insolation ne différoit en rien de la digestion au bain-marie ou à l’étuve, tout étant d’ailleurs égal. Ce dernier sentiment est aujourd’hui le dominant & le plus vraissemblable : la corporification des rayons du soleil n’est pourtant point une opinion dépourvue de tout motif de probabilité. Voyez Phlogistique. (b)

* INSOLENT, (Gramm.) qui se croit & ne cache point qu’il se croit plus grand que les autres. Un sauvage ni un philosophe ne sçauroient être insolens. Le sauvage ne voit autour de lui que ses égaux. Le philosophe ne sent pas sa supériorité sur les autres, sans les plaindre, & il s’occupe à descendre modestement jusqu’à eux. Quel est donc l’homme insolent ? c’est celui qui dans la société a des meubles & des équipages, & qui raisonne à peu près ainsi. J’ai cent mille écus de rente ; les dix-neuf vingtiemes des hommes n’ont pas mille écus, les autres n’ont rien. Les premiers sont donc à mille degrés au-dessous de moi ; le reste en est à une distance infinie. D’après ce calcul il manque d’égards à tout le monde, de peur d’en accorder à quelqu’un. Il se fait mépriser & haïr ; mais qu’est ce cela lui fait ? sacram metiente viam cum bis ter ulnarum togâ, la queue de sa robe n’en est pas moins ample : voilà l’insolence financiere ou magistrale. Il y a l’insolence de la grandeur ; l’insolence littéraire. Toutes consistent à exagérer les avantages de son état, & à les faire valoir d’une maniere outrageante pour les autres. Un homme supérieur qui illustre son état, ne songe pas à s’en glorifier, c’est la pauvre ressource des subalternes.

INSOLITE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui n’est point accoutumé. Une clause insolite est celle qui est singuliere & contre l’usage ordinaire ; une dîme insolite est celle qui, suivant l’usage commun, n’est point dûe. (A)

INSOLVABILITÉ, (Jurisprud.) c’est lorsque tous les biens meubles & immeubles du débiteur ne suffisent pas pour payer ses dettes. Voyez Contribution, Déconfiture. (A)

INSOLVABLE, adj. (Jurisprud.) se dit d’un débiteur dont tous les biens ne suffisent pas pour payer ses dettes. Discuter un homme jusqu’à le rendre insolvable, c’est épuiser tous ses biens. (A)

INSOLUBILITÉ & INSOLUBLE, (Chimie.) l’insolubilité est la propriété d’un corps incapable d’être dissout, ou ce qui est la même chose, résistant invinciblement à l’action menstruelle. Voyez Menstrue.

Cette propriété, ainsi que la propriété opposée à la solubilité, voyez Soluble, ne doit être considérée que dans les corps homogènes & inorganisés, ou dans les vrais aggrégés chimiques, les métaux, les sels, les pierres & terres simples, les verres, &c. Voyez l’article Chimie au commencement ; car une masse formée par la confusion de plusieurs substances hétérogènes, est de sa nature hors de la sphere des corps, dont les chimistes considerent les affinités & les diffinités, & les corps organisés, comme tels, sont aussi des objets non-chimiques.

Ainsi, quoique les corps de ces deux ordres soient de leur nature véritablement & absolument insolubles ; ce n’est pas de l’insolubilité de ces sujets que la Chimie s’occupe ; & c’est même principalement parce qu’ils sont invinciblement insolubles : car comme cette propriété dérobe les sujets qui en sont doués à la plus grande partie des opérations, & par conséquent des recherches chimiques ; & que le grand

but de la Chimie, à l’égard des corps qu’elle a trouvés jusqu’a présent insolubles, est de parvenir enfin à les dissoudre ; il est clair qu’elle ne doit compter parmi ses objets que les corps qui sont constitués de façon à ne pas exclure, par leur nature ou essentiellement, l’espoir de les rendre solubles, ou ce qui est la même chose, qui sont essentiellement analogues à d’autres substances déjà reconnues solubles : or c’est dans l’ordre des vrais aggrégés chimiques seulement que se trouvent les substances vraiment solubles.

Il y a, ou du moins on peut concevoir une insolubilité absolue, & une insolubilité relative. La premiere seroit celle d’un corps qu’aucun menstrue, de quelque façon & sous quelque forme qu’il fût appliqué, & de quelque degré de feu qu’il fût animé, ne sauroit attaquer. L’insolubilité relative est celle d’un corps, par rapport à un certain menstrue seulement.

La Chimie ne connoît plus d’insolubilité absolue dans les objets propres ; il n’en est aucun qu’elle ne sache véritablement combiner avec une autre substance. Les pierres & les terres ont été les dernieres substances que l’art ait parvenu à dissoudre ou combiner ; mais enfin il n’en est plus aucune qui n’ait trouvé un dissolvant dans les divers mélanges que le célebre M. Pott a tentés, ensorte qu’il n’est point de substance terreuse qui ne soit soluble par quelque sel, par quelque substance métallique, ou par quelque autre substance terreuse, soit terre proprement dite, soit pierre. Voyez Terre & Pierre.

L’insolubilité relative reside dans tous les sujets chimiques, aussi-bien qu’une solubilité relative, ou pour mieux dire, ne faisant qu’une seule propriété avec cette derniere ; c’est-à-dire, que tout sujet chimique est soluble par tout menstrue approprié, & est insoluble par tout menstrue anomale : car un alkahest, ou une substance combinable avec tous les sujets chimiques quelconques (en ne lui accordant même que cette propriété), est du moins jusqu’à présent un être chimérique. Ces expressions sont familieres dans le langage chimique ; la résine est insoluble par l’eau, la gomme est insoluble par l’huile, l’or par l’eau forte, la glaise pure par les acides, &c.

Nous exposerons la théorie de la solubilité & de l’insolubilité à l’art. Rapport, Chimie. Voyez aussi Solubilité & Menstrue. (b)

INSOMNIE, (Medec.) voyez Veille.

Insomnie, fébrile, (Medec.) affection morbifique, qui dans le cours de la fievre tient le malade éveillé, & suspend le sommeil dont il a besoin. Cette affection est l’opposé du coma fébrile, c’est-à-dire de l’envie continuelle de dormir, avec ou sans effet.

Il paroît que l’insomnie fébrile procede sur-tout des commencemens d’une légere inflammation du cerveau, qui venant à s’augmenter, la fait dégénérer en coma, en délire, en convulsions, & en plusieurs autres accidens très-dangereux. Il importe donc de travailler à dissiper promptement l’inflammation commençante du cerveau, & à en arrêter les progrès.

On y parviendra par la saignée, les diluans, les atténuans, les relâchans, les remedes propres à diminuer la force, la quantité des humeurs de la circulation, & à les détourner de la tête. On recommande à cet effet les boissons légeres du petit lait, d’orge, d’avoine, de riz & autres semblables. On conseille les alimens, les médicamens farineux, un peu huileux, émolliens, humectans, adoucissans. Ils conviennent en effet, parce qu’ils humectent par leur lenteur farineuse ; ils adoucissent l’acrimonie par leurs parties huileuses, & ils nourrissent en même tems. Telles sont les décoctions d’orge & d’avoi-