L’Encyclopédie/1re édition/FEINTE

FEINTE, s. f. en Musique, est l’altération d’une note ou d’un ton, par dièse ou par bémol. C’est proprement le nom générique du dièse & du bémol même. Ce mot n’est plus guere en usage.

C’est de-là qu’on appelloit aussi feintes les touches chromatiques du clavier, que nous appellons aujourd’hui touches blanches, & qu’autrefois on faisoit noires plus ordinairement. Voyez Chromatique, & l’article suivant. (S)

Feinte coupée des épinettes & des clavessins qui ne sont pas à ravalement, est la touche du demi-ton de l’ut ♯ de l’octave des basses que l’on coupe en deux, ensorte que cela forme deux touches que l’on accorde en b-fa-si & en a-mi-la, lorsqu’elles sont suivies d’un g-ré-sol, qui est-la-touche noire qui précede les quatriemes octaves. Voyez la figure de l’épinette à l’italienne, Pl. VI. de Lutherie, fig. 6. & son article.

Feinte, (Escrime.) est une attaque qui a l’apparence d’une botte, & qui détermine l’ennemi à parer d’un côté, tandis qu’on le frappe d’un autre.

Pour bien faire une feinte, il faut, 1°. dégager (voyez Dégagement volontaire), & faire le mouvement de porter une botte sans avancer le pié droit : 2°. dans l’instant que l’ennemi pare cette fausse botte, vous évitez la rencontre de son épée (voyez l’article Dégagement forcé), & incontinent on alonge l’estocade, pour saisir le tems que son bras est occupé à parer.

Double feinte ; elle se fait lorsqu’on attaque l’ennemi par deux feintes.

Feinte droite, c’est faire une feinte sans dégager.

Feinte, dans l’usage de l’Imprimerie, s’entend d’un manque de couleur qui se trouve à certains endroits d’une feuille imprimée, par comparaison au reste de la feuille. Un ouvrier fait une feinte, pour le peu qu’il manque à la justesse qu’il faut avoir pour appuyer également la balle sur la forme dans toute l’étendue de sa surface.