L’Encyclopédie/1re édition/SYZYGIES

SYZYGIES, s. f. pl. (en Astronomie.) c’est un terme dont on se sert également pour marquer la conjonction & l’opposition d’une planete avec le soleil. Voyez Conjonction & Opposition.

Ce terme s’employe sur-tout en parlant de la lune.

On sait dans l’Astronomie physique que la force qui diminue la pesanteur de la lune dans les syzygies est double de celle qui l’augmente dans les quadratures ; en sorte que dans les syzygies la pesanteur de la lune est diminuée en partie par l’action du soleil ; & cette partie est à la pesanteur totale, comme 1 est à 89,36 ; au lieu que dans les quadratures sa pesanteur augmentée est à la pesanteur totale, comme 1 est à 178,73. Voyez Quadrature.

Quand la lune est dans les syzygies, ses apsides sont rétrogrades. Voyez Apside & Lune.

Quand la lune est dans les syzygies, les nœuds se meuvent très-vîte contre l’ordre des signes ; ensuite leur mouvement se rallentit petit-à-petit jusqu’à ce qu’ils parviennent au repos, lorsque la lune arrive aux quadratures. Voyez Nœud.

Enfin, quand les nœuds arrivent aux syzygies, l’inclinaison de l’orbite est la plus petite de toutes.

Ajoutez que ces différentes inégalités ne sont pas égales à chaque syzygie, mais toutes un peu plus grandes dans la conjonction que dans l’opposition. Voyez Planete, Lune, &c.

C’est au célebre M. Newton que nous devons l’explication de toutes ces inégalités que les Astronomes ont observées si long-tems, sans en pouvoir pénétrer la cause. Ce célebre philosophe a fait voir qu’elles étoient la suite de l’action du soleil sur la lune, & il a employé toute une section du livre premier de ses principes à expliquer en détail ces différentes inégalités, & à faire voir comment l’action du soleil sur la lune les produisoit. Cette section est la onzieme de ce premier livre ; & la proposition dans laquelle il développe les causes des inégalités dont il s’agit, est la soixante-sixieme qui a un grand nombre de corollaires. Non-seulement ce grand géometre les a expliquées, il a donné aussi le moyen de les calculer par la théorie de la gravitation ; & ses calculs répondent très-bien aux observations. Cet accord a été confirmé depuis d’une maniere plus indubitable par les géometres qui dans ces derniers tems ont travaillé à la théorie de la lune, savoir, par MM. Euler, Clairant & moi. Voyez Lune.

On peut dire que cette correspondance & cette précision sont la pierre de touche de tout système physique. Il n’y a pas d’apparence que la théorie des tourbillons cartésiens puisse jamais conduire à des déterminations aussi exactes & aussi précises ; on n’en pourra jamais tirer que des explications vagues des phénomenes, que l’on expliqueroit aussi-bien par ce secours, s’ils étoient tous différens de ce qu’ils sont. (O)