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position intérieure de plusieurs substances, & surtout de certains sels & de certains extraits. Voyez Extrait, voyez aussi Sel. Il faut dans ces cas exécuter l’évaporation à une foible chaleur.

On a communément recours au bain-marie dans ces occasions ; & ce secours est non-seulement très commode à cet égard, mais il devient même quelquefois nécessaire lorsqu’on est obligé de se servir de vaisseaux de terre ou de verre, qu’on n’expose au feu nud qu’avec beaucoup de risque. On est dans le cas de se servir indispensablement de vaisseaux de terre ou de verre, lorsque les matieres à traiter s’altéreroient en attaquant les vaisseaux de métal. Les dissolutions de sel qu’on veut disposer à la crystallisation par l’évaporation, se traitent toûjours dans des vaisseaux de terre ou de verre. Voyez Vaisseaux, voyez Sel.

On exécute des évaporations dans toute la latitude du feu chimique, qui s’étend depuis le degré le plus foible (voyez Feu) jusqu’à l’ébullition des liquides composés, qui sont les sujets ordinaires des évaporations, c’est-à-dire des dissolutions plus ou moins rapprochées de divers sels, des décoctions de végétaux ou de substances animales, &c. L’évaporation qui s’opere par la seule chaleur de l’atmosphere, est connue dans l’art sous le nom d’évaporation insensible. Notre célebre M. Roüelle a employé l’évaporation insensible avec un très-grand avantage dans ses travaux sur les sels. Voyez Sel, voyez Crystallisation. Elle n’est pratiquable que sur ces substances ; tous les autres composés solubles dans l’eau, éprouveroient dans les mêmes circonstances un mouvement intestin qui les dénatureroit. Voyez Fermentation.

Les lois de manuel, selon lesquelles il faut hâter, retarder ou suspendre l’évaporation, se déduisent des différentes vûes qu’on se propose en l’employant, & se trouvent dans les articles particuliers où il s’agit de produits chimiques ou pharmaceutiques obtenus par ce moyen. Voyez Crystallisation, Sirop, Rob, Gelée, &c. (b)

EVAPORER, v. act. (Docimast.) ou faire fumer une coupelle, se dit de la dessiccation qu’on lui donne en la mettant renversée sous la mouffle une heure avant que d’y mettre le régule, si elle est faite de cendres de bois, parce qu’il y reste presque toûjours une petite portion d’alkali qui attire l’humidité de l’air. Celles qui sont faites de cendres d’os d’animaux, ne veulent pas être recuites pendant si long-tems, parce qu’elles ne retiennent pas l’humidité aussi fortement ; elles ne contiennent que celle qui se répand assez uniformément dans tous les corps environnés de l’atmosphere, qu’elles prennent à la vérité en assez grande quantité par leur qualité d’absorbans. On peut constater la présence de l’humidité dans les coupelles, par la distillation ; mais ce n’est pas pour la leur enlever seulement qu’on les évapore, c’est encore pour dissiper quelques portions de phlogistique qui peut y être, soit de la part des liqueurs mucilagineuses, avec lesquelles on pelote la cendrée pour l’humecter, ou des petites molécules de charbon que la calcination n’aura pû détruire : ainsi faute d’évaporer la coupelle, il peut arriver ou que le plomb soit enlevé par petites gouttes par l’expansion des vapeurs aqueuses sortant avec impétuosité de la coupelle, ou réduit par le phlogistique qu’il y trouve ; ce qui occasionnant une effervescence & un boursoufflement, fait fendre la coupelle. Quand les vapeurs sont en petite quantité, le plomb ne fait que se trémousser & changer de place ; ensorte qu’il se répand quelquefois. Voyez Coupelle & Affinage, au mot Essai. Cet article est de M. de Villiers.

* EVASER, v. act. (Art méchaniq.) c’est aggrandir l’ouverture, ensorte que l’orifice de la chose évasée

soit plus étendu que son fond. On n’évase que ce qui étoit déjà ouvert.

Evaser, Evasé, (Jardin.) On dit qu’un arbre est trop évasé, quand il a trop de circonférence : on le dit de même d’une fleur. (K)

EVATES, subst. m. (Hist. anc.) c’étoit une branche ou division des druides, anciens philosophes celtiques. Voyez Druides.

Strabon divise les philosophes bretons & gaulois en trois sectes, les bardes, les évates, les druides. Il ajoûte que les bardes étoient poëtes & musiciens ; les évates, prêtres & naturalistes ; & les druides, moralistes aussi-bien que naturalistes : mais Marcellin, Vossius, & Hornius les réduisent tous à deux sectes, savoir, les bardes & les druides. Enfin César, liv. VI. les renferme tous sous le nom de druides.

Les évates ou vates de Strabon sont probablement ceux que d’autres auteurs, & particulierement Ainmien Marcellin appelle eubages ; mais M. Bouche, dans son Histoire de Provence, liv. I. chap. ij. les distingue.

« Les vates, dit-il, étoient ceux qui prenoient soin des sacrifices & des autres cérémonies de la religion ; & les eubages passoient leur tems à la recherche & à la contemplation des mysteres de la nature. » Voyez Eubages. Chambers. (G)

EVAUX, (Géog. mod.) ville du Bourbonnois, en France. Long. 20. 10. lat. 46. 15.

EUBAGES, s. m. (Hist. anc.) étoient une classe de prêtres ou philosophes chez les anciens Celtes ou Gaulois. Chorier pense que les eubages sont les mêmes que les druides & les saronides de Diodore : d’autres pensent que les eubages sont ceux que Strabon, liv. IV. p. 196. appelle évates ou vates. Sur ce principe, il y a lieu de conjecturer qu’il devroit avoir écrit eugages ; étant très-facile de prendre Γ pour Τ. Voyez Evates.

Quoi qu’il en soit, les eubages paroissent avoir été une classe différente des druides. Voyez Druides. Dict. de Trév. & Chambers. (G)

* EUBOULIE, s. f. (Mythol.) déesse du bon conseil ; elle avoit un temple à Rome. Son nom est formé de εὖ), bien, & de βουλὴ, conseil.

EUCHARISTIE, s. f. (Théol.) du grec εὐχαριστία, action de graces ; sacrement de la loi nouvelle, ainsi nommé parce que Jesus-Christ, en l’instituant dans la derniere cene, prit du pain, & rendant graces à son pere, benit ce pain, le rompit, le distribua à ses apôtres, en leur disant, ceci est mon corps ; & que c’est le principal moyen par lequel les Chrétiens rendent graces à Dieu, par Jesus-Christ.

On l’appelle aussi cene du Seigneur, parce qu’il fut institué dans la derniere cene ; communion, parce que c’est le lien d’unité du corps de Jesus-Christ & de l’Église ; Saint Sacrement, & parmi les Grecs, les Saints mysteres par excellence, parce que c’est le principal des signes des choses sacrées établi par Jésus-Christ ; viatique, parce qu’il est particulierement nécessaire pour fortifier les fideles dans le passage de cette vie à l’autre. Les Grecs l’appellent synaxe ou eulogie, parce que c’est le lien de l’assemblée du peuple, & la source des bénédictions de Dieu sur les Chrétiens. Voyez Communion, Sacrement, Mystere, Viatique, &c.

Les Théologiens catholiques définissent l’eucharistie ; un sacrement de la loi nouvelle, qui, sous les especes ou apparences du pain & du vin, contient réellement, véritablement, & substantiellement le corps & le sang de Notre-Seigneur Jesus-Christ, pour être la nourriture spirituelle de nos ames, en y entretenant la vie de la grace. Ils la considerent aussi comme un sacrifice proprement dit, dans lequel Jesus-Christ est offert à Dieu son pere par le ministere des prêtres, & renouvellé, d’une maniere non sanglante, le sacrifice sanglant qu’il fit de sa vie