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en audace, & encore moins en effronterie. Hardi se prend aussi au figuré ; une voûte hardie. Effronté ne se dit que des personnes. Hardi & audacieux se disent des personnes, des actions, & des discours. (O)

* EFFRONTÉS, adj. pris subst. (Hist. ecclésiast.) hérétiques qui parurent en 1534. Ils se prétendoient chrétiens, sans avoir reçu le baptême. Le S. Esprit, selon eux, n’étoit point une personne divine ; l’adoration qu’on lui rendoit étoit une idolatrie ; il n’étoit que la figure des mouvemens qui élevent l’ame à Dieu. Ils alloient le front raclé avec un fer jusqu’au sang, & pansé avec de l’huile : cérémonie dans laquelle ils faisoient apparemment consister le baptême.

EFFUMER, v. act. terme de Peinture qui signifie rendre des objets moins sensibles, les moins prononcés, pour qu’ils appellent moins la vûe. On dit, il faut effumer telle partie, ce contour, &c.

* EFFUSION, s. f. (Gram.) c’est l’action de verser ou répandre d’un vaisseau un liquide qui est contenu en quelque quantité, ou avec quelque degré de vîtesse. Voyez Fluide.

* Effusion, (Astron.) c’est la partie du signe du Verseau qui est renfermée dans les globes & dans les planispheres célestes, par l’eau qui sort de l’urne du Verseau. Voyez Verseau.

* Effusion, (Hist. anc.) on faisoit dans les anciens sacrifices des Payens différentes effusions, qu’on nommoit libations. Voyez Libations.

* Effusion de la farine, (Histoire anc.) c’est ainsi que les anciens appelloient une de leurs danses burlesques, dont il ne nous est resté que le nom avec la connoissance du caractere.

Effusion, (Med.) écoulement des humeurs qui s’épanchent par leurs vaisseaux ou leurs réservoirs blessés ou rompus, dans la membrane cellulaire, dans d’autres cavités du corps, ou hors du corps.

Le sang & la lymphe répandus dans la membrane cellulaire par la blessure ou la rupture des vaisseaux sanguins, est une espece d’effusion à laquelle se rapportent l’anevrysme faux & l’échymose, qui succede à une saignée. Il faut encore rapporter ici l’épanchement du chyle, des excrémens, de l’urine, de la bile, occasionné par quelque rupture ou quelque blessure de l’œsophage, de l’estomac, des intestins, de la vessie, & de la vésicule du fiel. Enfin la chûte du fœtus dans le bas-ventre par la rupture de l’utérus, est une sorte d’effusion.

Tout ce qui peut blesser, former des contusions, des ruptures, de violentes distensions, causera l’effusion des humeurs, comme aussi si l’on ôte l’appui & le soûtien des parties.

Par l’effusion 1°. la partie ou le corps est privé de son humeur naturelle : 2°. l’humeur épanchée comprime par son poids les parties voisines : 3°. cette humeur se corrompant par le séjour, produit plusieurs autres maux.

Il faut donc réunir & consolider, s’il est possible, le vaisseau ou le réservoir ouvert ; ôter l’humeur extravasée ; soûtenir la partie qui a été ouverte, afin d’empêcher un nouvel écoulement. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EFFOURCEAU, s. m. assemblage massif & fort d’un timon, de deux roues, & de leur essieu, dont on se sert pour le transport des gros fardeaux, comme corps d’arbres, poutres, &c. On suspend ces poids à l’essieu avec des chaînes.

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EGAGROPILE, s. f. (Hist. nat.) pelote de poil qui se forme dans l’estomac des animaux ruminans, tels que ceux de l’espece du taureau, du bélier, du bouc, &c. Comme ils se lechent fort souvent, sur-

tout dans le tems qu’ils sont en repos, ils s’enlevent le poil & l’avalent en grande quantité. Cette substance ne peut se digérer ; elle reste dans la panse qui est le premier des quatre estomacs des ruminans, s’y pelotonne, & se revêt avec le tems d’une croûte brune assez solide, qui n’est cependant qu’un mêlange épaissi, mais qui par le frotement & la coction, devient dur & luisant. Hist. nat. gen. & part. tome IV. p. 469. Il y a au cabinet d’histoire naturelle du Roi une égagropile qui a quatre pouces & demi de diametre. (I)

* Egagropiles. s. f. pl. (Mat. med.) elles n’ont aucune propriété médicinale. Cependant combien ne leur en a-t-on pas attribué ? Avant qu’on en connût la nature, elles étoient bonnes pour le flux de sang, pour les hémorrhagies ; elles avoient la vertu de toutes les plantes dont on les croyoit composées ; elles guérissoient du vertige & des étourdissemens. Quand la nature en a été connue, elles n’ont plus été bonnes à rien. Il est donc de la derniere importance de ne rien assûrer sur la formation & les élémens des choses, qu’après un grand nombre d’expériences. Quand on a obtenu de l’expérience tout ce qu’on pouvoit en attendre sur la nature des choses, il en faut faire de nouvelles sur leurs propriétés, si l’on ne veut pas prendre les substances pour ce qu’elles ne sont pas, ordonner des masses de poil & d’herbes pour des spécifiques, & tomber dans le ridicule de Velschius qui a composé un livre des propriétés de l’égagropile.

EGAL, adj. (Géom.) ce terme exprime, dit-on, un rapport entre deux ou plusieurs choses qui ont la même grandeur, la même quantité, ou la même qualité. Wolf définit les choses égales, celles dont l’une peut être substituée à l’autre sans aucune altération dans leur quantité. Je crois pour moi que toutes ces définitions ne sont pas plus claires que la chose définie, & que le mot égal présente à l’esprit une idée plus précise & plus nette que tout autre mot ou phrase synonyme qu’on voudroit faire servir à l’expliquer. Voyez Définition & Elémens.

C’est une axiome en Géométrie, que deux choses égales à une même troisieme sont égales entre elles ; que si de choses égales on ôte des choses égales, ou qu’on les leur ajoûte, les restes ou les sommes feront encore des quantités égales, &c. Le même M. Wolf dont nous venons de parler, a pris la peine de démontrer ces axiomes dans son Onthologie, §. 349-396, comme il a démontré dans son Cours de mathématique que le tout est plus grand que la partie, par un raisonnement si métaphysique, qu’on ne sait plus que penser de la vérité de la proposition. Démontrer des choses si claires, c’est le moyen de les rendre douteuses, si elles pouvoient le devenir.

Les cercles égaux en Géométrie, sont ceux dont les diametres sont égaux. Voyez Cercle.

Les angles égaux sont ceux dont les côtés sont inclinés les uns aux autres de la même maniere, ou qui sont mesurés par des arcs égaux d’un même cercle, ou par des arcs semblables de cercles différens. Voy. Arc, Angle, & Degré.

Les figures égales sont celles dont les aires sont égales, soit que ces figures soient semblables ou non. Voyez Figure.

Les segmens d’une sphere ou d’un cercle sont dits d’une égale concavité, lorsqu’ils ont le même rapport aux diametres des spheres ou des cercles dont ils font partie. Voyez Segment.

Les solides égaux sont ceux qui contiennent autant d’espace l’un que l’autre, c’est-à-dire dont les solidités ou capacités sont égales. Voyez Solide.

Les rapports géométriques égaux sont ceux dont les seconds termes sont de semblables parties aliquotes ou aliquantes de leurs premiers termes. Voyez Rapport.