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produisent lorsqu’ils élevent des tourbillons de sable & de terre, & qu’ils enveloppent dans ces tourbillons les maisons, les arbres, les animaux.

Telle est l’idée générale des objets dont s’occupe la Géographie physique, & qui seront développés dans les différens articles. Il est aisé de voir par cet exposé, qu’un système de Géographie physique n’est autre chose qu’un plan méthodique où l’on présente les faits avérés & constans, & où on les rapproche pour tirer de leur combinaison des résultats généraux : opérations auxquelles préside cette sagesse, cette bonne foi qui laisse entrevoir les intervalles où la continuation de l’enchaînement est interrompue, qui ne se contente pas tellement des observations déjà faites, qu’elle ne montre le besoin de nouveaux faits & les moyens de les acquérir. Dans les théories de la terre on suit d’autres vûes ; tous les faits, toutes les observations sont rappellées à de certains agens principaux, pour remonter & s’élever de l’état présent & bien discuté à l’état qui a précédé ; en un mot des effets aux causes. L’objet des théories de la terre est grand, élevé & pique davantage la curiosité ; mais elles ne doivent être que les conséquences générales d’un plan de Géographie physique bien complet. Cet article est de M. Desmarest.

GÉOGRAPHIQUE, adj. se dit de tout ce qui appartient à la Géographie ; ainsi on dit mesures géographiques, opérations géographiques, &c.

Comme la Géographie en général, qui est la description de la terre, a sous elle deux parties qui lui sont subordonnées, la Chorographie qui est la description d’un pays de quelqu’étendue comme une province, & la Topographie qui est la description d’une partie peu étendue de terrein ; il y a aussi différentes especes d’opérations géographiques : celles qui se font pour lever la carte d’une partie considérable de la terre, par exemple, de la France, de l’Angleterre, demandent plus de précision que les autres, parce que de petites erreurs qui ne sont rien sur une partie de terrein peu considérable, deviennent trop sensibles, & s’accumulent sur un grand espace ; ainsi ces cartes se levent pour l’ordinaire en liant les principaux points par des triangles dont on observe les angles avec un quart de cercle, & en calculant ensuite les côtés de ces triangles ; en faisant en un mot les mêmes opérations que pour mesurer un degré de la terre, opérations qui s’appellent aussi géographiques. V. Figure de la Terre & Degré. C’est ainsi qu’on a travaillé à la carte de la France dont on publie actuellement les feuilles. Quand il ne s’agit que de cartes chorographiques, & que l’on ne cherche pas une grande précision, un bon graphometre suffit pourvû qu’il soit d’une plus grande étendue que les graphometres ordinaires ; & quand on ne veut faire qu’une carte topographique, on peut se borner à la planchette. Voyez Planchette & Graphometre. Voyez aussi Carte.

Carte géographique se peut dire en général de toutes les cartes de géographie, puisqu’elles représentent toûjours quelque partie de la terre ; mais on ne désigne certaines cartes par le mot géographique, que pour les distinguer des cartes qu’on appelle hydrographiques, & qui servent principalement aux marins. Dans celle-ci on ne représente guere que les rivages, le gisement des côtes, les îles ; dans les autres on détaille l’intérieur des terres. Voyez Hydrographique & Carte. (O)

GEOLAGE, s. m. (Jurisprud.) ou droit de geole, est un droit en argent qui est dû au geolier ou concierge des prisons par chaque prisonnier, pour le soin qu’il prend de le garder, & ce à raison de tant par jour, suivant la maniere dont le prisonnier est tenu.

Les droits de gîte & geolage sont reglés par chaque parlement dans leur ressort.

Suivant le tarif fait par le parlement de Paris en 1717, les prisonniers à la paille payent un sol par jour pour gîte & geolage, sans aucun droit d’entrée ni de sortie.

Ceux auxquels le geolier fournit un lit payent cinq sols par jour s’ils sont seuls, & trois sols s’ils couchent deux dans un lit.

Les pensionnaires ne doivent payer pour nourriture, gîte & geolage au plus que trois livres par jour, s’ils ont pour eux seuls une chambre, & s’il y a une cheminée, le droit est augmenté à proportion.

Les prisonniers des chambres destinées à la pension, quand il n’y a point de pensionnaires, payent pour un lit où ils couchent seuls pour gîte & geolage quinze sols par jour ; & on voit par-là que le droit de geolage est différent de la nourriture & du gîte.

Les geoliers & autres préposés à la garde des prisons ne peuvent recevoir des prisonniers aucune avance pour nourriture, gîte & geolage, ni empêcher l’élargissement des prisonniers pour le payement des mêmes objets, mais doivent se contenter d’une obligation pour se pourvoir sur leurs biens seulement. Voyez l’ordonn. de 1670. tit. xiij. art. 22 & 30. (A)

GEOLE, s. f. (Jurisprud.) signifie prison. Voyez Prison. (A)

GEOLIER, s. m. (Jurisprud.) celui qui a la garde, les clés & le soin des prisons & des prisonniers. Voyez Geolage.

GÉOMANTIE, s. f. (Hist. anc.) espece de divination par la terre ; de γῆ, terre, & de μαντεία, divination. Elle consistoit tantôt à tracer par terre des lignes ou des cercles par la rencontre desquels on s’imaginoit deviner ce qu’on desiroit d’apprendre, tantôt en faisant au hasard par terre plusieurs points sans garder aucun ordre ; les figures que le hasard formoit alors fondoient le présage qu’on tiroit pour l’avenir ; tantôt en observant les fentes & les crevasses qui se font naturellement à la terre, d’où sortoient, disoit-on, des exhalaisons prophétiques comme de l’antre de Delphes.

D’autres prétendent que la géomantie consiste à marquer au hasard sur le papier plusieurs petits points sans les compter, & que les figures qui se rencontrent à l’extrémité des lignes servent à former le jugement qu’on veut porter sur l’avenir, & à décider de l’évenement de toute question proposée. Ils ajoûtent qu’elle a conservé son ancien nom de géomantie qui fait allusion à la terre, parce que dans l’origine on se servoit de petits caillous qu’on jettoit au hasard sur la terre, au lieu que maintenant on se sert de points.

Polydore Virgile définit la géomantie une divination par le moyen des fentes & des crevasses qui se font sur la surface de la terre, & il croit que les mages des Perses en ont été les inventeurs : de invent. rerum. lib. I. cap. xxiij.

Olivier de Malmesbury, Gerard de Cremone, Barthelemy de Parme & Gaspard Peucer ont écrit des traités sur la géomantie. Corneille Agrippa avoit aussi travaillé sur la même matiere ; mais il écrivit depuis pour convenir que rien n’étoit plus vain & plus trompeur que cette prétendue science. Delrio, disq. mag. lib. IV. cap. 2. quest. vij sect. 3 p. 562. (G)

GÉOMÉTRAL, adj. (Opt.) On appelle ainsi la représentation d’un objet faite de maniere que les parties de cet objet y ayent entre elles le même rapport qu’elles ont réellement dans l’objet tel qu’il est ; à la différence des représentations en perspective, où les parties de l’objet sont représentées dans le tableau avec les proportions que la perspective leur donne. Voyez Perspective. Il est clair par cette définition qu’il n’est possible de représenter géométralement que des