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posées, comme afin que, parce que, à cause que, &c. ce qui est bien différent du simple adverbe & de la simple préposition, qui ne font que marquer une circonstance ou une maniere d’être du nom ou du verbe. (F)

Conjonction, en Astronomie, se dit de la rencontre apparente de deux astres, ou de deux planetes dans le même point des cieux, ou plutôt dans le même degré du zodiaque. Voyez Planete, Phase, &c.

Pour que deux astres soient censés en conjonction, il n’est pas nécessaire que leur latitude soit la même ; il suffit qu’ils ayent la même longitude. Voyez Longitude, &Latitude.

Si deux astres se trouvent dans le même degré de longitude & de latitude ; une ligne droite tirée du centre de la terre, par celui de l’un des astres, passera par le centre de l’autre. La conjonction alors s’appellera conjonction vraie & centrale.

Si la ligne qui passe par le centre des deux astres, ne passe pas par le centre de la terre, on l’appelle conjonction partiale : si les deux corps ne se rencontrent pas précisement dans le même degré de longitude, mais qu’il s’en faille quelque chose, la conjonction est dite apparente. Ainsi lorsqu’une ligne droite, que l’on suppose passer par le centre des deux astres, ne passe pas par le centre de la terre, mais par l’œil de l’observateur, l’on dit que la conjonction est apparente. Du reste les astronomes se servent assez généralement du mot de conjonction, pour exprimer la situation de deux astres, dont les centres se trouvent avec le centre de la terre dans un même plan perpendiculaire au plan de l’écliptique. Voyez Écliptique.

On divise aussi les conjonctions en grandes, & en très-grandes. Les grandes conjonctions sont celles qui n’arrivent qu’au bout d’un tems considérable, comme celle de Saturne, & de Jupiter, qui arrivent tous les vingt ans.

Les conjonctions très-grandes sont celles, qui arrivent dans des tems extrèmement éloignés ; comme celle des trois planetes supérieures, Mars, Jupiter, & Saturne, qui n’arrive que tous les 500 ans. Cette conjonction est arrivée en 1743 : ces trois planetes furent vûes ensemble, plusieurs mois dans la constellation du lion : mais elles ne se trouverent que successivement à la même longitude, & en opposition avec le soleil ; savoir, Mars le 16 Février, Saturne le 21, & Jupiter le 28 ; ce qui ne fait qu’un intervalle de douze jours, & ce qui arrive très rarement : l’œil placé successivement sur chacune de ces planetes, auroit donc vû dans le même ordre trois conjonctions de la terre au soleil. On trouvera dans l’histoire & les mémoires de l’académie de 1743, un plus ample détail sur ce sujet. Au reste on ne se sert que peu ou point de cette distinction des conjonctions, qui n’est fondée que sur des notions imaginaires des prétendues influences des corps célestes, dans tels & tels aspects. Voyez Influence.

Il est bon de remarquer encore que pour que deux astres soient en conjonction par rapport à la terre, il faut qu’ils se trouvent tous deux d’un même côté par rapport à la terre ; au lieu que dans l’opposition la terre se trouve entre deux. C’est une suite de la définition ci-dessus.

La conjonction est le premier, ou le principal des aspects, & celui auquel tous les autres commencent ; comme l’opposition est le dernier, & celui où ils finissent. Voyez Aspect & Opposition.

Les observations des planetes dans leurs conjonctions sont très-importantes dans l’Astronomie ; ce sont autant d’époques qui servent à déterminer les mouvemens des corps célestes, les routes qu’ils tiennent, & la durée de leurs cours.

Les planetes inférieures savoir, Venus & Mercure, ont de deux sortes de conjonctions. L’une arrive lorsque la planete se trouve entre le soleil & la terre, & par conséquent se trouve le plus près de la terre ; on la nomme conjonction inférieure : l’autre arrive quand la planete est le plus éloignée de la terre qu’il est possible, c’est-à-dire, que le soleil se trouve entre la terre & elle : on appelle cette conjonction, conjonction supérieure.

La lune se trouve en conjonction avec le soleil tous les mois. Voyez Lune & Mois. On appelle ses conjonctions & ses oppositions du nom général de syzygies. Voyez Syzygie. Il n’y a jamais d’éclipse de soleil que lorsque sa conjonction avec la lune se fait proche les nœuds de l’écliptique, ou dans ces nœuds même. Voyez Eclipse. (O)

CONJONCTIVE, s. f. (Anat.) premiere tunique de l’œil, autrement nommée Albuginée, parce-qu’elle forme ce qu’on appelle le blanc de l’œil qu’elle couvre. Elle s’unit avec les deux paupieres, paroît dans toute son étendue après qu’on a levé les muscles orbiculaires de ces voiles des yeux, & s’avance jusqu’au haut de leurs parties internes. Faisons connoître un peu plus au long son origine, sa structure, & son usage : nous serons courts, & nous dirons tout.

La figure sphérique de nos yeux, & leur connexion libre au bord de l’orbite par le moyen de la conjonctive, leur permet d’être mûs librement de tous côtés, selon la situation de l’objet que nous voulons voir. Cette tunique est mince, blanche dans son état naturel, membraneuse, nerveuse, vasculeuse, lâche, & flexible. Elle prend son origine du périoste qui recouvre les bords de l’orbite, & s’étend sur toute la partie antérieure du globe, jusqu’à l’extrémité de la sclérotique ; où elle se joint à la cornée qu’elle couvre d’un tiers d ligne, ou d’une demi-ligne.

Elle est elle-même recouverte extérieurement d’une autre membrane très-fine & très-polie, à laquelle elle est si étroitement adhérente, qu’elles paroissent ne faire ensemble qu’une seule membrane, quoiqu’il y en ait réellement deux distinctes, qu’il est aisé de séparer. L’une d’elles est, comme on l’a dit, une continuation du périoste de l’orbite, & l’autre de la membrane interne des paupieres.

Ces deux membranes sont doüées d’un sentiment exquis, & entre-tissues de quantité de vaisseaux sanguins, lâchement attachés, au point de représenter par leur gonflement dans les violentes ophtalmies sur-tout, le blanc de l’œil comme une excroissance charnue d’un rouge très-vif.

Ce fait mérite d’être remarqué, non-seulement parce qu’il peut paroître difficile à concevoir à plusieurs personnes, mais même en imposer à un oculiste inattentif ou sans expérience, qui pourroit regarder cette maladie comme une excroissance incurable de la cornée elle-même. M. Woolhouse, à qui cette cruelle inflammation de la conjonctive n’étoit pas inconnue, employoit d’abord les remedes généraux pour la dissiper ; après lesquels il mettoit en pratique de legeres scarifications sur ces vaisseaux, ce qu’il appelloit la saignée de l’œil ; mais nous n’oserions trop approuver l’usage de ce remede, à cause de la délicatesse de l’organe.

Pour ce qui concerne la légere inflammation de la conjonctive, procédant du simple relâchement de ses vaisseaux sanguins, elle est facile à guérir dans son commencement ; car en bassinant souvent les yeux avec de l’eau fraîche, les vaisseaux resserrés par cette fraîcheur, repoussent la partie rouge du sang qui s’y étoit introduite en les dilatant.

Voici quel est l’usage de la conjonctive. 1°. Elle assujettit ou affermit le bulbe de l’œil, sans dimi-