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estocade. Ce procédé l’oblige de parer, & on profite de ce défaut. Voyez Défaut.

Article V. Quand vous attaquez l’ennemi par une feinte, s’il ne va pas à l’épée, Voyez Aller a l’Épée, vous entrez en mesure sans dégager, en vous tenant prêt à parer. Si l’ennemi ne vous porte pas l’estocade sur le tems que vous entrez en mesure, incontinent que vous y êtes arrivé, & de la position où vous êtes, vous détachez l’estocade droite ; car il est à présumer que l’ennemi s’attend que vous allez faire une feinte. S’il n’alloit à l’épée que lorsque vous entrez en mesure, alors y étant arrivé, vous lui feriez une feinte. Voyez Feinte.

Article VI. Dans ce jeu, on entreprend ni botte de passe, ni de volte, ni desarmement, excepté le desarmement en faisant tomber l’épée de l’ennemi en la frappant, quand il porte une estocade de seconde.

Article VII. Toutes les fois que l’ennemi vous parera une estocade, & que vous lui en parerez une, il faut suivre ce qui est dit aux articles 1, 2, 3 du jeu sensible. Voyez Jeu sensible.

Article VIII. Si en attaquant l’ennemi il se défend par la parade du cercle, vous ferez sous les armes ce qui se pratique sur les armes au 10 article du jeu sensible. Voyez 10 article du jeu sensible.

Jeu sensible, est un assaut qui se fait par le sentiment de l’épée. Voyez Sentiment d’Épée, & Assaut.

Cet assaut s’exécute sur les armes, ou sous les armes, si les escrimeurs tiennent une garde basse ou ordinaire, & sous les armes s’ils en tiennent une haute. Voyez Garde ordinaire ou Garde haute.

Si l’ennemi tient une garde haute, il faut absolument la tenir de même ; mais s’il en tient une basse, vous pouvez tenir la même, ou bien la garder haute.

On suppose dans ce jeu que l’ennemi laisse sentir son épée.

Avertissement. Pour entendre ce que je dirai sur ce jeu, j’avertis 1°. qu’il sera toujours supposé qu’on y tiendra la garde qu’il convient. 2°. Tout ce qui se fait dans la garde haute, se peut faire dans la garde ordinaire, à moins que je ne fasse des remarques particulieres. 3°. Quand je ferai tirer de pié ferme, il sera supposé qu’on est en mesure, & qu’il ne faut pas remuer le pié gauche 4°. Quand je parlerai d’estocade droite, il sera entendu qu’elle se portera sans dégager. 5°. Quand j’indiquerai un mouvement quelconque, de tirer quarte, ou parer quarte, ou tierce, &c. ils se feront comme il est expliqué en son lieu.

De ce qui doit se pratiquer dans l’assaut du jeu sensible sur les armes, ou sous les armes. Article I. On fait d’abord attention si l’on est en mesure ou hors de mesure. Voyez Mesure. Si l’on est en mesure, on regarde le pié droit de l’ennemi, par le mouvement duquel on connoît s’il faut parer, & l’on sent son épée, parce que ce sentiment nous en assure la position, & nous avertit s’il dégage, ou s’il porte l’estocade droite, ou s’il fait toutes autres attaques. Voyez Sentiment d’Épée. Supposons maintenant que les épées soient engagées dans les armes.

La premiere attaque que l’on fait à l’ennemi, est d’opposer en quarte. Voyez Opposition. Ce mouvement vous couvre tout le dedans des armes, & détermine l’ennemi ou à dégager, ou à porter l’estocade en dégageant, ou à demeurer en place. 1°. S’il dégage, détachez incontinent l’estocade de tierce-droite. 2°. S’il porte l’estocade en dégageant, son pié droit vous avertit de parer, & vous tâchez de riposter. Voyez Riposte. Et 3°. s’il demeure en place, vous détachez l’estocade de quarte-droite, ou

vous faites un coulement d’épée. Voyez Coulement d’Épée de pié ferme.

Article II. Si dans l’instant qu’on pare l’estocade, on ne saisit pas le tems de la riposte, voyez Riposte ; on donne le tems à l’ennemi de se remettre en garde, pour le prendre dans le défaut de ce mouvement. Remarquez qu’après avoir poussé une botte, il faut absolument que l’ennemi se remette, ou qu’il le feigne, ce qu’il ne peut faire, & porter l’estocade ; donc, si on l’attaque sur ce tems, on le mettra dans la nécessité de parer, & on le prendra dans le défaut de sa parade. Voyez Défaut.

Exemple. Pendant que l’ennemi feint de se remettre, sans quitter son épée, & en la sentant toujours également, on lui porte une estocade droite, qu’on n’allonge qu’à demi, c’est-à-dire, qu’on ne porte le pié droit qu’à moitié chemin de ce qu’il pourroit faire. Sur ce mouvement on doit s’attendre que l’ennemi parera, s’il pare, vous dégagez finement, & vous lui détachez l’estocade de tierce, tandis qu’il croit parer la quarte, & s’il ne paroit pas votre demi-estocade droite, vous l’acheveriez, car il ne seroit plus à tems de la parer.

Article III. Si l’ennemi pare l’estocade que vous lui portez, il faut remarquer qu’il peut faire, en vous remettant, ce que vous lui avez fait ; mais aussi qu’il peut tomber dans le défaut que voici, qui est de se remettre avec vous, c’est-à-dire, de quitter l’opposition, parce qu’il croit que vous vous remettrez en garde.

Exemple. Après que l’ennemi a paré votre estocade, vous feignez de vous remettre en garde, & si vous vous appercevez, par le sentiment de l’épée, qu’il cesse d’opposer, alors, au lieu d’achever de vous remettre, vous profitez de ce defaut, en lui repoussant la même estocade. Voyez Botte de reprise. Si au contraire l’ennemi résistoit toujours également à votre épée ; alors, comme il aura le côté opposé à découvert, il est certain qu’il se portera nécessairement à parer de ce côté-là ; c’est pourquoi en finissant de vous remettre, vous feindrez une estocade en dégageant, voyez Feinte ; & dans l’instant qu’il se portera à la parade, vous dégagerez. Voyez second dégagement serré. Il portera la botte dans le défaut, c’est-à-dire qu’il recevra le coup d’un côté, tandis qu’il pare de l’autre. Si l’ennemi n’alloit pas à la parade de cette feinte, vous rompriez la mesure : si l’ennemi profite du tems que vous vous remettez en garde pour vous attaquer, faites retraite.

Article IV. Vous pourrez aussi attaquer l’ennemi par un battement d’épée, voyez Battement d’Épée ; & s’il pare votre estocade, observez, en vous remettant, ce qui est contenu en l’article III. Si l’ennemi vous porte une botte, observez ce qui est contenu à l’article I. & II. & si l’ennemi ne pare pas, & qu’il n’ait pas reçu l’estocade, c’est signe qu’il a rompu la mesure, c’est pourquoi portez-lui une estocade de passe. Voyez Estocade de passe. Si l’ennemi pare l’estocade de passe, vous remettrez promtement votre pié gauche où il étoit, & vous reculerez un peu le droit. Vous devez vous attendre que l’ennemi va venir sur vous ; mais remarquez qu’il n’est pas alors en mesure : (car vous êtes aussi éloigné de lui, qu’avant de porter l’estocade de passe ;) c’est pourquoi il ne faut pas s’amuser à parer, mais remarquer son pié gauche, & aussi-tôt qu’il le remue, détacher l’estocade droite, s’il ne force pas votre épée, & si vous sentez qu’il la force, vous détacherez l’estocade en dégageant. Voyez premier dégagement forcé.

Article V. Si l’on est hors de mesure, il faut observer le pié gauche de l’ennemi, & sentir son épée. Voyez Sentiment d’Épée.