L’Encyclopédie/1re édition/HANSE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 39).
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HANSE, s. f. (Commerce.) société de villes unies par un intérêt commun pour la protection de leur commerce. Hanse, dans la langue allemande, signifie ligue, société. Cette association se fit d’abord entre les villes de Hambourg & de Lubek en 1241, par un traité dont les conditions étoient, 1°. Que Hambourg nettoyeroit de voleurs & de brigands le pays d’entre la Thrave, riviere qui coule à Lubek & à Hambourg, & qu’elle empêcheroit depuis cette derniere ville jusqu’à l’Océan, les pirates voisins de faire des courses sur l’Elbe. 2°. Que Lubek payeroit la moitié des frais de cette entreprise. 3°. Que ce qui regarderoit le bien particulier de ces deux villes, seroit concerté en commun, & qu’elles uniroient leurs forces pour maintenir leur liberté & leurs priviléges.

Dès qu’on vit Hambourg & Lubek s’accroître par le commerce, que cette union rendoit plus sûr & plus facile ; les villes voisines, savoir celles de la Saxe & de la Vandalie, attirées par une prospérité si prompte, demanderent à être admises dans l’alliance, & l’obtinrent. Bien-tôt, par les mêmes raisons, cette association de commerce s’étendit au loin ; & cette compagnie de villes liées d’intérêts, établit des étapes en divers royaumes, savoir Bruges en Flandres, Londres en Angleterre, Bergen en Norwege, Novogorod en Russie. C’étoient-là autant de comptoirs généraux, où se portoient les marchandises des contrées voisines pour passer plus commodément par-tout où les intéressés en auroient besoin.

Les princes, qui n’y considéroient d’abord qu’une société lucrative, furent les premiers à souhaiter que leurs villes y entrassent, & en effet il ne s’agissoit que de cela. La protection mutuelle des libertés de chaque ville n’étoit pas un engagement général qu’eût pris toute la hanse ; & si on trouve que quelques villes en ont protégé d’autres associées, il se trouve aussi grand nombre d’occasions, où la hanse n’a rien fait pour les villes de l’association qui étoient opprimées.

Les souverains de divers pays desirant d’attirer chez eux par les sollicitations de leurs sujets, le commerce de la hanse, lui accorderent plusieurs priviléges. On a des lettres patentes des rois de France en faveur des Osterlins, c’est ainsi qu’on nommoit les négocians des villes hanséatiques, du mot ost, qui veut dire l’orient, d’où vient ostsée, qui signifie la mer Baltique. Ces lettres sont entr’autres de Louis XI. en 1464, & en 1483, peu avant sa mort, & de Charles VIII. en 1489.

Le fort de la hanse étoit en Allemagne, où elle a commencé, & où elle conserve encore une ombre de son ancien gouvernement. Les quatre métropoles étoient Lubec, Cologne, Brunswig & Dantzig. Bruges ne fut pas la seule dans les Pays-bas ; Dunkerque, Anvers, Ostende, Dordrecht, Rotterdam, Amsterdam, se voyent sur d’anciennes listes comme villes hanséatiques, aussi-bien que Calais, Rouen, Saint-Malo, Bordeaux, Bayonne & Marseille en France ; Barcelone, Séville & Cadix en Espagne ; Lisbonne en Portugal ; Livourne, Messine & Naples en Italie ; Londres en Angleterre, &c.

Cependant plusieurs choses concoururent à affoiblir cette société. La boussole ouvrit le spectacle des Indes orientales & occidentales : alors quelques princes trouverent mieux leur compte à favoriser le commerce particulier de leurs sujets. Il se forma dans leurs états des compagnies qui firent non seulement le commerce ordinaire de l’Europe, mais des découvertes, des acquisitions, des établissemens en Afrique, aux Indes orientales & en Amérique ; ainsi l’on vit se détacher de gros chaînons de la hanse. D’un autre côté, Charles-quint, ennemi de toute société qui ne servoit pas directement à ses vûes ambitieuses, réduisit lui-même celle-ci à très-peu de chose dans ses états. Des souverains d’Allemagne, moins sages encore, au lieu de conserver les priviléges que leurs ancêtres avoient accordés aux villes pour l’encouragement du commerce, & qui les avoient enrichis, ne songerent qu’à subjuguer ces villes, sous prétexte de leur orgueil & de leurs mutineries. Enfin, quelques autres perdant de leur éclat par les vicissitudes des choses humaines, & n’étant plus en état de payer leur part des contributions, se retirerent d’elles-mêmes d’une société qui leur étoit onéreuse : ainsi la hanse qui avoit vû jusqu’à quatre-vingt villes sur la liste, commença à décheoir au commencement du xvj. siecle, & finit comme le Rhin, qui n’est plus qu’un ruisseau lorsqu’il se perd dans l’Océan.

En vain parla-t-on de rétablir la hanse en 1560 ; en vain fit-on des projets pour y parvenir en 1571 ; en vain proposa-t-on des formules de son renouvellement en 1579 ; en vain imagina-t-on un nouveau plan à ce sujet en 1604 ; son regne étoit passé, & peu de villes souscrivirent aux plans proposés. Louis XIV. faisoit des traités avec la hanse, lorsqu’il n’y avoit plus de villes hanséatiques dans son royaume, & que les villes d’Allemagne, qui seules conservoient une ombre de l’ancienne hanse, voyoient resserrée leur association de trafic dans la partie septentrionale de l’empire ; encore depuis ce tems-là quelques villes en ont été démembrées. La Suede ayant acquis Riga en Livonie, & Wismar en basse Saxe ; ces deux villes, qui étoient hanséatiques, sont devenues de simples villes de guerre, quoique le port de Riga ait toûjours servi au commerce. En un mot, l’ancien gouvernement hanséatique ne subsiste plus qu’à Lubek, à Hambourg & à Brème : ce sont les seules trois villes qui conservent encore ce titre, avec une espece de liaison & des usages dont nous ne donnerons point ici l’exposé, mais qu’on trouvera dans l’Histoire de l’Empire par M. Heiss. (D. J.)

* Hanse, (Commerce.) se dit de quelques impositions assises en différens endroits sur des marchandises à péages ; les bateaux payent un droit de hanse la premiere fois qu’ils arrivent à Paris, & autres lieux où il y a droit de péage. La hanse est aussi la quittance en parchemin d’un droit que tout négociant par eau paye au port S. Nicolas, & ce droit fait partie du domaine de la ville.

* Hanse. Les Epingliers appellent ainsi les branches de l’épingle empointée, lorsqu’elle n’a plus besoin pour être ferrée que d’être entêtée. Voyez Entêtés, Empointés, Epingle.