L’Encyclopédie/1re édition/HALO

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 30-31).
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HALO, s. m. (Physiq.) météore qui paroît en forme d’anneau ou de cercle lumineux & de diverses couleurs, autour du soleil, de la lune, & des étoiles. Voyez Météore.

Ce mot est formé du grec ἅλως ou ἅλων, area, aire, surface.

Les Physiciens regardent le halo comme un effet de la réfraction des rayons de lumiere qui passent par les vésicules fines & rares d’une petite nue ou vapeur, laquelle se trouve dans notre atmosphere. Ces rayons arrivent à l’œil du spectateur, après avoir souffert sans réflexion dans les gouttes de la nue deux réfractions, l’une à l’entrée, l’autre à leur sortie ; & la différente réfrangibilité des rayons produit les différentes couleurs du halo. Voyez Réfrangibilité, Réfraction, & Couleur.

On confirme cette explication en ajoûtant qu’une certaine quantité d’eau étant lancée vers le soleil, on la voit, dans le moment qu’elle se brise & se disperse en gouttes, former une espece d’halo ou d’arc-en-ciel représentant les mêmes couleurs que le véritable ; avec cette différence que dans l’arc-en-ciel ordinaire il y a réflexion avec réfraction, & que dans le halo il n’y a que réfraction. Voyez Arc-en-ciel.

Ces sortes de couronnes sont quelquefois blanches, & d’autres fois elles ont les mêmes couleurs que l’arc-en-ciel ; tantôt on n’en voit qu’une, & tantôt on en voit plusieurs qui sont concentriques : Snellius dit qu’il en a vû six autour du soleil. Le diametre de celles qu’on a observées autour de Sirius & de Jupiter, n’a jamais été de plus de cinq degrés ; celles de la lune vont depuis deux degrés jusqu’à quatre-vingt-dix de largeur. Le diametre de ces couronnes varie pendant le tems qu’on observe le phénomene.

On peut produire artificiellement de semblables couronnes, en mettant, lorsqu’il fait froid, entre l’œil & une bougie allumée un pot plein d’eau chaude, dont la vapeur monte en haut : c’est pour cela que l’on apperçoit souvent ces anneaux dans les bains autour de la bougie.

Une autre maniere de représenter ce phénomene, c’est de pomper l’air d’une cloche de verre, & regardant à-travers cette cloche la flamme d’une chandelle placée derriere la cloche : car aussi-tôt que l’air se sera raréfié jusqu’à un certain point, on ne manquera pas d’appercevoir un anneau autour de la flamme. On peut voir la même chose, en faisant rentrer dans un récipient l’air qui en avoit été pompé ; car dès que cet air se trouvera avoir la même densité, on verra paroître cet anneau avec diverses couleurs. De même, lorsqu’on met deux verres objectifs de grands télescopes l’un sur l’autre, la lumiere qui tombe dessus passe à-travers en quelques endroits, & se réfléchit des endroits voisins ; ce qui fait paroître divers anneaux colorés : c’est ce qu’on remarque encore, lorsqu’on fait de petites bulles d’air avec l’eau de savon ; car on voit dessus & à-travers ces bulles de semblables anneaux colorés. Musschenbr. Essai de Physique.

Voici les principales raisons par lesquelles M. Musschenbroeck prouve que la cause des halos est dans notre atmosphere. S’il y a une atmosphere autour des astres précédens, il paroît impossible qu’elle soit de l’étendue qu’on observe dans les halos. Ces couronnes ne peuvent être apperçûes que de peu de personnes à-la-fois, & rarement à une plus grande distance que deux ou trois lieues ; elles disparoissent aussi-tôt que le vent vient à souffler, quoiqu’elles continuent quelquefois lorsqu’il ne fait qu’un petit vent frais ; mais dès qu’il augmente, elles se dissipent. Personne ne les a jamais observées dans un tems tout-à-fait serein. Si le nuage flotte dans l’air, la couronne commence à disparoître du côté où l’air devient plus net.

Les couronnes des halos sont plus foibles que celles de l’arc-en-ciel. Dans les couronnes de halo que M. Newton vit en 1692, les couleurs se suivoient du centre vers la circonférence, de la maniere suivante. La couleur de l’anneau interne étoit bleue en-dedans, blanche au milieu, & rouge en-dehors ; la couleur interne du second anneau étoit pourpre, ensuite bleue, puis verte, jaune, & d’un rouge pâle ; la couleur interne du troisieme anneau étoit d’un bleu pâle, & l’externe d’un rouge pâle. M. Huyghens a observé dans le contour extérieur un bleu pâle, & dans l’intérieur une couleur rouge. M. Musschenbroeck a vû plusieurs couronnes dont la couleur interne étoit rouge ; & d’autres observateurs ont encore indiqué diverses variétés.

Ce phénomene n’arrive pas tous les jours ; la raison principale est qu’il faut que les particules soient assez raréfiées pour donner passage aux rayons : car autrement elles forment des nuages épais qui ne transmettent pas la lumiere. Cependant les halos sont plus fréquens qu’on ne le croit ; on n’y fait pas attention, parce que l’on envisage rarement le soleil pendant le jour. Mais les observateurs attentifs assûrent que ce phénomene est fréquent. Depuis le premier de Janvier jusqu’au premier de Juin 1735, M. Musschenbroeck a vû à Utrecht ces couronnes environ vingt fois autour du soleil ; & un autre physicien a observé le même phénomene plus de soixante fois en un an.

M. Fritsch vit le 11 Avril 1729 autour du soleil un cercle qui avoit trois couleurs, dont l’externe étoit rouge, celle du milieu jaune, & l’interne blanche ; & il se trouvoit éloigné du soleil de deux diametres de cet astre. On y remarquoit outre cela un cercle blanc parallele à l’horison, qui passoit par le soleil : il y avoit encore deux autres demi-cercles blancs plus petits qui commençoient de chaque côté dans le soleil, & qui étoient placés au-dedans du grand cercle.

On a tort de croire que les halos annoncent la pluie ou l’orage ; souvent le lendemain & quelques autres jours après il fait un tems fort serein & fort calme. Ceux qui veulent approfondir davantage ce sujet, peuvent recourir au traité posthume de M. Huyghens, de coronis ; à l’Optique de Newton, liv. II. ch. jv. & à l’Essai de Physique de Musschenbroeck, d’où cet article est tiré par extrait. (O)