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se separe du suc exprimé de certaines racines, & se précipite à la maniere des feces.

Les racines dont on tire communément les fécules, sont la bryone, l’iris nostras, & le pié-de-veau. Voyez ces différens articles.

On attribuoit autrefois à ces fécules les vertus médicinales des racines dont on les retiroit. Zwelfer a le premier combattu cette erreur : il dit dans ses notes sur la pharmacopée d’Augsbourg, que les fécules ne sont rien autre chose que des poudres subtiles farineuses, privées du suc végétal, qui n’ont conséquemment aucune efficacité, aucune vertu. Dans son appendix ad animadversiones, il appelle les fécules un médicament inutile & épuisé, inutile & effetum medicamenti genus. Qui pourra croire, ajoûte-t-il, qu’une racine que l’on a épuisée de son suc par l’expression, ait encore les vertus qu’elle avoit auparavant ? or les fécules sont dans ce cas ; elles ne different point du reste de la racine que l’on rejette comme inutile, & conséquemment on doit les bannir de l’usage médicinal.

Nous pensons aujourd’hui comme Zwelfer : on ne garde plus les fécules dans les boutiques, & les Medecins ne les demandent plus.

On donne aussi quelquefois le nom de fécules, à ces feces vertes qui se séparent des sucs exprimés des plantes lorsqu’on les purifie. Voyez Partie colorante verte des plantes, au mot Végétal. (b)

FÉCULENCE, s. f. (Medecine.) Les Medecins se servent quelquefois de ce terme, pour désigner la matiere sédimenteuse des urines. Voyez Urine, Sédiment. (d)

FÉES, s. f. (Belles-Lettr.) termes qu’on rencontre fréquemment dans les vieux romans & les anciennes traditions ; il signifie une espece de génies ou de divinités imaginaires qui habitoient sur la terre, & s’y distinguoient par quantité d’actions & de fonctions merveilleuses, tantôt bonnes, tantôt mauvaises.

Les fées étoient une espece particuliere de divinités qui n’avoient guere de rapport avec aucune de celles des anciens Grecs & Romains, si ce n’est avec les larves. Voyez Larves. Cependant d’autres prétendent avec raison qu’on ne doit pas les mettre au rang des dieux ; mais ils supposent qu’elles étoient une espece d’êtres mitoyens qui n’étoient ni dieux ni anges, ni hommes ni démons.

Leur origine vient d’Orient, & il semble que les Persans & les Arabes en sont les inventeurs, leur histoire & leur religion étant remplies d’histoires de fées & de dragons. Les Perses les appellent peri, & les Arabes ginn, parce qu’ils ont une province particuliere qu’ils prétendent habitée par les fées ; ils l’appellent Gimnistan, & nous la nommons pays des fées. La reine des fées, qui est le chef-d’œuvre du poëte anglois Spencer, est un poëme épique, dont les personnages & les caracteres sont tirés des histoires des fées.

Naudé, dans son Mascurat, tire l’origine des contes des fées, des traditions fabuleuses sur les parques des anciens, & suppose que les unes & les autres ont été des députés & des interpretes des volontés des dieux sur les hommes ; mais ensuite il entend par fées, une espece de sorcieres qui se rendirent célebres en prédisant l’avenir, par quelque communication qu’elles avoient avec les génies. Les idées religieuses des anciens, observe-t-il, n’étoient pas à beaucoup près aussi effrayantes que les nôtres, & leur enfer & leurs furies n’avoient rien qui pût être comparé à nos démons. Selon lui, au lieu de nos sorcieres & de nos magiciennes, qui ne font que du mal, & qui sont employées aux fonctions les plus viles & les plus basses, les anciens admettoient une espece de déesses moins malfaisantes, que les auteurs latins appelloient albas dominas : rarement elles faisoient

du mal, elles se plaisoient davantage aux actions utiles & favorables. Telle étoit leur nymphe Egerie, d’où sont sorties sans doute les dernieres reines fées, Morgane, Alcine, la fée Manto de l’Arioste, la Gloriane de Spencer, & d’autres qu’on trouve dans les romans anglois & françois ; quelques-unes présidoient à la naissance des jeunes princes & des cavaliers, pour leur annoncer leur destinée, ainsi que faisoient autrefois les parques, comme le prétend Hygin, ch. clxxj. & clxxjv.

Quoi qu’en dise Naudé, les anciens ne manquoient point de sorcieres aussi méchantes qu’on suppose les nôtres, témoin la Canidie d’Horace, ode V. & satyre j. 5. Les fées ne succéderent point aux parques ni aux sorcieres des anciens, mais plûtôt aux nymphes ; car telle étoit Egerie. Voyez Nymphes, Parques, &c.

Les fées de nos romans modernes sont des êtres imaginaires que les auteurs de ces sortes d’ouvrages ont employés pour opérer le merveilleux ou le ridicule qu’ils y sement, comme autrefois les poëtes faisoient intervenir dans l’épopée, dans la tragédie, & quelquefois dans la comédie, les divinités du Paganisme : avec ce secours, il n’y a point d’idée folle & bisarre qu’on ne puisse hasarder. Voy. l’article Merveilleux. Dictionn. de Chambers. (G)

FÉERIE, s. f. On a introduit la féerie à l’opéra, comme un nouveau moyen de produire le merveilleux, seul vrai fond de ce spectacle. Voyez Merveilleux, Opéra.

On s’est servi d’abord de la magie. Voyez Magie. Quinault traça d’un pinceau mâle & vigoureux les grands tableaux des Medée, des Arcabonne, des Armide, &c. les Argines, les Zoradïes, les Phéano, ne sont que des copies de ces brillans originaux.

Mais ce grand poëte n’introduisit la féerie dans ses opéra, qu’en sous-ordre. Urgande dans Amadis, & Logistille dans Rolland, ne sont que des personnages sans intérêt, & tels qu’on les apperçoit à peine.

De nos jours le fond de la féerie, dont nous nous sommes formés une idée vive, legere & riante, a paru propre à produire une illusion agréable, & des actions aussi intéressantes que merveilleuses.

On avoit tenté ce genre autrefois ; mais le peu de succès de Manto la fée, & de la Reine des Peris, sembloit l’avoir décrédité. Un auteur moderne, en le maniant d’une maniere ingénieuse, a montré que le malheur de cette premiere tentative ne devoit être imputé ni à l’art ni au genre.

En 1733, M. de Moncrif mit une entrée de féerie dans son ballet de l’empire de l’Amour ; & il acheva de faire goûter ce genre, en donnant Zelindor roi des Silphes.

Cet ouvrage qui fut représenté à la cour, fit partie des fêtes qui y furent données après la victoire de Fontenoy. Voyez MM. Rebel & Francœur qui on ont fait la musique, ont répandu dans le chant une expression aimable, & dans la plûpart des symphonies un ton d’enchantement qui fait illusion : c’est presque partout une musique qui peint, & il n’y a que celle-là qui prouve le talent, & qui mérite des éloges. (B)

FÉEZ, s. f. pl. (Jurisp.) dans la coûtume d’Anjou, article 359, sont les faix ou charges féodales & foncieres, & toutes autres charges réelles des héritages. (A)

FEILLETTE, FEUILLETTE ou FILLETTE, s. f. (Comm.) sorte de tonneau destiné à mettre du vin ; il signifie aussi une petite mesure de liqueurs. Voyez Feuillette. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

* FEINDRE, c’est en général se servir, pour tromper les hommes, & leur en imposer, de toutes les démonstrations extérieures qui designent ce qui se passe dans l’ame. On feint des passions, des desseins,