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nous l’avons dit de la mine de plomb, mais sans addition.

La mine d’antimoine se calcine peu, si on a soin de lui ajoûter de la poudre de charbon, & n’a guere de chaux que l’apparence.

Dans la cémentation du zinc avec le cuivre pour en faire du laiton, on employe le poussier de charbon. Voyez plus bas le zinc comme fondant du cuivre.

Le fourneau allemand fournit, par le contact immédiat des charbons ardens, aux metaux qu’on y fond, un phlogistique continuel qui pénetre les pores ouverts des molécules metalliques, & les réduit. Voyez Fonte en grand.

On convertit le fer en acier, en lui donnant un phlogistique surabondant par la cémentation avec la poudre de charbon, les ongles, les cornes, les poils, la graisse des animaux, & avec de l’huile. Les autres ingrédiens qu’on y ajoûte, ne servent que pour donner du corps au cément. Voyez Acier. Ce n’est pas qu’il en devienne plus fusible, mais il fait exception parmi les autres metaux & demi-metaux, excepté l’arsenic dont la chaux est fusible, &c. On fait encore de l’acier en plongeant l’extrémité d’une barre de fer dans la fonte en bain. La barre enleve le phlogistique à la fonte.

La trempe en paquet, cette opération qui consiste à réduire en acier les épées, les pieces des platines des fusils, & autres petits ustensiles d’acier, se fait avec un cément où les Ouvriers font entrer la boue des rues, l’ail, les oignons, l’urine, les excrémens, le suif, la graisse, l’huile, la farine, les œufs, le lait, le beurre, &c. Voyez Trempe en paquet.

On fait aussi de l’acier en mettant une barre de fer dans un creuset sans addition, fermant le creuset & l’exposant pendant un certain tems au feu.

Ce qui précede prouve donc que tout corps inflammable, de quel regne & de quel individu des trois regnes qu’il soit tiré, produit toûjours les phénomenes de la réduction. Voyez Calcination, Chaux, Phlogistique & Réduction. Venons-en actuellement aux fondans ou menstrues secs.

Le feu mérite la premiere place, comme étant le fondant de tous les corps & l’instrument sans lequel ils seroient dans une inaction parfaite, à l’exception peut-être de l’air & du mercure.

Si l’on met du cuivre sur du plomb bouillant, celui-là disparoît bien-tôt, pour ne plus former avec le plomb qu’une seule & même masse homogène en apparence.

Le plomb produit encore le même phénomene avec l’or & l’argent, & les fond à un moindre degré de feu que s’ils eussent été seuls. Voyez Essai, Affinage & Raffinage de l’argent.

Ce métal dissout encore le cuivre, l’or & l’argent alliés ensemble. Voyez Œuvre & Liquation.

L’étain est aussi dissous par le plomb, au degré de feu nécessaire à tous les deux, & forme avec lui une masse homogène en apparence, plus fusible que l’un & l’autre ne l’étoient avant. Voyez Soudure des Chauderonniers & des Ferblantiers. Mais pour que la combinaison persiste, il ne faut pas leur donner un plus grand degré de feu. Voyez calcination de l’étain par le plomb. Potée.

Le plomb & le fer réduits en scories, se dissolvent aisément, ce qu’ils ne pouvoient faire avec leur metallicité, & forment un verre d’un roux opaque.

Les demi-métaux fondent aisément avec le plomb, mais ils lui enlevent sa malléabilité, & lui donnent une couleur noire, d’obscure qu’elle étoit avant. Il est bon d’avertir ici qu’en nous servant de l’expression générale de demi-métaux, nous ferons toûjours exception du mercure & du cobolt. Ainsi nous les spécifierons quand il sera nécessaire.

La litharge, ou le verre de plomb par lui-même,

étant mêlé par la trituration à des pierres vitrescibles, les réduisent en verre à un feu beaucoup moins violent qu’il n’eût été nécessaire à tous les deux pour subir cet état. Ce verre devient si pénétrant par une quantité considérable de litharge, qu’il perce les creusets, à moins qu’ils ne soient d’une composition particuliere. Voyez Litharge, Verre de Saturne & Creuset.

Elle produit le même effet avec toutes les pierres calcaires ; avec cette différence, qu’elles en demandent une plus grande quantité pour devenir aussi fluides.

Elle dissout les apyres même les plus réfractaires, pourvu toutefois qu’on ait la précaution de bien mêler par la trituration, & de donner un leger degré de feu long-tems continué.

Le cuivre entre aisément en fonte à l’aide de la litharge ; mais elle en consume une très-grande partie, & le change avec elle en un verre très-pénétrant.

Elle réduit l’étain & sa chaux en un verre blanc de lait brillant & opaque, avec une legere teinte de jaune. Voyez Émail.

L’or & l’argent en sont aussi dissous, mais sans perte, parce qu’elle n’a pas les propriétés d’enlever leur phlogistique. Voyez Essai, Affinage & Raffinage de l’argent.

L’étain dissout aisément l’or, l’argent & le cuivre ; mais il les rend très-fragiles, s’ils n’en contiennent qu’une petite quantité. Voyez Bronze. Il dissout aussi le fer, & il sert même à le souder.

Les demi-metaux se fondent aisément avec ce metal ; mais il leur donne de la fragilité, s’il est en petite quantité avec eux.

Le cuivre dissout l’or & l’argent. Voyez Monnoie.

L’or & l’argent se dissolvent l’un l’autre. Voyez Inquart, Départ, Monnoie, &c.

Ils se mêlent intimement aussi avec le fer ; & même l’or sert à souder le fer & l’acier, pourvu toutefois qu’il soit bien pur.

L’arsenic mêlé par une trituration exacte aux différentes terres & pierres vitrescibles, calcaires & apyres, les dispose ordinairement à une prompte fusion.

Fondu avec le cuivre, il lui donne une fusion aisée & assez prompte ; & il le réduit en un metal d’autant plus aigre, qu’il est en plus grande quantité.

Avec l’étain, il en fait une masse blanche, claire, par écailles, & qui imite presque le zinc à l’inspection : mais il se forme une grande quantité de chaux d’étain, mêlée d’arsenic, qui lui adhere.

Le plomb mêlé à l’arsenic & exposé à un feu doux auquel il ne bout ni ne fume tout seul, éprouve ces deux états, & est volatilisé, s’élevant sous la forme d’une fumée très-épaisse, & laissant après lui un verre jaune très-fusible. Il reste aussi du plomb qui est fragile & obscur.

L’arsenic pénetre aussi l’argent, & en fait un composé d’un beau rouge vif, si on y ajoûte une petite quantité de soufre.

Il pénetre l’or aussi, & le rend terne & fragile : & si l’on expose alors ce mélange subitement à un grand feu, l’or s’y dissipe en partie.

Mêlé au verre de plomb, il lui donne plus de pénétration & d’activité. Il fond aussi le spath.

Il fait un verre avec l’alkali fixe & les cailloux.

Ce demi-metal est enfin résous à son tour par différens metaux, sur lesquels il produit mutuellement la même action.

Le régule d’antimoine donne un verre qui agit beaucoup plus puissamment sur les corps que la litharge ; car il a la propriété d’atténuer les pierres de toutes les especes, de les dissoudre, & de les changer même en scories.