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unis que ceux du pinceau ordinaire ; mais le succès de l’exécution demande le goût secondé des talens. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FLOUETTE, s. f. (Marine.) voyez Girouette.

FLOUR, (Saint-) Géog. petite ville de France en Auvergne, au pié du mont Cental. Elle n’est point l’Indiciacus des anciens, ni le Russium de Ptolomée ; c’est une ville toute nouvelle, créée ville & évêché par Jean XXII. second évêché d’Auvergne, suffragant de Bourges. Voy. Adrien de Valois, notit. Gall. pag. 578. Catel, mém. de l’hist. de Languedoc, liv. II. chap. xij. &c. le P. Odo, jesuite, dans ses antiq. de Notre-Dame du Puis. Saint-Flour est à 18 lieues S. O. de Clermont, 12 N. O. d’Aurillac. Long. 20. 45. 32. lat. 45. 1. 55. (D. J.)

FLUCTUATION, s. f. terme de Chirurgie, mouvement qu’on imprime au fluide épanché dans une tumeur, en appliquant dessus un ou deux doigts de chaque main à quelque distance les uns des autres, & les appuyant alternativement ; de maniere que les uns pressant un peu, tandis que les autres sont posés legerement, cette pression oblige la colonne de matiere sur laquelle elle se fait, de frapper les doigts qui sont posés legerement ; & la sensation qui en résulte, annonce la présence d’un fluide épanché.

Lorsque le foyer d’un abcès est fort profond, la fluctuation ne se fait souvent point sentir. Les signes rationels qui annoncent la formation du pus, & ceux qui indiquent qu’il est formé, peuvent déterminer dans ce cas. Voyez Suppuration & Abcès.

Il survient assez communément un œdeme aux parties extérieures qui recouvrent une suppuration profonde. Lorsque la matiere est sous quelque aponévrose, on sent difficilement la fluctuation, & la douleur continue toûjours, par la tension de cette partie : mais elle change de caractere, elle n’est plus pulsative ; ce sont alors les signes rationels qui doivent indiquer à un habile chirurgien le parti qu’il doit prendre : l’expérience est d’un grand secours dans cette circonstance. (Y)

FLUENTE, s. f. (Géom. transc.) M. Newton & les Anglois appellent ainsi ce que M. Leibnitz appelle intégrale. Voyez Intégral & Fluxion.

FLUIDE, adj. pris subst. (Phys. & Hydrodyn.) est un corps dont les parties cedent à la moindre force, & en lui cédant sont aisément mûes entr’elles.

Il faut donc pour constituer la fluidité, que les parties se séparent les unes des autres, & cedent à une impression si petite, qu’elle soit insensible à nos sens ; c’est ce que font l’eau, l’huile, le vin, l’air, le mercure. La résistance des parties des fluides dépend de nos sens ; c’est pourquoi si nous avions le tact un million de fois plus fin qu’il n’est, pour découvrir cette résistance, il n’y a pas de doute que nous ne dûssions la sentir dans plusieurs cas, où nous ne pouvons à présent la remarquer, & par conséquent nous ne pourrions plus prendre pour fluides un assez grand nombre de corps que nous regardons aujourd’hui comme tels. De plus, pour qu’un corps soit fluide, il faut que chaque parcelle soit si petite, qu’elle échape à nos sens ; car tant qu’on peut toucher, sentir ou voir les parties d’un corps séparément, on ne doit pas regarder le corps comme fluide. La farine, par exemple, est composée de petites parties déliées, qui peuvent aisément être séparées les unes des autres par une impression qui n’est nullement sensible : cependant tout homme qui aura une boîte remplie de farine, ne dira jamais qu’il a une boîte pleine de fluide, parce qu’aussi-tôt qu’il y enfonce le doigt, & qu’il commence à froter la farine entre deux doigts, il sent à l’instant les parties dont elle est composée ; mais dès que cette farine devient infiniment plus fine, comme cela arrive à l’égard du chyle dans nos intestins, elle se change alors en fluide.

La cause de la fluidité paroît consister en ce que les parties des fluides ont bien moins d’adhérence entr’elles, que n’en ont celles des corps durs ou solides, & que leur mouvement n’est point empêché par l’inégalité de la surface des parties, comme dans un tas de poussiere, de sable, &c. car les particules dont les fluides sont composés, sont d’ailleurs de la même nature, & ont les mêmes propriétés que les particules des solides : cela s’apperçoit évidemment, quand on convertit les solides en fluides & les fluides en solides ; par exemple, lorsqu’on change de l’eau en glace, & qu’on met des métaux en fusion, &c. En effet on ne peut raisonnablement révoquer en doute que les parties élémentaires de tous les corps ne soient de la même nature ; savoir, des corpuscules durs, solides, impénétrables, mobiles. Voyez Corps, Matiere & Particule.

Si les parties d’un corps peuvent glisser aisément les unes sur les autres, ou être facilement agitée par la chaleur ; ces parties, quoiqu’elles ne soient pas dans un mouvement actuel, pourront cependant constituer un corps fluide. Au reste les particules d’un pareil corps ont quelque adhérence entr’elles, comme il paroît évident par le mercure bien purgé d’air qui se soûtient dans le barometre à la hauteur de 60 ou 70 pouces ; par l’eau qui s’éleve dans les tuyaux capillaires, quoiqu’ils soient dans le vuide ; & par les gouttes des liqueurs, qui prennent dans le vuide une figure sphérique, comme s’il y avoit entre leurs parties quelque cohésion réciproque, semblable à celle de deux marbres plans & polis. Voyez Barometre & Capillaire. De plus, si les fluides sont composés de parties qui puissent facilement s’embarrasser les unes dans les autres, comme l’huile, ou qu’elles soient susceptibles de s’unir ensemble par le froid, comme l’eau & d’autres fluides, ils se changent aisément en des corps solides ; mais si leurs particules sont telles qu’elles ne puissent jamais s’embarrasser les unes dans les autres, comme sont celles de l’air, ni s’unir par le froid, comme celles du mercure, alors elles ne se fixeront jamais en un corps solide. Voyez Glace, &c.

Les fluides sont ou naturels comme l’eau & le mercure, ou animaux comme le sang, le lait, la lymphe, l’ûrine, &c. ou artificiels comme les vins, les esprits, les huiles, &c. Voyez chacun à son article, Eau, Mercure, Sang, Lait, Bile, Vin, Huile, &c.

On peut considérer dans les fluides quatre choses ; 1°. leur nature ou ce qui constitue la fluidité, c’est l’objet de l’article Fluidité ; 2°. les lois de leur équilibre ; 3°. celles de leur mouvement ; 4°. celles de leur résistance. Nous allons entrer dans le détail de ces trois derniers objets. Nous donnerons d’abord les principes généraux, tels à-peu-près qu’on les trouve dans les auteurs de Physique, & nous ferons ensuite quelques réflexions sur ces principes.

La théorie de l’équilibre & du mouvement des fluides est une grande partie de la Physique ; la pression & la pesanteur des corps plongés dans les fluides, & l’action des fluides sur les corps qui y sont plongés, sont le sujet de l’Hydrostatique. Voyez Hydrostatique.

Les lois hydrostatiques des fluides sont, I. que les parties supérieures de tous les fluides, comme l’eau, &c. pesent sur les inférieures, ou comme parlent quelques philosophes, que les fluides pesent en eux-mêmes ou sur eux-mêmes.

On a soûtenu dans les écoles un principe tout-à-fait contraire à celui-ci ; mais la vérité de cette pression est à-présent démontrée par mille expériences. Il suffira d’en rapporter une bien simple. Une bouteille vuide, bien bouchée, étant plongée dans l’eau, & suspendue au bas d’une balance, qu’on mette des