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ces terres, & de rompre la liaison trop étroite de leurs parties afin de les rendre plus pénétrables aux eaux, & pour que leur tenacité n’étouffe plus les plantes naissantes ; pour y parvenir, on laboure fortement ces terres à plusieurs reprises, on a soin de bien diviser les glebes ; après les avoir laissé exposées aux injures de l’air, on y mêle soit du fumier, soit du sable, du gravier, de la marne, de la craie, de la chaux vive, de la recoupe de pierre, des fragmens de briques, &c. en un mot tout ce qu’on trouve plus à sa portée, & qui est plus propre à diviser la glaise, & à mettre de l’intervalle entre les parties qui la composent. On prétend qu’en Angleterre on se sert avec le plus grand succès du sable de la mer pour fertiliser les terreins glaiseux.

C’est à la propriété que la glaise a de retenir les eaux & de ne point leur donner passage, que sont dûs la plûpart des sources & des fontaines que nous voyons sortir de la terre. Les eaux du ciel lorsqu’elles sont tombées sur la terre, se filtrent au-travers des couches de sable, de gravier, & même des pierres qui la composent, & continuent à passer jusqu’à ce qu’elles se trouvent arrêtées par des couches de glaise ; alors elles s’y amassent, & vont s’écouler par la route la plus commode qui leur est présentée. C’est cette même propriété de la glaise qui fait qu’on s’en sert pour garnir le fond des bassins, canaux & réservoirs dans lesquels on veut retenir les eaux ; quand on la destine à cet usage, on a soin de la bien diviser & hacher en tout sens avec des beches & d’autres instrumens tranchans, de peur qu’il ne s’y trouve quelque plante ou racine qui en se pourrissant par la suite ne fournisse aux eaux qui cherchent à s’échapper, un passage qui, quoique petit dans son origine, ne tarderoit pas à devenir bien-tôt très-considérable.

Il faut aussi rapporter l’expérience qui se trouve dans l’histoire de l’académie des sciences de Paris, année 1739, pag. 1. Il y est dit que l’argille des Potiers lavée, exposée à l’air, & imbibée d’eau de fontaine, a acquis au bout de quelques années la dureté d’un caillou ; on prétend que l’on a observé la même chose en Amérique sur la terre glaise qui se trouve le long des bords de la mer ; M. Pott attribue ce phénomene à l’écume grasse de la mer.

La glaise se trouve ordinairement par lits ou par couches qui varient pour l’épaisseur & pour les autres dimensions ; ces couches sont assez souvent remplies de pyrites & de marcassites : cette terre ne se rencontre pas seulement à la surface, mais même à une très grande profondeur. La terre grasse appellée besteg par les mineurs allemands, qui sert d’enveloppe à un grand nombre de filons métalliques, & qui suivant leur langage contribue à les nourrir, est une vraie glaise chargée de beaucoup de substances étrangeres & minérales.

La glaise pure, lorsqu’elle est seche, a une grande disposition à imbiber les matieres huileuses & grasses ; cette propriété fait qu’on s’en sert pour faire les pierres à enlever les taches des habits, qu’on nomme pierres à détacher.

Les terres bolaires dont l’usage est si connu dans la Medecine, ne sont que des terres glaiseuses ou des argilles très-fines, comme on s’en apperçoit en ce qu’elles s’attachent à la langue, & fondent comme du beurre dans la bouche ; elles sont quelquefois colorées par une portion plus ou moins grande de fer qu’elles contiennent. On a pû déjà voir dans cet article que les acides n’agissent point sur les terres argilleuses ou glaises ; si ces dissolvans ne peuvent les dissoudre, il n’y a guere lieu de croire que ceux qui se trouvent dans l’estomac produisent cet effet ; ne pourroit on pas conclure de-là qu’il y a beaucoup d’abus dans l’usage des terres bolaires & terres sigillées,

qui ne sont que de vraies glaises mêlées quelquefois de parties ferrugineuses ? Si ces terres ne se dissolvent point dans les premieres voies, elles ne peuvent que fatiguer l’estomac sans passer dans l’économie animale ; s’il s’y en dissout une partie, c’est une preuve que la terre bolaire étoit melée d’une portion de terre absorbante ou calcaire ; & alors il vaudroit mieux employer des absorbans purs, & dont on fût assûré, tels que la craie lavée, les yeux d’écrevisses, &c. Si c’est à la partie martiale qu’on attribue les vertus des terres bolaires, il seroit beaucoup plus simple d’employer des remedes martiaux dont la Chimie pharmaceutique fournit un si grand nombre. (—)

GLAIVE, s. m. (Hist. mod.) Droit de glaive, dans les anciens auteurs latins & dans les lois des normands, signifie la jurisdiction suprème. Voyez Jurisdiction.

Camden dans sa Britannia, dit que le comté de Flint est du ressort de la jurisdiction de Chester : comitatus Flint pertinet ad gladium Cestriæ ; & Selden, tit. des honneurs pag 640. Curiam suam liberam de omnibus placitis, &c. exceptis ad gladium ejus pertinentibus.

Quand on crée un comte en Angleterre, il est probable qu’on le ceint d’un glaive pour signifier par cette cérémonie qu’il a jurisdiction sur le pays dont il porte le nom. Voyez Comte. Chambers.

GLAMORGANSHIRE, Glamorgama, (Géog.) province d’Angleterre dans la principauté de Galles, d’environ 112 milles de tour, & de 54 mille arpens. Sa partie méridionale est appellée le jardin du pays de Galles ; Cardiff en est la capitale. Elle contient 118 paroisses, & neuf villes ou bourgs à marchés. Le canal de Bristol la baigne au sud. On voit dans cette province les restes de Caër-phili-Castle, que quelques uns prennent pour le Bullæum silurum, & qu’on regarde en général comme les plus celebres ruines de l’ancienne architecture qu’il y ait dans la grande Bretagne. (D. J.)

GLAND, s. m. GLANDÉE, s. f. (Jard.) gland est le fruit du chêne ; glandée est la recolte du gland.

Gland, en Anatomie, signifie le bout ou le bouton de la verge de l’homme, ou cette partie qui est couverte du prépuce, & que l’on appelle en latin balanus. Voyez les Planch. anat.

Le gland n’est qu’une dilatation de l’extrémité de la substance spongieuse de l’urethre qui est formée en bosse, & rebroussée aux deux bouts coniques des corps caverneux qui aboutissent à cet endroit. Voyez Urethre, Verge, &c.

L’extrémité du prépuce est sujette à s’étrecir dans les vieillards au point de ne pouvoir contenir le gland, ce qui vient peut-être du défaut d’une fréquente érection. Voyez Prépuce & Érection.

On se sert aussi du terme de gland pour signifier le bout ou l’extrémité du clitoris, par rapport à sa ressemblance avec le gland de la verge de l’homme, l’un & l’autre ayant la même figure, & étant destinés aux mêmes fonctions. Voyez Planch. anat. Voyez aussi Clitoris.

La principale différence qu’il y a entr’eux, c’est que le gland du clitoris n’est point percé ; il est couvert aussi d’un prépuce. Chambers. (L)

Quelquefois le gland ne se montre point ouvert aux enfans nouveaux nés, soit par une membrane qui placée au bout de l’urethre ferme le passage à l’urine, soit parce que l’on n’apperçoit aucune marque d’urethre ; il y en a des exemples par-tout, dans Ronssæus, Doderic-à-Castro, Vander-Wiel, & autres ; ces deux vices de naissance demandent un prompt secours.

Quelquefois le trou de l’extrémité de l’urethre est si petit, que l’urine sort par ce trou goutte-à-goutte,