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car les palefreniers pourroient blesser les chevaux s’ils s’en servoient pour l’arrangement de la litiere, de plusieurs cribles, de plusieurs mesures (voyez Nourriture), de plusieurs civieres ou broüettes, de plusieurs lunettes, filets, mastigadours (voyez Lunettes, Embouchures), de plusieurs chapelets (voyez Farcin), de plusieurs hachoirs (voyez Hachoirs), &c.

Tel est le plan que M. Soufflot a conçu d’après les foibles lumieres que je lui ai communiquées. Nous n’avons garde d’en proposer les différens points, comme des lois auxquelles on ne peut se dispenser de se conformer ; & nous serons assez récompensés de nos soins, si notre exemple peut du moins engager d’autres artistes & d’autres écuyers à se concilier relativement aux détails & aux observations qu’exige un édifice, dont l’ordonnance ne peut être parfaite qu’autant que l’architecte & l’écuyer réuniront leurs connoissances & seront éclairés l’un par l’autre. (e)

ECUSSON, s. m. (Pharm.) l’écusson est une espece d’épitheme (V. Epitheme), fait ordinairement avec de la thériaque, dans laquelle on ajoûte encore des poudres aromatiques, des huiles essentielles, & qu’on étend sur de la peau, à laquelle on donne ordinairement la forme d’un cœur ou d’un ovale, ce qui lui a fait donner le nom de scutum, écu, bouclier.

L’écusson s’applique principalement sur l’estomac, dans l’intention de le fortifier, d’exciter la digestion, d’arrêter un vomissement. Voyez ce qu’on peut raisonnablement espérer de ces applications fort peu usitées dans la medecine moderne, au mot Topique. (b)

Ecusson, (Marine.) écu d’armes ; c’est un ornement qu’on met à l’arriere des vaisseaux, à la partie de la dunette qui regarde la mer, & qui pour l’ordinaire sert à placer des figures ou des armes qui indiquent le nom du vaisseau (voyez Mar. Planc. III. fig. 1.) la vûe de la poupe d’un vaisseau du premier rang, où l’on voit derriere la dunette une figure de Jupiter en relief lançant le tonnerre, & au-dessous l’écu des armes de France, & plus-bas le nom de tonnant que ce vaisseau porte. Plusieurs donnent à cette partie le nom de miroir ou de fronteau. Voyez Miroir. (Z)

Ecusson, à la Monnoie, est le revers ou côté opposé à celui d’effigie. En France, les loüis, écus, &c. ont pour écusson les armes de France. On appelloit autrefois pile ce côté ; voyez Pile.

Sur l’écusson on trouve le millésime & la marque du graveur, & au-dessous de l’écusson, celle de l’hôtel où la piece de monnoie a été fabriquée.

Ecusson, en terme de Blason, se dit d’un petit écu dont on charge un plus grand. Voyez Ecu.

Ecusson (greffe en), Voyez Greffer.

ECUSSONNER, est le même que greffer en écusson. Voyez Greffer.

ECUSSONOIR, s. m. (Jardinage.) petit instrument tranchant & pointu, qui a la forme d’un couteau, & qui porte à l’autre bout du manche une espece de spatule propre à l’opération de la greffe en écusson.

ECUYERS, s. m. pl. (Belles-Lett.) on appelloit ainsi, dans l’ancienne Milice, des gentilshommes qui faisoient le service militaire à la suite des chevaliers, avant que de parvenir à la dignité de chevalier.

Leurs fonctions étoient d’être assidus auprès des chevaliers, & de leur rendre certains services à l’armée & dans les tournois.

Ils portoient les armes du chevalier, jusqu’à ce qu’il voulût s’en servir. Ils étoient à pié ou à cheval, selon que les chevaliers alloient eux-mêmes. Ils n’avoient pas le droit de se vêtir aussi magnifi-

quement que les chevaliers ; & de quelque haute

naissance qu’ils fussent, quand ils se trouvoient en compagnie avec les chevaliers, ils avoient des siéges plus bas qu’eux & un peu écartés en-arriere. Ils ne s’asséoient pas même à table avec les chevaliers, fussent-ils comtes ou ducs. Un écuyer qui auroit frappé un chevalier, si ce n’étoit en se défendant, étoit condamné à avoir le poing coupé.

Il y avoit une autre espece d’écuyers, sur-tout dans les états des rois d’Angleterre, qui portoient ce nom à cause de la qualité de leurs fiefs.

Ecuage, est appellé en latin scutagium, c’est-à-dire servitium scuti. Voyez l’article suivant Ecuyer (Jurisprud.) (Q)

M. de la Curne de Sainte-Palaye nous a donné, sur la chevalerie dont il s’agit ici, cinq excellens mémoires, qui forment une partie considérable du volume XX. de l’académie des Belles-Lettres. Nous regrettons beaucoup que la nature & les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas d’en donner un extrait détaillé ; mais nous ne pouvons du moins nous dispenser de rendre justice aux savantes & curieuses recherches de l’auteur, & de réparer l’omission qui a été faite à ce sujet dans le troisieme volume de l’Encyclopédie à l’article Chevalier.

Dès qu’un jeune gentilhomme avoit atteint l’âge de sept ans, on le faisoit d’abord page. On lui donnoit des leçons sur l’amour de Dieu, sur les devoirs qu’il faut rendre aux dames, & sur le respect dû à la chevalerie ; on le formoit à toutes sortes d’exercices. Delà il passoit au titre d’écuyer, qu’on lui donnoit avec certaines cérémonies, & dans lequel il y avoit différens grades successifs, dont les fonctions sont aujourd’hui abandonnées aux domestiques. A l’âge de 21 ans, il pouvoit être reçu chevalier. On peut voir dans l’excellent ouvrage de M. de Sainte-Palaye, la maniere dont se pratiquoit cette cérémonie, les devoirs que la qualité de chevalier imposoit, les occasions principales où l’on créoit des chevaliers, la description & les particularités des tournois qu’ils donnoient, les récompenses par lesquelles la politique encourageoit les chevaliers à remplir avec honneur leurs engagemens, enfin les abus que la chevalerie entraînoit, & qui ont été cause de sa chûte. Nous renvoyons nos lecteurs, sur tous ces points purement historiques, aux cinq mémoires de M. de Sainte-Palaye ; ils perdroient trop d’ailleurs à être présentés ici dans un raccourci qui leur feroit tort. (O)

Ecuyer, eques, (Jurisprudence.) titre d’honneur & qualité que les simples nobles & gentilshommes ajoûtent après leurs noms & surnoms pour marque de leur noblesse, à la différence de la haute noblesse, qui porte le titre de chevalier, pour marquer l’ancienneté de son extraction, & qu’elle descend de personnes qui avoient été faits chevaliers.

Quelques-uns prétendent que le terme d’écuyer vient du latin equus, & que l’on a dit escuyer, quasi equiarius ; mais en ce cas on auroit dû écrire équier, c’est le titre que devroient prendre ceux qui ont l’inspection des écuries des princes & autres grands seigneurs, & non pas comme ils l’écrivent écuyer ; mais cette étymologie ne peut convenir aux écuyers militaires ou nobles, lesquels sont nommés en latin scutarii, ou scutiferi, scutati, scutatores.

M. de Boullainvilliers, dans ses lettres sur les parlemens, tome I. page 109, tient que le mot latin scutarius, vient de l’allemand shutter, qui signifie tireur de fleches, & conclut de-là, que dès-que l’usage des armures de fer a commencé, les hommes d’armes étoient accompagnés d’archers comme ils l’ont été dans les derniers tems.

On tient communément qu’escuyer vient du latin scutum, d’où l’on a fait scutarius ou scutifer ; que les écuyers furent ainsi nommés, parce qu’ils portoient