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appelle autrement & plus communément halos. Voy. Halo. (O)

Couronne impériale, (Hist. nat. bot.) corona imperialis, genre de plante dont les fleurs sont disposées, pour ainsi dire, en couronne surmontée d’un bouquet de feuilles, ce qui a fait donner le nom de couronne impériale à cette plante. Chaque fleur est liliacée & faite, pour ainsi dire, en forme de cloche, & composée de six pétales ; le pistil qui occupe le milieu de la fleur devient dans la suite un fruit garni d’ailes longitudinales, & divisé en trois loges, & il renferme des semences applaties, placées les unes sur les autres. Ajoutez au caractere de ce genre, que la racine est composée de tuniques, & fibreuse dans sa partie inférieure. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Couronne impériale, (Matiere med.) Toutes les parties de cette plante sont vénéneuses, mais surtout sa racine, qui est un bulbe ou oignon, qui, selon Wepfer, pris intérieurement, produit les mêmes effets que la ciguë. Voyez Cigue.

Cette racine est estimée résolutive : elle entre dans l’emplâtre diabotanum de Blondel.

Couronne, s. f. (Hist. anc. & mod.) marque de dignité, ornement que les rois & les grands mettent sur leur tête pour marquer leur pouvoir, & qu’on regarde aussi comme un symbole de victoire, de joie. Voyez Roi.

L’antiquité la plus réculée ne défera les couronnes qu’à la divinité. Bacchus, si l’on en croit Pline, s’en para le premier après la conquête des Indes. Pherecydes, cité par Tertullien, de coronâ, rapporte l’origine des couronnes à Saturne ; Diodore l’attribue à Jupiter après sa victoire sur les Titans ; Fabius Pictor à Janus, & dit que cet ancien roi d’Italie s’en servit le premier dans les sacrifices. Léon l’Egyptien assûre qu’Isis se couronna la premiere d’épis de blé, parce qu’elle avoit appris aux hommes l’art de le semer & de le cultiver.

La plûpart des auteurs conviennent que la couronne étoit dans son origine, plutôt un ornement du sacerdoce que de la royauté ; les souverains la prirent ensuite, parce qu’alors ces deux dignités, du sacerdoce & de l’empire, étoient réunies.

Les premieres couronnes n’étoient qu’une bandelette nommée diadème, dont on se ceignoit la tête, & qu’on lioit par-derriere, comme on le voit aux têtes de Jupiter, des Ptolomées, & des rois de Syrie, sur les médailles.

Quelquefois on les faisoit de deux bandelettes, ensuite on prit des rameaux de différens arbres, auxquels on ajoûta des fleurs.

Tertullien, de coronâ, écrit que selon Claudius Saturninus il n’y avoit aucune plante dont on n’eût fait des couronnes. Celle de Jupiter étoit de fleurs ; elle est souvent de laurier sur les médailles. Celle de Junon, de vigne ; celle de Bacchus, de pampre & de raisin, de branches de lierre chargées de fleurs & de fruits ; celles de Castor, de Pollux, & des fleuves, de roseaux ; celle d’Apollon, de roseaux ou de laurier ; celle de Saturne, de figues nouvelles ; celle d’Hercule, de peuplier ; celle de Pan, de pin ou d’hyeble ; celle de Lucine, de dictame ; celles des heures, de fruits propres à chaque saison ; celles des graces, de branches d’olivier, aussi-bien que celle de Minerve ; celle de Venus, de roses ; celle de Cerès, d’épis aussi-bien que celle d’Isis ; celles des Lares, de noyer ou de romarin, en quoi l’on suivoit l’opinion commune dans le paganisme, que ces arbres ou plantes étoient particulierement consacrés à ces divinités. Voyez Guirlande.

Non-seulement les couronnes furent employées pour décorer les statues & désigner les images des dieux, pour les prêtres dans les sacrifices, pour mar-

quer l’autorité dans les prêtres & les souverains,

mais on couronnoit encore les autels, les temples, les portes des maisons, les vases sacrés, les victimes, les navires, &c. On couronnoit aussi les poëtes, ceux qui remportoient la victoire dans des jeux solennels, les gens de guerre qui se distinguoient par quelque exploit. Voyez Olympiques.

Quelques auteurs concluent de certains passages d’Eusebe de Césarée, que les évêques portoient autrefois des couronnes.

On trouve sur les médailles quatre sortes de couronnes propres aux empereurs Romains ; 1°. une couronne de laurier ; 2°. une couronne rayonnée ; 3°. une couronne ornée de perles, & quelquefois de pierreries ; 4°. une espece de bonnet à-peu-près semblable à un mortier ou bonnet, tel que les princes de l’empire le mettent sur leur écu.

Jules César obtint la permission du sénat de porter la premiere, à cause, dit-on, qu’il étoit chauve ; ses successeurs l’imiterent. La couronne radiale n’étoit accordée aux princes qu’après leur mort ; mais Néron la prit de son vivant. On les voit sur les médailles avec la couronne perlée ; mais Justinien est le premier qui ait porté celle de la quatrieme espece, que Ducange nomme camelancium, & qu’on a confondu avec le mantelet, qu’on appelle camail, à cause de la ressemblance de ce mot, quoique l’un soit fait pour couvrir les épaules, & l’autre pour couvrir la tête.

La couronne papale est composée d’une tiare & d’une triple couronne qui l’environne ; elle a deux pendans, comme la mitre des évêques. Voyez Tiare & Pape.

La couronne impériale est un bonnet ou tiare avec un demi-cercle d’or qui porte la figure du monde, cintré & somme d’une croix.

La couronne du roi d’Angleterre est rehaussée de quatre croix, de la façon de celle de Malte, entre lesquelles il y a quatre fleurs-de lis ; elle est couverte de quatre diadèmes, qui aboutissent à un petit globe surmonté d’une croix.

Celle du roi de France est un cercle de huit fleurs-de-lis, cintré de six diadèmes qui le ferment, & qui portent au-dessus une double fleur-de-lis qui est le cimier de France. Quelques-uns prétendent que Charles VIII. est le premier qui ait pris la couronne fermée, lorsqu’il eut pris la qualité d’empereur d’Orient, en 1495 ; cependant l’on voit dans les cabinets des curieux, des écus d’or & autres monnoies du roi Louis XII. successeur de Charles VIII. où la couronne n’est point fermée. Il paroît donc qu’on pourra rapporter cet usage à François I. qui ne vouloit céder en rien à Charles-Quint & à Henri VIII. qui avoient pris la couronne fermée.

Celles des rois de Portugal, de Danemark, & de Suede, ont des fleurons sur le cercle, & sont fermées de cintres avec un globe croisé sur le haut. La couronne des ducs de Savoie, comme rois de Chypre, avoit des fleurons sur le cercle, étoit fermée de cintres, & surmontée de la croix de S. Maurice sur le bouton d’en-haut : celle du grand duc de Toscane est ouverte, à pointes mêlées de grands trefles sur d’autres pointes, avec la fleur-de-lis de Florence au milieu.

Celle du roi d’Espagne est rehaussée de grands trefles refendus, que l’on appelle souvent hauts fleurons, & couverte de diadèmes aboutissans à un globe surmonté d’une croix.

La noblesse sur ses armoiries porte aussi des couronnes, qu’on appelle couronnes de casques ou couronnes d’écussons. Elles sont de différentes formes, selon les divers degrés de noblesse ou d’illustration. On en distingue de cinq sortes principales : 1°. la couronne ducale, toute de fleurons à fleurs d’ache ou de per-