Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/569

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

* EMBANQUER, v. act. ou neut. (Manufact. en soie) c’est passer les canons d’organcin à la cantre, pour se disposer à ourdir. Voyez Canons, Organcin & Cantre.

* EMBARBE, s. f. (Manuf. en soie.) ficelle servant au métier d’étoffes de soie ; elle a trois quarts d’aulne de long, & elle est bouclée par un de ses bouts. On enfile les embarbes les unes après les autres à une corde, afin que quand on veut s’en servir, elles ne puissent jamais être prises les unes avant les autres : leur usage dans le lisage des desseins, est d’arrêter les cordes de semple que la liseuse retient. Voyez Semple & Lire.

Peigner les embarbes, c’est les débrouiller après qu’on les a tirées du semple, & lorsque les lacs sont finis. Voyez Lacs.

EMBARBER, v. neut. terme de Riviere. Lorsqu’un bateau vient d’amont, & qu’il est prêt de passer un pont ou un pertuis, on dit : ce bateau va embarber l’arche avalante, ce bateau est près d’embarber le pertuis. Voyez Pertuis.

EMBARCADERE & EMBARCADOUR, s. m. (Mar.) Les Espagnols donnent ce nom aux ports & rades qu’ils ont le long des côtes de l’Amérique méridionale, & sur-tout dans la mer du Sud, où ils vont charger les marchandises & faire le commerce pour les villes qui sont dans le dedans des terres. Il y a des embarcaderes qui sont fort éloignées des villes : par exemple, Arica est l’embarcadere du Potosi ; Acapulco & la Vera crux peuvent être regardés comme les embarcaderes de la ville de Mexico. (Z)

EMBARDER, v. neut. (Marine.) c’est lorsqu’on fait faire au vaisseau un mouvement pour s’éloigner de l’endroit où il est. On dit : embarde au large, lorsqu’étant dans la chaloupe auprès du vaisseau, on pousse d’un côté ou d’autre pour s’en éloigner. Embarder se dit encore lorsqu’un vaisseau est à l’ancre, & qu’on lui fait sentir son gouvernail pour le jetter d’un côté ou d’un autre. (Z)

EMBARGO, s. m. (Marine.) Mettre un Embargo. On se sert de ce terme pour celui d’arrêt, ou pour signifier l’ordre que les souverains donnent pour arrêter tous les vaisseaux dans leurs ports, & empêcher qu’il n’en sorte aucun, afin de les trouver prêts pour leur service, en cas de besoin ; ce qu’on les oblige de faire en les payant. En France on dit fermer les ports. (Z)

EMBARILLÉ, adj. (Comm.) renfermé dans un baril ; ainsi on dit de la farine embarillée.

EMBARQUEMENT, s. m. (Comm.) l’action de charger des marchandises ou des troupes dans un vaisseau. Ce terme signifie aussi dans le Commerce, les frais qu’il en coûte pour embarquer des marchandises. Dictionnaires de Commerce, de Trévoux, & de Chambers. (G)

EMBARQUER des Marchandises, (Comm.) c’est en charger un vaisseau ou un bateau.

Un maître de vaisseau doit avoir le connoissement de toutes les marchandises qu’il embarque ; & un voiturier par eau, la lettre de voiture de celles dont son bateau est chargé, pour les représenter en cas de besoin.

Embarquer en grenier, c’est embarquer des marchandises sans être emballées ni empaquetées.

On embarque de cette sorte le sel, le blé, toutes sortes de grains, des légumes ; certains fruits, comme les pommes, les noix, le poisson sec, les métaux, &c. c’est-à-dire qu’on les met en tas dans des lieux secs & préparés exprès à cet usage dans les navires & bateaux. Dictionn. de Comm. de Trévoux, & Chambers. (G)

* EMBARRAS, s. m. il se prend au physique & au moral ; au physique, pour tout ce qui empêche la facilité d’un mouvement ou d’une action ; & au moral,

pour tout ce qui nuit à l’expédition prompte d’une affaire, ou à la commodité de la vie. On dit les embarras d’une route & les embarras du monde. On dit encore avoir l’esprit embarrassé d’affaires, être embarrassé de quelqu’un, &c.

EMBARRE, (Manége & Maréch.) cheval embarré. Voyez s’Embarrer, Embarrure.

EMBARRER, (s’) Manége & Maréch. Un cheval qui s’embarre, est celui qui se trouve tellement pris & arrêté après avoir passé l’une de ses jambes au-delà de la barre qui limitoit la place qu’il occupe dans l’écurie, qu’il ne peut plus l’en dégager. Dans les efforts qu’il fait pour y parvenir, il peut se blesser plus ou moins dangereusement. Voy. Embarrure. Des séparations en forme de cloison, la suspension des barres à une juste hauteur, préviendroient sans doute un pareil évenement. Voyez Ecurie. (e)

EMBARRURE, s. f. terme de Chirurgie, espece de fracture du crane, dans laquelle une esquille passe sous l’os sain, & comprime la dure-mere. Il faut tâcher de tirer avec adresse cette piece d’os avec des pincettes convenables. Si l’on croit n’y pouvoir réussir, ou si en faisant des tentatives il y a du risque de causer quelque déchirement à la dure-mere, il faut appliquer le trépan, & le multiplier, si le besoin le requiert, afin de pouvoir enlever facilement la piece d’os qui forme l’embarrure. Voyez Engisomme & Trépaner. (Y)

Embarrure, s. f. (Manége & Maréch.) On appelle improprement ainsi tout accident qui suit l’action de s’embarrer : l’effet ou la maladie est donc ici désigné & reconnu par le nom même de la cause qui l’a produit.

Ces accidens ne se bornent pas toûjours à de simples écorchures ; ils consistent souvent dans des contusions plus ou moins dangereuses, selon qu’elles sont plus ou moins fortes & plus ou moins profondes, & selon aussi la nature de la partie contuse & affectée.

L’écorchure est une legere solution de continuité, une érosion qui n’intéresse que les poils, l’épiderme, les fibres & les petits vaisseaux cutanés.

Il est certain que l’embarrure limitée à ce seul évenement, ne peut jamais être envisagée comme une maladie grave ; elle est cependant quelquefois accompagnée d’inflammation, ce que l’on reconnoît aisément à la sensibilité que témoigne l’animal. lorsque nous portons la main sur cette plaie superficielle, à la chaleur & au gonflement qui se manifeste dans ses environs ; & alors elle exige plus d’attention de la part du maréchal.

Il ne suffit pas en effet de recourir à des pommades ou à des liqueurs dessiccatives ; il s’agit premierement de détendre & de calmer. L’application prématurée de ces topiques qui ne conviennent que dans le cas de l’absence de tous les signes dont je viens de parler, augmenteroit inévitablement le mal : on oindra donc d’abord le lieu où le siége en est établi, avec un mêlange de miel & d’onguent d’althæa, jusqu’à ce que la douleur s’évanoüisse ; à mesure qu’elle se dissipera, on supprimera insensiblement l’althæa pour lui substituer l’onguent pompholix ou l’onguent de céruse toûjours mêlée avec le miel ; & la plaie étant enfin dessechée par ce moyen, on procurera la regénération des poils : il n’est point de voie plus assûrée pour y parvenir, que celle d’oindre la partie qui en est dépourvûe avec l’onguent suivant.

« Prenez pampre de vigne que vous pilerez dans un mortier de fonte ; après en avoir broyé une petite quantité, ajoûtez-y du miel ; broyez de nouveau le tout, reprenez des pampres, pilez-les & ajoûtez encore du miel ; continuez jusqu’à ce que vous ayez préparé assez de cet onguent, que vous