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glois appellent ainsi la tache imprimée sur tous les descendans d’un criminel de leze-majesté, qui les rend incapables des charges & emplois publics, & les dégrade de noblesse s’ils sont gentilshommes. V. Dégradation.

Si le roi accorde des lettres de pardon, elles empêchent que les enfans qui naîtront depuis ne participent à cette corruption du sang, mais elles ne rehabilitent pas ceux qui étoient nés auparavant. (G)

CORSAGE, s. m. (Vénerie) se disoit autrefois de la forme du corps humain ; il ne se dit plus que de la forme du corps du cerf.

CORSAIRE, FORBAN, PIRATE, (Marine.) écumeur de mer, tous noms synonymes pour désigner celui qui arme un vaisseau en guerre, sans aucune commission, pour voler indifféremment les vaisseaux marchands qu’il rencontre à la mer. Les corsaires ou forbans sont traités comme des voleurs publics ; & lorsqu’on les prend, on peut les pendre sans autre forme de procès.

Ceux qui font la course avec plusieurs commissions de différentes puissances, sont traités comme forbans.

Il ne faut pas confondre le corsaire avec l’armateur ; ce dernier ne fait la course que sur les ennemis de l’état, avec commission particuliere de son prince. (Z)

CORSE, (Géog. mod.) île très-considérable d’Italie, dans la mer Méditerranée, appartenante à la république de Genes. Les Corses sont remuans, vindicatifs, & belliqueux.

CORSELET, s. m. (Art. milit.) cotte de maille, armure défensive en forme de tunique, qui descendoit depuis le cou jusqu’au milieu du corps. Elle étoit faite de petits anneaux ou mailles de fil de fer tortillées & entrelacées les unes dans les autres Voyez Maille.

On appelloit aussi cette armure haberge, hauberge, haubere, habert, hauther, hautbert, & hauberk. Spelman croit que tous ces mots sont dérivés du gaulois hault, haut, & berg, armure, parce que cette arme servoit à défendre la partie supérieure du corps. Ducange & Skinner aiment mieux tirer son origine du belgique hals, ou du teutonique haltz, cou, & bergen, couvrir, à cause que cette cotte de maille servoit principalement à couvrir le cou ; d’autres le font venir du même mot bergen, couvrir, & de al ou alla, tout, pour signifier que le hautbert couvroit tout le corps. Voyez Haubert. (G)

On le donnoit autrefois aux piquiers, que l’on plaçoit pour l’ordinaire sur le front & sur les flancs d’une armée, pour mieux résister aux attaques de l’ennemi, & pour mieux défendre les soldats qui étoient devant ou derriere eux. Voyez Cuirasse. Vaugelas observe que les gens de mer étoient autrefois armés de corselets. (Q)

CORSERON ou COCHON, s. m. terme de Pêche, est un petit morceau de liége, que l’on frappe sur la pille de l’ain. Voyez Ligne.

CORSET, sub. m. Le corset de nos dames est un petit corps ordinairement de toile piquée & sans baleine, qu’elles attachent par-devant avec des cordons plats ou avec des rubans, & qu’elles portent lorsqu’elles sont en deshabillé ; mais le corset étoit aux dames Romaines le plus brillant de tous leurs ajustemens.

On se servit d’abord de ceintures ou de bandes, dont les jeunes personnes se serroient le sein, qui jusques-là, pour ainsi dire, n’avoit été soûtenu que par les mains de la Nature. Le Phédria de l’eunuque de Terence, dit à son valet, d’une jeune beauté dont il avoit été frappé subitement ; « Cette fille n’a rien de commun avec les nôtres, à qui leurs meres s’efforcent de baisser la taille, & qu’elles obligent de se

serrer le sein avec des bandes pour paroître plus menues ». Il y a apparence que ces bandes donnerent ensuite la premiere idée des corsets, & ils ne furent pas long tems en usage sans qu’on les décorât de toute la parure que le luxe & l’envie de plaire peuvent imaginer. Voyez les mém. de l’acad. des Inscript. & les auteurs sur l’habillement des dames Romaines. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CORSNED, s. m. (Hist. anc. d’Angl.) maniere de se purger d’un crime parmi les Anglo-Saxons.

Une des manieres reçûes chez les Anglo-Saxons pour se purger d’un crime, s’exécutoit par le moyen d’une once de pain ou de fromage consacrée avec beaucoup de cérémonie, qu’on donnoit à manger à la personne accusée, qui devoit être à jeun. On croyoit que si elle étoit coupable, ce morceau devoit s’arrêter dans son gosier & l’étouffer, mais qu’au contraire elle l’avaleroit aisément si elle étoit innocente. Voilà où en étoient nos peres.

Le formulaire de l’imprécation qu’on prononçoit en lui présentant ce morceau, après qu’elle avoit reçu la communion, étoit tel : Puisse son visage devenir pâle, ses membres être attaqués de convulsions, & qu’un changement affreux paroisse sur tout son corps si elle est coupable. Cette maniere d’épreuve étoit vraissemblablement, comme le pense M. de Rapin, imitée des eaux de jalousie, dont ont voit l’institution dans l’ancien Testament, Nombres, chap. v. On appelloit ce morceau consacré corsned, du mot snide, qui veut dire couper ou un morceau coupé, & de corse (on écrit à présent curse) qui signifie maudire, parce qu’on croyoit que ce morceau portoit la malédiction dans celui qui étoit coupable. Voyez Epreuve. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CORSOER, (Géog. mod.) petite ville du royaume de Danemark, dans l’île de Séeland, avec un fort sur la mer Baltique.

CORSOIDE, s. f. (Lytholog.) pierre figurée, ou espece d’agate où l’on voit une tête à chevelure humaine.

CORTE, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans l’île de Corse, avec un fort château. Long. 25. 55. lat. 42. 12.

CORTEGE, s. m. (Hist. mod.) se dit généralement de tout ce qui accompagne ou suit une personne considérable, comme un prince, un ambassadeur, &c. dans quelque cérémonie publique, telle qu’une entrée, &c. hommes, chevaux, équipages. Je ne crois pas qu’on puisse dire le cortége d’un souverain.

CORTELIN, s. m. (Hist. mod.) nom d’officiers des empereurs de Constantinople ; c’étoient de simples portiers du palais, qu’il ne faut pas confondre avec les cortinaires. Voyez Cortinaires.

CORTEMIGLIA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au duché de Montferrat, dans le pays d’Alba, sur la riviere de Bormida.

CORTICAL, adj. en Anatomie, se dit d’une substance qui environne une partie, comme l’écorce fait l’arbre.

La substance corticale du cerveau, c’est la partie extérieure du cerveau & du cervelet, où cette partie qui est immédiatement au-dessous de la pie-mere, ainsi appellée, parce qu’elle entoure la partie intérieure ou médullaire, comme l’écorce d’un arbre l’entoure. Voyez Cerveau.

On l’appelle aussi la substance cendrée, à cause de sa couleur grisâtre ou cendrée. Voyez Cendrée.

Archange Piccolomini Ferrarois passe pour avoir introduit le premier en 1526 cette division du cerveau en substance corticale ou cendrée, & en médulaire ou fibreuse. Mais Vesale avoit déjà observé cette distinction, liv. VII. ch. jv. & en avoit donné la figure. Voyez Substance médullaire.