Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/459

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
450
FAU

sans permission par écrit, encourt la peine des galeres. Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

Faux-Saunier. celui qui fait le trafic du faux-sel, qui exerce le faux-saunage. Voyez Faux-saunage.

Faux-Sel, s. m. (Commerce.) c’est le sel des pays étrangers qui est entré en France sans permission, ou celui qui se trouvant dans l’étendue de la ferme des gabelles, n’a pas été pris au grenier à sel de l’adjudicataire, ou aux regrats. Voyez Regrat &. Dict. de Comm. (G)

Faux-Soldat, ou plûtôt passe-volant, (Art mil.) soldat qu’on fait passer en revûe quoiqu’il ne soit point réellement engagé. Voyez Fagot, Passe-Volant. « Ceux qui exposent, dit le chevalier de Ville, les passe-volans & les demi-pages aux montres, s’excusent, disant que ce sont gens effectifs ; & qu’encore qu’ils ne leur donnent pas l’argent du roi, ils ne laissent pas d’être dans la place ; & qu’au besoin, ils feroient aussi-bien à la défense, comme les soldats qui reçoivent la montre tous les mois ». Cette raison n’est pas fort pertinente, parce que les passe-volans ne sont pas obligés à demeurer dans la place ni servir, &c. De la charge des gouverneurs, par le chevalier de Ville. (Q)

Faux-Témoin, s. m. est celui qui dépose ou atteste quelque chose contre la vérité. Voy Témoin. (A)

Fausse-Attaque, c’est, dans la guerre des siéges, une attaque qui n’a pour objet que de partager les forces de l’ennemi, pour trouver moins de résistance du côté par où l’on veut pénétrer.

On fait ordinairement une fausse-attaque dans un siége. On en fait aussi dans l’escalade. Voyez Attaque & Escalade.

Il arrive quelquefois que la fausse-attaque devient la véritable, lorsqu’on éprouve moins de résistance du côté qu’elle se fait, que des autres côtés. On fait encore de fausses-attaques, lorsqu’on veut forcer des lignes & des retranchemens. (Q)

Fausse-Braye, c’est, dans la Fortification, une seconde enceinte au bord du fossé ; elle consiste dans un espace de quatre ou cinq toises au niveau de la campagne, entre le bord du fossé & le côté extérieur du rempart couvert, par un parapet construit de la même maniere que celui du rempart de la place. L’usage de la fausse-braye est de défendre le fossé par des coups, qui étant tirés d’un lieu moins élevé que le rempart, peuvent plus facilement être dirigés vers toutes les parties du fossé. Marolois, Fritach, Dogen, & plusieurs autres auteurs, dont les constructions ont été adoptées des Hollandois, faisoient des fausses-brayes à leurs places. On ne s’en sert plus à-présent ; parce que l’on a observé que lorsque l’ennemi étoit maître du chemin-couvert, il lui étoit aisé de plonger du haut du glacis dans les faces de la fausse-braye, & de les faire abandonner ; ensorte qu’on ne pouvoit plus occuper que la partie de cet ouvrage vis-à-vis la courtine. Quand le rempart étoit revêtu de maçonnerie, les éclats causés par le canon, rendoient aussi cette partie très-dangereuse : les bombes y faisoient d’ailleurs des desordres, auxquels on ne pouvoit remédier. Ajoûtez à ces inconvéniens la facilité que donnoit la fausse-braye pour prendre les places par l’escalade, lorsque le fossé étoit sec. Lorsqu’il étoit plein d’eau, la fausse-braye se trouvoit également accessible dans les grandes gelées. Tous ces desavantages ont assez généralement engagé les ingénieurs modernes à ne plus faire de fausse-braye, si ce n’est vis-à-vis les courtines, où les tenailles en tiennent lieu. Voyez Tenailles. La citadelle de Tournay, construite par M. de Megrigny, & non point par M. de Vauban, comme on le dit dans un ouvrage attribué à un auteur très-célebre, avoit ce-

pendant une fausse-braye. Mais M. de Folard prétend que cet ouvrage lui avoit été ajoûté, pour corriger les défauts de la premiere enceinte. (Q)

Fausses-Côtes, (Anat.) on donne ce nom aux cinq côtes inférieures de chaque côté, dont les cartilages ne s’attachent point immédiatement au sternum. Le diaphragme qui tient à ces cinq côtes par son bord circulaire, laisse dans les cadavres couchés sur le dos, un grand vuide qui répond à ces côtes, & qui renferme l’estomac, le foie, la rate. Comme ces visceres sont dits naturels, M. Monro croit qu’ils ont fait appeller les côtes correspondantes, bâtardes ou fausses. Voyez son anatomie des os, troisieme édition, pag. 223. Il est plus vraissemblable qu’on a considéré qu’elles étoient plus cartilagineuses, moins osseuses, & moins vraies en ce sens, que les supérieures. Voyez Côtes. (g)

Fausse-Couche, s. f. (Physiolog. Med. Droit politiq.) expulsion du fœtus avant terme.

En effet, comme une infinité de causes s’opposent souvent à l’accroissement du fœtus dans l’utérus, & le chassent du sein maternel avant le tems ordinaire ; pour lors la sortie de ce fœtus hors de la matrice avant le terme prescrit par la nature, a été nommée fausse-couche ou avortement.

Je sai que les Medecins & les Chirurgiens polis employent dans le discours le premier mot pour les femmes, & le dernier pour les bêtes ; mais le physicien ne fait guere d’attention au choix scrupuleux des termes, quand il est occupé de l’importance de la chose : celle-ci intéresse tous les hommes, puisqu’il s’agit de leur vie dès le moment de la conception. On ne sauroit donc trop l’envisager sous diverses faces ; & nous ne donnerons point d’excuse au lecteur pour l’entretenir plus au long sur cette matiere, qu’on ne l’a fait sous le mot avortement : il est quelquefois indispensable de se conduire ainsi pour le bien de cet ouvrage.

Les signes présomptifs d’une fausse-couche prochaine, sont la perte subite de la gorge, l’évacuation spontanée d’une liqueur séreuse, par les mamelons du sein ; l’affaissement du ventre dans sa partie supérieure & dans ses côtés ; la sensation d’un poids & d’une pesanteur dans les hanches & dans les reins, accompagnée ou suivie de douleurs ; l’aversion pour le mouvement dans les femmes actives ; des maux de tête, d’yeux, d’estomac ; le froid, la foiblesse, une petite fievre, des frissons, de legeres convulsions, des mouvemens plus fréquens & moins forts du fœtus, lorsque la grossesse est assez avancée pour qu’une femme le puisse sentir. Ces divers signes plus ou moins marqués, & sur-tout réunis, font craindre une fausse-couche, & quelquefois elle arrive sans eux. On la présume encore plus sûrement par les causes capables de la procurer, & par les indices du fœtus mort, ou trop foible.

Les signes avant-coureurs immédiats d’une fausse-couche, sont l’accroissement & la réunion de ces symptomes, joints à la dilatation de l’orifice de la matrice, aux envies fréquentes d’uriner, à la formation des eaux, à leur écoulement, d’abord purulent, puis sanglant ; ensuite à la perte du sang pur ; enfin à celle du sang grumelé, ou de quelque excrétion semblable & extraordinaire.

Les causes propres à produire cet effet, quoique très-nombreuses, peuvent commodément se rapporter, 1° à celles qui concernent le fœtus, ses membranes, les liqueurs dans lesquelles il nage, son cordon ombilical, & le placenta ; 2° à l’utérus même ; 3° à la mere qui est enceinte.

Le fœtus trop foible, ou attaqué de quelque maladie, est souvent expulsé avant le terme ; accident qu’on tâche de prévenir par des corroborans : mais quand le fœtus est mort, monstrueux, dans une situa-