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assemblée ecclésiastique. Voyez Puritains.

Ils prétendent que chaque église ou congrégation particuliere, comme ils parlent, a en elle-même radicalement & essentiellement tout ce qui est nécessaire pour sa conduite & pour son gouvernement ; qu’elle a toute la puissance ecclésiastique & toute la jurisdiction, & qu’elle n’est point sujette à une ou plusieurs églises, ni à leurs députés, ni à leurs assemblées, ni à leurs synodes, non plus qu’à aucun évêque.

Quoique les indépendans ne croyent pas qu’il soit nécessaire d’assembler des synodes, ils disent que si l’on en tient, on doit considérer leurs résolutions comme des conseils d’hommes sages & prudens, auxquels on peut déférer, & non comme des décisions auxquelles on soit obligé d’obéir. Voyez Synode, Concile, &c.

Ils conviennent qu’une ou plusieurs églises peuvent aider une autre église de leurs conseils & de leurs secours ; la reprendre même lorsqu’elle péche, pourvû qu’elle ne s’attribue point le droit d’une autorité supérieure qui ait le pouvoir d’excommunier.

Dans les matieres de foi & de doctrine les indépendans sont entierement d’accord avec les réformés, & leur indépendance regarde plutôt la politique & la discipline, que le fond de la religion. Voyez Calvinisme.

Durant les guerres civiles d’Angleterre, les indépendans étant devenus le parti le plus puissant, presque toutes les sectes contraires à l’église anglicane se joignirent à eux, ce qui fait qu’on les distingue en deux sectes.

Les premiers sont Presbytériens, & n’en different qu’en matiere de discipline. Les autres que M. Spanheim appelle faux indépendans, sont un amas confus d’Anabaptistes, de Sociniens, d’Antinomes, de Familiaristes, de libertins, &c. Voy. Presbytériens, Antinomes, &c.

Voici ce que dit le P. d’Orléans de l’origine de cette secte. Du sein même de cette secte étoit née depuis quelque tems, sous prétexte d’une plus grande réforme, une autre secte non-seulement ennemie du roi, mais de la royauté qu’elle entreprit d’abolir tout à-fait, pour former une république, au gouvernement de laquelle chacun pût avoir part à son tour. On ne peut dire précisément quand cet étrange dessein fut formé par la secte des indépendans ; c’est le nom qu’on avoit donné à la secte dont il s’agit, sur ce que faisant profession de porter la liberté évangélique encore plus loin que les Puritains, non-seulement elle ne vouloit point d’évêques, mais elle rejettoit même les synodes, prétendant que chaque assemblée devoit se gouverner elle même indépendamment de toute autre, & faisant consister en cela la liberté des enfans de Dieu.

D’abord on n’avoit distingué ces nouveaux sectaires entre les Presbytériens, que comme on distingue les fervens des tiedes, & les parfaits des relâchés, par un plus grand éloignement des pompes & des prééminences, soit dans l’église, soit dans l’état, par un plus grand zele à réduire la pratique de l’évangile à sa plus grande pureté. Leur maxime sur l’indépendance les fit distinguer en leur faisant donner un nom, & les rendit suspects aux autres ; mais ils eurent assez d’adresse & d’artifice pour avancer leurs affaires, & pour faire un grand nombre de prosélites.

L’indépendantisme ne subsiste qu’en Angleterre, dans les colonies angloises & dans les Provinces-unies. Un nommé Morel voulut l’introduire en France dans le xvj. siecle, mais le synode de la Rochelle où présidoit Beze, & celui de Charenton en 1644, condamnerent cette erreur. Dictionnaire de Trévoux.

INDÉTERMINÉ, adj. (Mathémat.) se dit d’une quantité ou chose qui n’a point de bornes certaines & prescrites.

On appelle, en Mathématiques, quantités indéterminées ou variables, celles qui peuvent changer de grandeur, par opposition aux quantités données & constantes, dont la grandeur reste toûjours la même ; dans une parabole, par exemple, les co-ordonnées x & y sont des indéterminées, & le parametre est une quantité constante. (O)

Un problème indéterminé est celui dont on peut donner un nombre infini de solutions différentes. Voyez Problème, Courbe, Lieu, &c.

On demande, par exemple, un nombre qui soit multiple de 4 & de 5 ; ce nombre peut être 20, 40, 60, &c. à l’infini, & ainsi du reste.

On regarde ordinairement un problème comme indéterminé, lorsqu’il renferme plus d’inconnues que d’équations, parce qu’alors on ne peut jamais réduire les équations à une seule qui ne contienne qu’une inconnue. Cependant il est certains problèmes qui par leur nature sont déterminés, quoiqu’ils renferment moins d’équations que d’inconnues. Un exemple éclaircira & prouvera en même tems ce que nous avançons. Supposons que l’on partage 40 sols à 20 personnes, hommes, femmes, & enfans, en donnant aux hommes 4 sols, aux femmes 2 sols, aux enfans 1 sol. On demande combien il y avoit d’hommes, de femmes & d’enfans. Il est certain qu’il y a ici trois inconnues, x, y, z, & que l’on ne peut trouver que ces deux équations x + y + z = 20 ; & 4x + 2y + z = 40. La premiere donne z = 20 − xy, & 4x + 2y + 20-xy = 40, ou 3x + y = 20, & . Or il semble d’abord que l’on puisse prendre pour y tout ce qu’on veut ; mais on fera réflexion que comme y exprime un certain nombre de personnes, aussi bien que x, il faut que y & x soient chacun des nombres entiers positifs. D’où il s’ensuit que y doit être un nombre entier plus petit que 20, & que 20 − y doit être divisible exactement par 3. On fera donc successivement 20 − y égal à tous les multiples de 3 ; sçavoir 20 − y = 3, 20 − y = 6, 20 − y = 9, 20 − y = 12, 20 − y = 15, 20 − y = 18 ; & l’on ne sauroit aller plus loin, parce que si on prenoit 20 − y = 21, on auroit y = −1 : c’est pourquoi on aura toutes les solutions possibles de ce problème dans la table suivante.

y = 17. x = 1. z = 2.
y = 14. x = 2. z = 4.
y = 11. x = 3. z = 6.
y = 8. x = 4. z = 8.
y = 5. x = 5. z = 10.
y = 2. x = 6. z = 12.

ce qui fait en tout six solutions possibles. (O)

INDÉVOT, adj. (Grammaire.) qui manque de piété envers les dieux, de vénération envers les choses sacrées. Voyez Dévotion.

INDEX, terme d’Anatomie, le second doigt de la main, & celui qui suit le pouce. Voyez Doigt.

Il est ainsi appellé d’indico, j’indique, je montre, parce qu’il sert ordinairement à cet usage : delà vient que l’on donne le nom d’indicateur à l’extenseur de l’index. Voyez Extenseur, Abducteur, & Adducteur.

Les Grecs le nomment λιχανος, lécheur, parce qu’on le met dans les sauces pour en goûter, & qu’après on le leche. D’autres prétendent qu’on lui a donné ce nom à cause que c’est de lui dont les nourrices se servent pour prendre la bouillie qu’elles donnent à leurs nourrissons, & de ce qu’ordinairement elles le lechent, pour goûter si elle n’est point trop chaude.

Index, en terme d’Arithmétique, est la même que la caractéristique ou l’exposant d’un logarithme. Voyez Logarithme.

L’index est ce qui montre de combien de rangs le nombre absolu qui appartient au logarithme consis-