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res & un quart de cette durée qui étoient remplies par deux heures & demie de récitatif, doivent l’être aujourd’hui par les divertissemens, les chœurs, les mouvemens du théatre, les chants brillans, &c. sans cela l’ennui est sûr, & la chûte de l’opéra infaillible. Il ne faut donc que trois quarts d’heure à-peu-près de récitatif, par conséquent un Opéra doit être coupé aujourd’hui d’une maniere toute différente de celle dont s’est servi Quinault. Heureux les auteurs qui, bien convaincus de cette vérité, auront l’art de couper les leurs comme Quinault, s’il vivoit aujourd’hui, les couperoit lui-même. Voyez Ballet, Coupe, Déclamation, Débit, Divertissement, Opéra, Récitatif, &c. (B)

Couper, en Bâtiment, a plusieurs significations. On dit couper une pierre, pour exprimer qu’on en a ôté trop de son lit ou de son parement, ensorte qu’elle devient trop petite pour servir, & qu’il la faut mettre au rebut, ou la faire servir avec déchet dans un endroit de moindre capacité. Couper le plâtre, c’est faire des moulures de plâtre à la main ou à l’outil. Couper le bois, c’est pratiquer des ornemens de Sculpture en plein bois sur des panneaux de menuiserie. (P)

Couper du trait (Coupe des pierres) c’est faire un modele en petit avec de la craie, ou du plâtre, ou du bois, ou autre chose facile à couper, pour voir la figure des voussoirs, & s’instruire dans l’application du trait de l’épure sur la pierre en se servant des instrumens, comme cherches, panneaux, biveaux, équerres. Voyez Coupe des pierres. (D)

Couper le cable, (Marine.) Lorsqu’on est obligé d’appareiller très-promptement, soit à cause du mauvais tems, soit pour poursuivre un vaisseau ennemi ; comme dans ce cas si l’on levoit l’ancre à l’ordinaire, cela consommeroit un tems précieux, on commande de couper le cable, ce qui se fait sur les bittes ou sur l’écubier. Quelquefois pour éviter de couper le cable, ce qui est une perte, on le file bout pour bout, & l’on y attache une bouée qui sert de marque pour le venir chercher, & lever l’ancre qu’on a été forcé d’abandonner.

Lorsqu’un maître de navire est obligé de couper son cable & laisser son ancre, il en fait un procès-verbal signé des principaux de l’équipage ; & les armateurs ou les marchands le lui payent sur l’estimation, avant que les marchandises soient débarquées. (Z)

Couper un mast. Dans une tempête on est quelquefois obligé de couper un mât, & cette manœuvre doit se faire avec précaution.

On commence, si le tems le permet, par dégarnir le mât de sa vergue, & de toutes les manœuvres qui pourroient le retenir, excepté les haubans & l’étai : on coupe ensuite le mât sous le vent ; & quand il commence à chanceler, des matelots prêts avec des haches, coupent promptement les haubans au vent & le grand étai. Les haubans sous le vent se coupent quand le mât est à la mer, ou quand il y va, si l’on en a le moyen. Il faut remarquer qu’on coupe les haubans du vent les premiers, afin que le mât tombe sous le vent, & ne creve pas le vaisseau ; & qu’on commence de l’avant à l’arriere, afin que le mât tombe de l’arriere, ce qui est moins dangereux. S’il faut couper le mât étant au mouillage, on fait carguer le vaisseau du côté qu’on veut jetter le mât, & l’on fait ensuite la manœuvre qu’on vient d’exposer. (Z)

Couper la lame, c’est quand la pointe du vaisseau fend le milieu de la lame (les flots ou la vague), & passe au travers. (Z)

Couper l’or, en terme de Batteur d’or ; c’est partager une feuille en quatre parts, pour être battues & amenées chacune à la premiere grandeur qu’elles

avoient avant que d’avoir été séparées ; ce qui se pratique jusqu’à ce que toutes ces feuilles soient assez minces & assez légeres. Voyez Batteur d’or.

Couper, en terme de Boulanger ; c’est trier les farines, & les mettre chacune avec celles de leur espece. Voyez Sasser.

Couper, en terme de faiseur de cardes ; c’est réduire au moyen des ciseaux, le fil-de-fer à la longueur nécessaire pour être employé : on fait pour cela un petit paquet du fil, que l’on arrête par un bout, & on le coupe sur une mesure.

Couper, (Carrossier.) Couper un carrosse, c’est lui retrancher un de ses fonds ; ainsi un carrosse coupé, c’est un carosse qui n’a qu’un fond.

Couper, en terme de Cirier ; c’est retrancher d’une bougie trop longue ce qui est superflu. Couper la tête, c’est ôter ce qui est de trop à l’extrémité où l’on a fait la tête.

Couper, v. n. (Commerce de sel, de légumes & de grains.) C’est passer la racloire sur la mesure, quand elle est comble.

Couper le Grain, terme de Courroyeur, qui signifie former sur la surface du cuir qu’on courroye du côté de la fleur, de petites traces s’entrecoupant en tout sens à angles inégaux, telles qu’on les remarque sur les peaux de veau retournées ; ce qui forme une espece de grain. Voyez Courroyer.

Couper, (Danse.) voyez Coupé.

Couper, en terme d’Epinglier fabriquant d’aiguilles pour les Bonnetiers, se dit de l’action de donner aux aiguilles les longueurs proportionnées à leur grosseur, par le moyen d’une boîte ou mesure. Voy. l’article Epinglier.

Couper. Quoique ce terme ait lieu dans plusieurs opérations des Epingliers, on ne l’employe pourtant proprement que pour signifier l’action de diviser les dressées en transons, & les transons en hanses. Voyez Dresser, Transons, &Hanses . Les plus gros transons se coupent ordinairement de la longueur de deux épingles ; les petits, de trois, & quelquefois de quatre & de cinq.

Couper les Epingles ; c’est les réduire à une certaine longueur ; ce qui s’exécute en les faisant entrer de toute cette longueur dans une boîte, & les faisant toutes toucher une traverse de cuivre qui les sépare. Voyez Boîte. & la fig. 19. Plan. I. de l’Epinglier.

Couper sous le Poignet, (Escrime.) c’est dégager par-dessous le poignet de l’ennemi, au lieu de dégager par-dessous le talon de sa lame. Voyez Dégager.

Couper sur Pointe, c’est porter une estocade à l’ennemi en dégageant par-dessus la pointe de son épée, au lieu de dégager par-dessous le talon. Voyez Dégager.

Couper, Jardinage, se dit d’un arbre dont on veut se débarrasser, d’une branche qu’on a dessein de supprimer. On dit encore couper un terrein ou terrasse en talus ; couper une allée.

Couper se dit aussi d’un bois bien dessiné.

On appelle coupée blanche la coupe des baliveaux & du gros bois d’un taillis ; ce qui est fort défendu par les ordonnances. (K)

Couper, (se) en termes de Manége, se dit des chevaux qui s’entre-heurtent les jambes, ou se donnent des atteintes en marchant, ou qui avec l’un des fers se font sauter la peau d’un des boulets. Voyez Boulet.

Cela arrive plus fréquemment aux piés de derriere qu’à ceux de devant. Ce défaut vient de lassitude, de foiblesse aux reins, de ce que les chevaux ne savent comment aller, ou de ce qu’ils sont mal ferrés.

On dit aussi couper le rond, couper la volte, lors-