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à cheval, qui se faisoient dans le cirque dédié à Neptune ou au soleil. (D. J.)

Jeux Eléuthériens, voyez Jeux de la Liberté.

Jeux des enfans de Rome, (Hist. Rom.) tous les enfans ont des jeux qui ne sont pas indifférens pour faire connoître l’esprit des nations. Les jeux de nos enfans sont ceux de la toupie, de cligne-musette, de colin-maillard, &c. Les enfans de Rome représentoient dans leurs jeux des tournois sacrés, des commandemens d’armées, des triomphes, des empereurs, & autres grands objets. Nous lisons dans Suétone que Neron dit à ses gens de jetter dans la mer son beau-fils Rufinus Crispinus, fils de Poppée, & encore enfant, quia ferebatur ducatus & imperia ludere.

Un de leurs principaux jeux étoit de représenter un jugement dans toutes les formes, ce qu’ils appelloient judicia ludere. Il y avoit des juges, des accusateurs, des défendeurs, & des licteurs pour mettre en prison celui qui seroit condamné. Plutarque, dans la vie de Caton d’Utique, nous raconte qu’un de ces enfans, après le jugement, fut livré à un garçon plus grand que lui, qui le mena dans une petite chambre, où il l’enferma. L’enfant eut peur, & appella à sa défense Caton, qui étoit du jeu ; alors Caton se fit jour à-travers ses camarades, délivra son client, & l’emmena chez lui, où tous les autres enfans le suivirent.

Ce Caton, depuis si grand homme, tenoit déja dans Rome le premier rang parmi les enfans de son âge. Quand Sylla donna le tournoi sacré des enfans à cheval, il nomma Sextus, neveu du grand Pompée, pour un capitaine des deux bandes ; mais tous les enfans se mirent à crier qu’ils ne courroient point. Sylla leur demanda quel camarade ils vouloient donc avoir à leur tête ; alors tous répondirent à la fois Caton, & Sextus lui céda volontairement cet honneur, comme au plus digne. (D. J.)

Jeux de la Liberté, (Antiq. greq.) on appelloit ainsi les jeux qui se célébroient à Platée, en mémoire de la victoire remportée par les Grecs à la bataille de ce nom, dans la lxxv. olympiade, l’an de Rome 275.

Aristide établit qu’on tiendroit tous les ans dans cette ville de la Béotie une assemblée générale de la Grece, & que l’on y feroit un sacrifice à Jupiter, pour lui rendre d’éternelles actions de graces. En même tems il ordonna que de cinq ans en cinq ans on y célébreroit les jeux de la liberté, où l’on couroit tout armé autour de l’autel de Jupiter, & il y avoit de grands prix proposés pour cette course.

On célébroit encore du tems de Plutarque, & ces jeux, & la cérémonie de l’anniversaire des vaillans hommes qui périrent à la bataille de Platée. Comme dans le lieu même où les Grecs défirent Mardonius, on avoit élevé un autel à Jupiter éléuthérien, c’est-à-dire libérateur, les jeux de la liberté s’appellerent aussi eleutheria, jeux ou fêtes éléuthériennes. Voyez Eleuthere. (D. J.)

Jeu de Fief, (Jurisprud.) est une aliénation des parties du corps matériel du fief, sans division de la foi dûe pour la totalité du fief. Voyez ce qui en est dit au mot Fief. (A)

Jeux de hasard. Voyez l’article Jouer.

Jeu, (Marine.) on dit le jeu du gouvernail ; c’est son mouvement.

Jeu de voiles. Voyez Jet de voiles.

Jeu-parti ; on dit faire jeu-parti quand de deux ou plusieurs personnes qui ont part à un vaisseau, il y en a une qui veut rompre la société, & qui demande en jugement que le tout demeure à celui qui fera la condition des autres meilleures, ou bien que l’on fasse estimer les parts.

Jeu, (terme d’Horlogerie.) si l’on suppose une cheville plus petite que le trou dans lequel on la fait entrer, elle pourra se mouvoir dans ce trou de-çà & delà ; c’est l’espace qu’elle parcourt, en se mouvant ainsi, que les Horlogers appellent le jeu. Ainsi ils disent qu’un pivot a du jeu dans son trou, lorsqu’il peut s’y mouvoir de cette façon ; & qu’au contraire il n’a point de jeu, lorsqu’il ne le peut pas, & qu’il ne peut s’y mouvoir qu’en tournant. C’est encore de même qu’ils disent qu’une roue a trop de jeu dans sa cage, lorsque la distance entre ses deux parties n’est pas assez grande, & qu’elle differe trop de celle qui est entre les deux platines. Il faut que les roues ayent un certain jeu dans leur cage, & leur pivot dans leurs trous, pour qu’elles puissent se mouvoir avec liberté ; sans cela elles sont génées, défaut essentiel, dont il résulte beaucoup de frottemens, & par conséquent beaucoup d’usure. Voyez Roue, Tige, Portée, &c.

Jeu, en fait d’escrime ; on entend par jeu, la position des épées de deux escrimeurs qui font assaut.

L’assaut comprend deux jeux, qui sont le sensible & l’insensible. Quelquefois on exécute ces deux jeux dans un même assaut, en passant de l’un à l’autre, & quelquefois on n’en exécute qu’un ; c’est pourquoi je les traiterai séparement. Voyez Jeu sensible & insensible.

Jeu insensible, est un assaut qui se fait sans le sentiment de l’épée. Voyez Assaut, & Sentiment d’Epée.

Cet assaut s’exécute toujours sous les armes à votre égard, parce que de quelque façon que l’ennemi se mette en garde, d’abord qu’il ne souffre pas que les épées se touchent, vous tenez la garde haute.

On suppose dans ce jeu que les escrimeurs étant en garde, leurs épées ne se touchent point, mais qu’elles se rencontrent dans les parades, & dans les attaques.

De ce qu’on doit pratiquer dans l’assaut du jeu insensible. Article I. Dans ce jeu, 1°. comme on ne sent pas l’épée de l’ennemi, on se met toujours hors de mesure pour éviter d’être surpris. 2°. On tient une garde haute, le bras plus étendu que dans la garde basse, la pointe de l’épée vis-à-vis l’estomac de l’ennemi, afin de le tenir éloigné, & qu’il ne puisse faire aucune attaque sans détourner cette pointe. 3°. On regarde sa main droite, afin de s’appercevoir des mouvemens qu’il fait pour frapper votre épée avec la sienne.

Article II. Les attaques qui se font dans ce jeu, sont des feintes & doubles feintes. On les peut faire parce qu’on est hors de mesure ; d’où il suit que l’ennemi ne peut pas vous prendre sur ce tems. Si ces feintes ébranlent l’ennemi, & qu’il aille à l’épée, voyez Aller a l’Epée, on les entreprend ainsi.

Exemple. Lorsque vous faites le premier tems de la feinte, ou feinte droite, voyez Feinte, si l’ennemi va à votre épée, vous profitez de son mouvement pour entrer en mesure en dégageant, & incontinent vous recommencez la feinte. Remarquez que dans cette attaque vous dégagez quatre fois par la feinte, & trois fois par la feinte droite, que le premier dégagement est volontaire, & les autres forcés (Voyez deuxieme Dégagement forcé), & qu’au dernier vous détachez l’estocade.

Article III. L’ennemi qui vous attaque, est obligé, par votre position, de détourner votre épée. Voyez Engagement. S’il la force, voyez premier Dégagement forcé. Et s’il la veut frapper, dégagez par le deuxieme dégagement forcé.

Article IV. On regarde le pié gauche de l’ennemi, & dès qu’on s’apperçoit qu’il l’avance pour entrer en mesure, on l’attaque sur ce mouvement par une