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vital ; on appliqueroit des remedes antiputrides, tels qu’une onction avec l’onguent de styrax, & par-dessus un cataplasme aromatique. Le quinquina en poudre peut être très-utilement ajouté aux poudres de scordium, de rue, de sauge, d’absynthe, de camomille, &c. dont on compose les cataplasmes antigangréneux. M. Bertrandi, chirurgien du roi de Sardaigne, a rapporté dans un mémoire inséré dans le troisieme tome de l’académie royale de chirurgie, l’observation d’un medecin de ses amis à qui il survint une gangrene au scrotum. Il le laissa scarifier, saupoudra les incisions avec la poudre de quinquina, & se fit envelopper les bourses avec des compresses trempées dans la décoction de cette drogue. Par ce moyen la gangrene s’arrêta, les parties qui en étoient atteintes se dessécherent ; il resta un ulcere louable, qui fut facilement amené à une parfaite cicatrice. Le docteur Pringle a fait de très belles observations sur la vertu antiputride du quinquina dans l’usage extérieur. Il a mis dans une infusion de quinquina faite tout simplement avec de l’eau de fontaine un morceau de chair pourrie ; elle s’est tellement rétablie dans son premier état, qu’il l’a conservée sans corruption pendant une année entiere dans la même liqueur. Voyez ce que nous avons dit de l’usage intérieur du quinquina au mot Gangrene.

La lymphe qui forme l’hydrocele est quelquefois si acrimonieuse qu’elle ulcere des vaisseaux sanguins, ce qui produit un hématocele. Il arrive aussi que le sang épanché, à l’occasion d’une plaie dans le scrotum, dégénere en hydrocele, lorsque le sang a été discuté par l’action des topiques : on voit néanmoins à l’ouverture de ces sortes de tumeurs, qu’il en sort de l’eau qui charrie quelques grumeaux de sang.

Les auteurs ne se servent pas communément du mot hématocele. On le trouve employé par Ingrassias dans ses commentaires sur Avicenne, ou traité des tumeurs contre nature. M. Bertandi s’en est servi dans les mémoires de l’académie de Chirurgie : il exprime une maladie particuliere, qui mérite bien d’avoir un nom propre. (Y)

HÉMATOSE, s. f. hæmatosis, terme de Medecine, action naturelle par laquelle le chyle se convertit en sang : on l’appelle autrement sanguification. Voyez Sanguification. Ce mot vient du grec αἷμα, sang. Les principales des actions vitales sont la chylose & l’hématose. Voyez Chylose, Sang, &c. Dict. de Trévoux.

HÉMAU, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans le haut Palatinat, près de Ratisbonne.

HÉME, (Hydr.) Voyez Repere.

HÉMÉRALOPIE, s. f. terme de Chirurgie, maladie des yeux. C’est une affection de la rétine devenue si sensible aux impressions de la lumiere, que cette membrane en est blessée pendant le jour, & qu’on ne voit que pendant la nuit. Cet état est naturel en quelques oiseaux, tels que le hibou : il est contre nature dans l’homme. Hippocrate en a parlé, & appelle cette maladie nyctalopie, & ceux qui en sont affectés, nyctalopes.

L’aveuglement de jour est quelquefois l’effet des maladies des paupieres ; les malades les tiennent fermées pendant le jour, pour éviter la douleur que la grande lumiere leur causeroit. La vraie héméralopie est une maladie de la rétine, qui consiste dans la sensibilité augmentée de cette membrane. C’est ordinairement l’effet d’une disposition inflammatoire. Les signes qui manifestent cette maladie, se tirent de la déclaration du malade & de l’inspection de la prunelle. Elle se resserre extraordinairement à la présence de la lumiere, beaucoup plus que la viva-

cité des rayons lumineux qui la frappent ne le permet

dans l’état naturel.

L’héméralopie est presque toujours un symptome ou un accident de quelques maladies. On l’a vue survenir, après de violentes douleurs de tête, après des excès épileptiques, à la suite des vapeurs violentes, & d’autres maladies qui peuvent déterminer l’engorgement des vaisseaux de la pie-mere. La structure de la rétine, la connoissance de l’origine & des dépendances de cette membrane, rendent raison de ces phénomenes.

Quand la maladie est causée par une disposition inflammatoire, de quelle cause qu’elle vienne, elle se termine quand les maladies principales cessent : elle dure long-tems, quand ces maladies se rendent habituelles. Le symptome pourroit subsister après la guérison parfaite de la maladie principale ; les délayans, les purgatifs, & un cautere ou séton à la nuque pourront remplir les vues qu’on doit se proposer pour détourner la fluxion de la rétine. Voyez Cautere, Séton. (Y)

HEMEROBAPTISTES, s. m. (Hist. anc.) secte parmi les anciens Juifs, ainsi nommés, parce qu’ils se lavoient & se baignoient tous les jours & dans toutes les saisons de l’année. Voyez Baptême.

S. Epiphane, en faisant mention de cette hérésie, comme étant la quatrieme qui s’étoit élevée parmi les Juifs, observe que les Hémérobaptistes pensoient sur les autres points de religion à peu-près comme les Scribes & les Pharisiens, si ce n’est qu’ils nioient encore la résurrection des morts comme les Saducéens, & qu’ils donnoient dans quelques autres impiétés de ces derniers.

D’Herbelot parle de ces hérétiques comme d’une secte qui subsiste jusqu’à présent. Les disciples de S. Jean-Baptiste, dit-il, qui dans les premiers siecles de l’Eglise s’appelloient Hémérobaptistes, formerent une secte, ou plûtôt une religion séparée, sous le nom de Mendaï Jahia. Ces gens-là, que nos voyageurs appellent Chrétiens de S. Jean-Baptiste, parce que leur baptême est fort différent du nôtre, ont été confondus avec les Sabéens, quoiqu’il y ait une grande différence entre ces deux sectes. Voyez Sabéens. Voy. le diction. de Trévoux.

HEMEROCALLE, s. f. ou Fleur d’un jour, Lilium purpuro-croceum majus, (Bot.) est une espece de lis orangé, & par conséquent une plante bulbeuse, qui pousse de longues feuilles, d’où il s’éleve une tige de trois piés de haut, garnie de feuilles d’un verd obscur luisant, portant une fleur à tête, qui s’épanouit & devient comme une tulippe de couleur rouge, ce qui lui fait donner le nom de lis orangé ou lis sauvage. Cette fleur paroît en été, & se plante en Octobre ; elle se gouverne comme le lis, mais elle est de peu de durée. (K)

HEMERODROMES, sub. m. pl. (Hist. anc.) c’étoient chez les anciens des sentinelles ou des gardes qui veilloient à la sûreté des villes. V. Garde. Ils sortoient le matin de la ville, quand on en ouvroit les portes ; & pendant tout le jour ils rodoient autour, & s’avançoient même au loin dans la campagne pour observer s’il n’y avoit point quelque corps d’ennemis qui approchât pour la surprendre. C’est ce que nous appellons batteurs d’estrade.

Les hémérodromes étoient aussi chez les anciens des couriers qui ne marchoient qu’un jour, & qui donnoient leurs dépêches à un autre qui couroit le jour suivant, & ainsi de même jusqu’au terme. Voy. Courier.

Les anciens Grecs se servoient de ces sortes de couriers, qu’ils avoient pris de Perses, qui en furent les inventeurs, comme il paroît par Hérodote. Auguste fit la même chose, ou du moins il établit des couriers, lesquels, s’ils ne se relevoient pas tous