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FIGURISME, s. m. (Théol.) On a donné ce nom à l’opinion de ceux qui pensent que tous les évenemens de l’ancien Testament sont autant de figures des évenemens du nouveau. En ce sens les figures de l’ancien Testament seroient autant de prophéties. Voyez Prophéties ; voyez aussi Figures, (Théol.)

* FIL, s. m. (Econ. rustiq.) on prépare avec l’écorce du chanvre, séchée, peignée, divisée, une matiere qu’on appelle filasse (voy. l’article Filasse), qui tordue au fuseau ou au roüet sur elle même, forme un petit corps rond, continu, flexible, & résistant, qu’on appelle fil. On fait aussi du fil avec le coton, la soie, la laine, le crin, &c.

Si le fil est trop gros, il prend le nom de ficelle, de corde. Voyez l’article Corderie.

On file la filasse, la seule matiere dont nous allons parler ici ; parce qu’on n’entend communément par le mot fil, que celui qui est fait avec la filasse ou l’écorce de chanvre.

On file la filasse au roüet ou au fuseau ; mais on dispose la filasse sur la quenouille, pour filer au roüet comme pour filer au fuseau. Voici d’abord la maniere dont on file au fuseau.

Le fuseau est un morceau de bois leger, rond sur toute sa longueur, terminé en pointe par les deux extrémités, renflé dans le milieu, & long d’environ cinq à six pouces ; il y a un peu au-dessus de la peinte inférieure, une petite éminence qui retient le fil & qui l’empêche de tomber.

La quenouille est un roseau ou bâton leger, rond, long de trois à quatre piés, percé par un bout, & garni à ce bout d’un ruban large & fort.

On prend la soie, la filasse, la laine, &c. en un mot la matiere qu’on veut filer ; on l’étend sur une table par lits minces, cependant d’une épaisseur inégale : la partie inférieure de chaque lit doit être un peu plus fournie que la partie supérieure, afin que quand tous ces lits seront roulés sur la quenouille, ils forment une espece de cone, dont la pointe soit tournée vers le bout de la quenouille ; si la filasse est courte, les brins de chaque lit ne sont pas roulés, mais seulement appliqués sur la quenouille, & attachés selon leur longueur ; si elle est longue, alors les brins sont roulés un peu de biais sur la quenouille. On roule ces lits de filasse sur l’extrémité de la quenouille ; on les y fixe en faisant sur eux plusieurs tours avec le ruban, & la quenouille est prête à être filée.

Pour cet effet on fixe la quenouille à son côté gauche, on tient la filasse embrassée de la même main ; & de la main droite, on tire avec le pouce & l’index de la partie inférieure de la quenouille, une petite quantité de filasse. On la tourne entre ses doigts, après l’avoir mouillée ; on lui donne ainsi un commencement de consistance : après quoi on lui fait faire sur l’extrémité du fuseau un tour ou deux, & on l’y arrête par un nœud ou une boucle, formée comme on voit ; a est le bout du fil qui tient à la filasse, & bcd est sa partie attachée sur le fuseau. La partie acb passant dessous la partie bcd, il se forme une boucle cbc, qui est serrée sur le fuseau par l’action de la fileuse & par le poids du fuseau.

Le fil ainsi attaché au fuseau, la fileuse prend entre son pouce & le doigt du milieu, le fuseau par son extrémité e, & le fait tourner sur lui-même. A mesure que le fuseau tourne, on tire de la filasse de la quenouille, avec le pouce & l’index de la main droite ; la filasse se tord, & le fil se forme ; & afin que ce tors tienne, la fileuse avoit eu l’attention de mouiller les doigts dont elle tire la filasse de la quenouille, soit avec sa salive, soit à une éponge humectée d’eau, qu’on appelle mouillette, & qu’elle tenoit à sa portée dans un petit vase de fayence ou de fer-blanc.

Quand il y a une aulne ou une aulne & demie de fil fait comme nous venons de le décrire ; du pouce de

la main gauche on pousse la boucle c faite sur le bout du fuseau ; on la fait tomber ; l’on transporte le fil d sur le milieu du fuseau g, & on lui fait faire plusieurs tours ; ensuite on l’arrête à l’extrémité du fuseau par une boucle c, qu’on reforme toute semblable à la premiere. A l’aide de cette boucle c, le fil roulé sur le milieu du fuseau ne se devide point, lorsque le fuseau mis en mouvement est abandonné à son poids, & l’ouvrage peut se continuer.

Cela fait, la fileuse avec le pouce & l’index de sa main droite qu’elle a mouillés, tire de la filasse de sa quenouille, & remet son fuseau en mouvement avec l’index & le doigt du milieu de sa main gauche ; le fuseau tourne, la filasse tirée se tord ; le pouce & l’index de la droite, tandis que le fuseau tourne, tirent de nouvelle filasse, fournissent & aident même au fuseau à tordre, & il se forme de nouveau fil, qu’on envide sur le milieu du fuseau en faisant tomber la boucle c, qu’on reforme ensuite pour arrêter le fil & continuer de filer.

La fileuse file de cette maniere jusqu’à ce que son fuseau soit chargé de fil sur toute sa longueur, & que sa quenouille soit épuisée de filasse.

Elle doit observer 1°. de mouiller suffisamment sa filasse tandis qu’elle travaille, sans quoi son fil sera sec & cassant.

2°. De ne tordre ni trop ni trop peu, & de filer égal & rond.

3°. De tirer de la filasse la quantité qui convient à la grosseur du fil, à la qualité de la filasse, & à l’usage qu’on veut faire du fil.

4°. D’en tirer toûjours la même quantité, afin que son fil soit égal.

5°. De faire glisser tout son fil entre ses doigts, à mesure qu’il se forme & avant que de l’envider sur le fuseau, afin de le rendre lisse & uni.

6°. De séparer de sa filasse tout ce qui s’y rencontrera de parties grossieres, mal peignées, de saletés, &c.

7°. De faire le moins de nœuds qu’il sera possible, &c.

Passons maintenant à la maniere de filer au roüet. Le roüet est une machine qui nous paroît simple & qui, exposée par-tout à nos yeux, n’arrête pas un instant notre attention, mais qui n’en est pas moins ingénieuse. Elle est composée d’un chassis, dont la partie inférieure 1, 2, 3, 4, consiste en quatre traverses minces de bois, qui forment par leur assemblage un quarré oblong ; c’est sur ce quarré oblong que sont fixées & entretenues les quatre jambes 5, 6 ; 7, 8 ; 9, 10 ; 11, 12 : ces quatre jambes se rendent à la partie supérieure du chassis, formée aussi de quatre traverses minces de bois, & la soûtiennent en s’assemblant avec elle aux points 6, 8, 10, 12 ; cette partie supérieure du chassis forme aussi un quarré oblong a, b, c, d, parallele à l’inférieur, de même largeur, mais d’une longueur beaucoup plus grande. Sur le milieu de l’intervalle 6, 8, & 10, 12, des traverses supérieures, sont placés & fixés deux especes de petits piliers e, f ; g, h, qu’on appelle les montans. Ils sont de même grosseur, de même hauteur ; l’antérieur e, f, est percé d’un trou ; le postérieur g, h, est fendu d’une ouverture qui traverse son sommet, & qui descend à une profondeur telle, que le bout de l’axe de la roue i étant placé dans le trou du montant e, f, & son autre bout placé dans la fente de l’autre montant g, h, la roue soit bien verticale & se meuve bien perpendiculairement. On a fendu le montant gh à son sommet, afin que la roue puisse s’ôter & se mettre à discrétion entre ces montans. Ces montans ef, gh, sont fixés à écrous sur les traverses. L’extrémité de l’axe de la roue i, qui entre dans la fente du montant gh, est recourbée en manivelle k ; la queue l de cette manivelle passe dans