Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/584

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un rang subordonné, 300 ; qu’il avoit fixé le terme de l’émeritat, & les récompenses des différentes sortes d’émérites ; que parmi ces émérites les uns devoient avoir servi seize ans, d’autres vingt, & que Caligula rabaissa à la moitié la récompense de l’émérite prétorien. L’émérite, de quelque rang qu’il fût, étoit très-estimé, & il n’en étoit point réduit, après la campagne, à la fonction de délateur de ses compagnons.

* EMERITE, s. m. (Hist. mod.) On donne dans la faculté des Arts, ce titre aux professeurs qui ont vingt ans d’exercice. Ils conservent en quittant leur chaire, une pension de cinq cents livres ; récompense bien modique d’un long service rendu à la société dans un des emplois les plus importans & les plus pénibles, celui d’instruire la jeunesse.

EMERSION, s. f. en Physique, est l’élévation de quelque solide au-dessus de la surface d’un fluide plus pesant que lui, dans lequel il a été plongé avec force, ou jetté. Voyez Fluide. Ce mot vient d’emergere, sortir dehors, qui est opposé à mergere, plonger.

C’est une des lois connues de l’Hydrostatique, qu’un corps solide étant enfoncé avec force dans un fluide plus pesant, fait effort immédiatement après pour remonter ; & cela avec un degré de force égal à l’excès du poids d’un pareil volume du fluide sur le poids du solide même. Par exemple, un solide étant plongé dans un fluide d’une gravité spécifique double de la sienne, il remontera en-haut avec une force égale à la moitié de celle avec laquelle il descendroit dans l’air libre ou dans le vuide ; & il remontera jusqu’à ce que la moitié de son volume soit hors du fluide ou au-dessus de sa surface : car en cet état sa partie submergée occupera la place d’une portion de fluide d’une pesanteur égale à celle du corps entier ; & par conséquent la colonne dans laquelle se trouve ce corps, sera en équilibre avec les colonnes adjacentes. Voyez Fluide, Hydrostatique, Aréometre, Balance hydrostatique, Pesanteur spécifique.

Emersion, en Astronomie. On se sert de ce mot pour marquer que le Soleil, la Lune ou quelqu’autre planete recommencent à paroître, après avoir été éclipsés ou cachés par l’interposition de la Lune, de la Terre, ou de quelqu’autre corps céleste. Voyez Eclipse.

On trouve quelquefois les différences en longitude, par l’observation des immersions ou des émersions du premier satellite de Jupiter. Voyez Satellite & Longitude.

On se sert encore du terme émersion, lorsqu’une étoile ou planete que le Soleil cachoit, parce qu’il en étoit trop proche, commence à reparoître, en sortant, pour ainsi dire, des rayons de cet astre. Voyez Mercure.

Scrupules ou minutes d’émersion, c’est l’arc que le centre de la Lune décrit depuis le tems qu’elle commence à sortir de l’ombre de la Terre, jusqu’à la fin de l’eclipse. Wolf, Harris & Chambers. (O)

EMERUS, genre de plante à fleur papilionacée. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite une silique mince, qui renferme des semences presque cylindriques. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Emerus, (Jardinage.) c’est un arbrisseau qui croît naturellement dans la plûpart des contrées méridionales de l’Europe, & que l’on cultive dans les jardins pour l’ornement. Il jette du pié plusieurs tiges, dont l’écorce est grise sur le vieux bois, & verte sur les jeunes rameaux. Sa feuille d’un verd brun, est composée de sept ou neuf folioles placées sur une même queue, & qui sont très-ameres au goût. Ses fleurs jaunes, légumineuses, presque sans odeur, & fort approchantes de celles du genêt commun,

viennent jusqu’à trois ensemble le long des nouvelles branches ; elles commencent à paroître à la fin d’Avril, & leur durée est d’un mois. Sa graine est renfermée dans des siliques courbes & articulées, assez longues, mais fort minces. Cet arbrisseau est connu chez les Jardiniers sous le nom de securidaca : on lui donne aussi le nom de sené bâtard, à cause de quelques vertus un peu analogues avec celles du vrai sené ; mais ce nom est encore peu usité.

L’émerus ou sené bâtard croît promptement, se multiplie aisément, résiste à la rigueur des plus grands hyvers, n’exige aucune culture particuliere, & réussit dans tous les terreins, si ce n’est pourtant dans les terres fortes & humides, où il ne pousse que foiblement. On peut le multiplier de rejettons, dont il se garnit abondamment au pié ; de boutures qu’il faut faire au printems ; de branches couchées qu’il n’est pas besoin de marcoter ; ou de semences, qui sont mûres au mois de Septembre. Mais ce dernier moyen est le plus long, la bouture au contraire est la voie la plus facile & la plus courte. On peut faire avec du bois de tout âge ces boutures, qui seront propres à être transplantées l’automne suivante. Si l’on prend le parti de semer la graine, il faudra le faire au mois de Mars ; elle levera au bout d’un mois : on pourra l’automne suivante arracher les plans les plus forts, & les mettre en pépiniere pour donner de l’espace aux plus foibles.

On ne connoît que deux especes de cet arbrisseau.

1°. Le sené bâtard ordinaire ; il n’est pas si commun que le suivant, parce qu’il a moins d’agrément, & qu’on ne s’applique pas tant à le multiplier. Il s’éleve à huit ou dix piés. On ne peut guere l’employer qu’à garnir des bosquets, & tout au plus l’admettre dans des plates-bandes, où on pourra lui former une tête & le tailler en boule. Cette taille se doit faire au mois de Juin après la fleur passée ; mais il faudra s’en abstenir, si l’on se propose d’en recueillir les graines.

2°. Le petit sené bâtard. C’est l’un des jolis arbrisseaux que l’on puisse employer pour l’ornement d’un jardin. Il ne s’éleve qu’à quatre ou cinq piés. Sa feuille est plus petite que celle du précédent, & cependant l’arbrisseau en est plus garni, parce qu’elles sont placées plus près les unes des autres sur les branches. Mais sa fleur, qui a une teinte de rouge en-dehors, est plus brillante, & il en produit deux fois dans l’année ; d’abord au printems comme l’autre espece, ensuite en automne pendant tout le mois de Septembre & au-delà. Le plus bel emploi que l’on puisse faire de cet arbrisseau dans un jardin, c’est d’en former de petites palissades à hauteur d’appui, dont le verd-brun & stable tranchera avec toute autre verdure, & dont la durée des fleurs formera un aspect très-agréable pendant presque toute la belle saison. (c)

EMESE, (Géog. anc. & mod.) ville de la Syrie, en Asie ; elle est maintenant dans le gouvernement du bacha de Damas. Il y a encore aujourd’hui des ruines qui annoncent une ville anciennement opulente. On croit que c’est l’Emath de l’Ecriture-sainte.

EMETIQUE, (Thérapeutique.) Voyez Vomitif.

Emétique, (Tartre), Chimie & Matiere médic. Voyez sous le mot Tartre.

EMETTRE, (Jurisprud.) se dit en parlant de certains actes ; comme émettre un appel simple ou un appel comme d’abus, c’est interjetter un appel.

On dit d’un religieux qu’il a fait ses vœux ; mais en parlant de l’acte par lequel il les a proférés, on qualifie ordinairement cet acte d’émission de vœux. (A)

EMEU ou EME. Voyez Casoar.

Emeu ou Eme, s. m. (Hist. nat. Ornith.) oiseau des Molucques, qui a jusqu’à cinq piés de hauteur ;