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le seigneur commet contre lui quelque forfait & déloyauté notable.

Cette espece de félonie fait perdre au seigneur dominant l’hommage & la mouvance du fief servant, qui retourne au seigneur suzerain de celui qui a commis la félonie, & le vassal outragé par son seigneur est exempt, & ses successeurs, pour toûjours de la jurisdiction du seigneur dominant, & de lui payer aucuns droits seigneuriaux, ce qui est fondé sur ce que les devoirs du seigneur & du vassal sont réciproques ; le vassal doit honneur & fidélité à son seigneur, & celui-ci doit protection & amitié à son vassal.

Le plus ancien & le plus fameux exemple que l’on rapporte de la confiscation qui a lieu en ce cas contre le seigneur dominant, est celui de Clotaire I. lequel, au rapport de Guaguin, du Haillan, & quelques autres historiens, fut privé de la mouvance de la seigneurie d’Yvetot en Normandie, pour avoir tué dans l’église, le jour du vendredi saint, Gauthier seigneur de ce lieu, lequel ayant été exilé par ce prince, étoit revenu près de lui muni de lettres du pape Agapet. On prétend que Clotaire pour réparer son crime, érigea Yvetot en royaume ; mais cette histoire, dont on n’a parlé pour la premiere fois que 900 ans après la mort de ceux qui y avoient quelque part, est regardée comme fabuleuse par tous les bons historiens.

Chopin, sur la coûtume d’Anjou, liv. II. part. III. tit. jv. ch. ij. n. 2. rapporte un arrêt du 13 Mars 1562, par lequel un seigneur fut privé de la foi, hommage, & service que son vassal lui devoit pour lui avoir donné un soufflet dans une chambre du parlement de Paris.

Voyez les coûtumes de Laon, articles 196. & 197. Chalons, art. 197. & 198. Reims, art. 129. & 130. Ribemont, art. 31. Saint-Pol, art. 32. & Billecoq, tr. des fiefs, liv. XII. ch. ij. jv. & xiij. (A)

FELOUQUE, s. f. (Marine.) c’est un petit bâtiment de la mer Méditerranée, en forme de chaloupe, qui va à la voile & à la rame. Ce bâtiment a cela de particulier, qu’il peut porter son gouvernail à l’avant ou à l’arriere selon son besoin, à cause que son étrave & son étambort sont également garnis de penture pour le soûtenir. Ce bâtiment a d’ordinaire six ou sept rameurs, & va très-vîte. (Z)

FELOURS, s. m. (Comm.) monnoie de cuivre ; c’est le liard de Maroc ; il en faut huit pour la blanquette, & la blanquette six blancs de notre monnoie.

FELTRI, Feltria ; (Géog.) ancienne ville d’Italie, dans la marche Trévisane, capitale d’un petit pays de même nom, avec un évêque suffragant d’Aquilée. Les Vénitiens possedent le Feltrin, & Feltri depuis 1404. Elle est sur l’Arona, à 12 lieues N. de Padoüe, 7 S. O. de Belluno, 16 N. O. de Venise. C’est la patrie de Victorin, l’un des premiers restaurateurs de l’ancienne latinité. Long. 29. 26. lat. 46. 3. (D. J.)

FEMELLE, s. f. (Hist. nat.) c’est le correlatif de mâle. C’est celui qui conçoit & met au monde le petit. Voyez Sexe.

FEMELLES, s. f. (Marine.) ce sont des anneaux qui portent le gouvernail : on appelle mâles, les fers qui entrent dans ces anneaux. Voyez Ferrure de Gouvernail. (Z)

Femelle. Les Filassiers appellent de ce nom une espece de chanvre menu & fin, qui ne produit point de graine, mais dont la filasse est beaucoup plus belle que le mâle, qui n’est propre qu’à faire des cordages ou des grosses toiles à vil prix. Voyez Corderie.

Femelle claire, en terme de Plumassier ; ce sont des plumes d’une autruche femelle, blanches & noires, mais où le blanc domine sur le noir.

Femelle obscure, en Plumasserie, ce sont des plumes d’une autruche femelle, noires & blanches, mais où il y a plus de noir que de blanc.

FEMEREN ou FEMERN, (Géog.) Cimbria, dont

ensuite on a fait Simbria, est une petite île de Danemark, dans la mer Baltique, à deux milles du duché d’Holstein. Elle est fort fertile en grains & en pâturages. Voyez Audrifret, Maty, Deshayes, voyage de Danemark, &c. Long. 28. 50 - 29. lat. 54. 40 - 4. 2.

Kortholt (Christian) professeur en Théologie à Kiel, né dans l’île de Fémeren en 1633, mort en 1694, enrichit l’Allemagne d’un grand nombre de livres, & laissa des fils qui marcherent sur ses traces. (D. J.)

FEMININ, INE, adj. (Gramm.) c’est un qualificatif qui marque que l’on joint à son substantif une idée accessoire de femelle : par exemple, on dit d’un homme qu’il a un visage féminin, une mine féminine, une voix féminine, &c. On doit observer que ce mot a une terminaison masculine & une féminine. Si le substantif est du genre masculin, alors la Grammaire exige que l’on énonce l’adjectif avec la terminaison masculine : ainsi l’on dit, un air féminin, selon la forme grammaticale de l’élocution ; ce qui ne fait rien perdre du sens, qui est que l’homme dont on parle a une configuration, un teint, un coloris, une voix, &c. qui ressemblent à l’air & aux manieres des femmes, ou qui réveillent une idée de femme. On dit au contraire, une voix féminine, parce que voix est du genre féminin : ainsi il faut bien distinguer la forme grammaticale, & le sens ou signification ; ensorte qu’un mot peut avoir une forme grammaticale masculine, selon l’usage de l’élocution, & réveiller en même tems un sens féminin.

En Poésie on dit, rime féminine, vers féminins, quoique ces rimes & ces vers ne réveillent par eux-mêmes aucune idée de femme. Il a plû aux maîtres de l’art d’appeller ainsi, par extension ou imitation, les vers qui finissent par un e muet ; ce qui a donné lieu à cette dénomination, c’est que la terminaison féminine de nos adjectifs finit toûjours par un e muet, bon, bon-ne ; un, u-ne ; saint, sain-te ; pur, pu-re ; horloger, horloge-re, &c.

Il y a différentes observations à faire sur la rime féminine ; on les trouvera dans les divers traités que nous avons de la poésie françoise. Nous en parlons au mot Rime.

Le peuple de Paris fait du genre féminin certains mots que les personnes qui parlent bien font, sans contestation, masculins ; le peuple dit : une belle éventaille, au lieu d’un bel éventail ; & de même une belle hôtel, au lieu d’un bel hôtel. Je crois que le l qui finit le mot bel, & qui se joint à la voyelle qui commence le mot a donné lieu à cette méprise. Ils disent enfin, la premiere âge, la belle âge ; cependant âge est masculin, l’âge viril, l’âge mûr, un âge avancé. Voyez Genre. (F)

FEMME, s. f. (Anthropologie.) fæmina, γυνὴ, ischa en hébreu ; c’est la femelle de l’homme. Voyez Homme, Femelle, & Sexe.

Je ne parlerai point des différences du squelette de l’homme & de la femme : on peut consulter là-dessus M. Daubenton, description du cabinet du Roi, tome III. hist. natur. pag. 29 & 30 ; Monro, appendix de son Ostéologie ; & Ruysch qui a observé quelque chose de particulier sur la comparaison des côtes dans les deux sexes. Voyez Squelette.

Je ne ferai point une description des organes de la génération ; ce sujet appartient plus directement à d’autres articles. Mais il semble qu’il faut rapporter ici un système ingénieux sur la différence de ces organes dans l’homme & dans la femme.

M. Daubenton, tom. III. hist. nat. pag. 200. après avoir remarqué la plus grande analogie entre les deux sexes pour la secrétion & l’émission de la semence, croit que toute la différence que l’on peut trouver dans la grandeur & la position de certaines parties, dépend de la matrice qui est de plus dans les femmes que dans les hommes, & que ce viscere ren-