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re l’alliance des Dandins avec les Sotenvilles. Si dans ces modeles on trouve quelques traits qui ne peuvent amuser que le peuple, en revanche combien de scenes dignes des connoisseurs les plus délicats ?

Boileau a eu tort, s’il n’a pas reconnu l’auteur du Misantrope dans l’éloquence de Scapin avec le pere de son maître ; dans l’avarice de ce vieillard ; dans la scene des deux peres ; dans l’amour des deux fils, tableaux dignes de Térence ; dans la confession de Scapin qui se croit convaincu ; dans son insolence dès qu’il sent que son maître a besoin de lui, &c. Boileau a eu raison, s’il n’a regardé comme indigne de Moliere que le sac où le vieillard est enveloppé : encore eût-il mieux fait d’en faire la critique à son ami vivant, que d’attendre qu’il fût mort pour lui en faire le reproche.

Pourceaugnac est la seule piece de Moliere qu’on puisse mettre au rang des farces ; & dans cette farce même on trouve des caracteres, tel que celui de Sbrigani, & des situations telles que celle de Pourceaugnac entre les deux medecins, qui décelent le grand maître.

Le comique bas, ainsi nommé parce qu’il imite les mœurs du bas peuple, peut avoir, comme les tableaux Flamands, le mérite du coloris, de la vérité & de la gaïeté. Il a aussi sa finesse & ses graces ; & il ne faut pas le confondre avec le comique grossier : celui-ci consiste dans la maniere ; ce n’est point un genre à part, c’est un défaut de tous les genres. Les amours d’une bourgeoise & l’ivresse d’un marquis, peuvent être du comique grossier, comme tout ce qui blesse le goût & les mœurs. Le comique bas au contraire est susceptible de délicatesse & d’honnêteté ; il donne même une nouvelle force au comique bourgeois & au comique noble, lorsqu’il contraste avec eux. Moliere en fournit mille exemples. Voyez dans le Dépit amoureux, la brouillerie & la réconciliation entre Mathurine & Gros-René, où sont peints dans la simplicité villageoise les mêmes mouvemens de dépit & les mêmes retours de tendresse, qui viennent de se passer dans la scene des deux amans. Moliere, à la vérité, mêle quelquefois le comique grossier avec le bas comique. Dans la scene que nous avons citée, voilà ton demi-cent d’épingles de Paris, est du comique bas. Je voudrois bien aussi te rendre ton potage, est du comique grossier. La paille rompue, est un trait de génie. Ces sortes de scenes sont comme des miroirs où la nature, ailleurs peinte avec le coloris de l’art, se répete dans toute sa simplicité. Le secret de ces miroirs seroit-il perdu depuis Moliere ? Il a tiré des contrastes encore plus forts du mêlange des comiques. C’est ainsi que dans le Festin-de-Pierre, il nous peint la crédulité de deux petites villageoises, & leur facilité à se laisser séduire par un scélérat dont la magnificence les éblouit. C’est ainsi que dans le Bourgeois gentilhomme, la grossiereté de Nicole jette un nouveau ridicule sur les prétentions impertinentes & l’éducation forcée de M. Jourdain. C’est ainsi que dans l’Ecole des femmes l’imbécillité d’Alain & de Georgette si bien nuancée avec l’ingénuité d’Agnès, concourt à faire réussir les entreprises de l’amant, & à faire échoüer les précautions du jaloux.

Qu’on nous pardonne de tirer tous nos exemples de Moliere ; si Menandre & Térence revenoient au monde, ils étudieroient ce grand maître, & n’étudieroient que lui. Cet article est de M. de Marmontel.

COMIRS, s. m. pl. (Litter.) farçeurs la plûpart Provençaux, sachant musique, joüant des instrumens, & débitant les ouvrages des troubadours : ils luccéderent en France aux histrions, où on leur donna encore les noms de conteurs, jongleurs, musars, plaisantins, pantomimes, &c.

COMITE, s. m. (Marine.) officier de galere qui

commande la chiourme, & qui a le soin de faire ramer les forçats. Voyez Marine, Pl. II. lett. Z, le comite en fonction sur une galere à la rame. (Z)

COMITÉ du Parlement, (Jurispr.) est l’assemblée des commissaires nommés par le parlement pour examiner d’abord entre eux quelqu’affaire publique ou de la compagnie, & en rendre compte ensuite à tout le parlement assemblé. Voyez Commissaires du Parlement & Parlement. (A)

COMITTAN, (Géog. mod.) ville de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, province de Chiapa.

COMMA, s. m. terme de Gram. & d’impr. Ce mot est Grec, κόμμα, segmen, incisum. Quintilien, vers le commencement du ch. jv. du liv. IX. fait mention des incises & des membres de la période, incisa quæ κόμματα, membra quæ κῶλα. Les incises font un sens partiel qui entre dans la composition du sens total de la période, ou d’un membre de période. Voyez Construction & Période.

On donne aussi le nom d’incise aux divers sens particuliers du style coupé : Turenne est mort ; la victoire s’arrête ; la fortune chancele ; c’est ce que Cicéron appelle incisim dicere. Cic. orat. chap. lxvj. & lxvij.

On appelle aussi comma une sorte de ponctuation qui se marque avec les deux points : c’est de toutes les ponctuations celle qui après le point indique une plus forte séparation. Le sieur Leroi, ce fameux prote de Poitiers, dans son traité de l’ortographe qui vient d’avoir l’honneur d’être augmenté par M. Restaut ; le sieur Leroi, dis-je, soûtient que la ponctuation des deux points doit être appellée comma, & que ceux qui donnent ce nom au point-virgule sont dans l’erreur. Apparemment l’usage a varié ; car Martin Fertel, Richelet, & le dictionnaire de Trévoux édition de 1721, disent que le comma est la ponctuation qui se marque avec un point & une virgule : le sieur Leroi soûtient au contraire que malgré le sentiment de ces auteurs, la ponctuation du point-virgule est appellée petit-que par tous les Imprimeurs ; parce qu’en effet ce signe sert à abreger la particule Latine que, quand à la suite d’un mot elle signifie & : par exemple, illaq ; hominesq ; deosq ; au lieu de illaque, hominesque, deosque. Ici il ne s’agit que d’un fait ; on n’a qu’à consulter les Imprimeurs : ainsi le prote de Poitiers pourroit bien avoir raison. Nous verrons au mot Ortographe s’il est aussi heureux quand il s’agit de raisonnement. (F)

Comma, terme de Musique, est un petit intervalle qui se trouve en quelques cas, entre deux sons produits sous le même nom par des progressions differentes.

On distingue trois especes de comma : 1°. le mineur, dont la raison est de 2025 à 2048 ; ce qui est la quantité dont le si dièse, que donne la quatrieme quinte de sol dièse pris comme tierce majeure de mi, est surpassé par l’ut naturel qui lui correspond. Ce comma est la différence du semi-ton moyen au semi-ton majeur.

2°. Le comma majeur est celui qui se trouve entre le mi produit par la progression triple comme quatrieme quinte en commençant par ut, & le même mi ou sa réplique considéré comme tierce majeure de cet ut : la raison en est de 80 à 81. C’est le comma ordinaire : & il est la différence du ton majeur au ton mineur.

3°. Enfin le comma maxime, qu’on appelle comma de Pythagore, a son rapport de 524288 à 531441 ; & il est l’excès du si dièse produit par la progression triple, comme douzieme quinte de l’ut, sur le même ut élevé au degré correspondant. Voyez Tempérament. (S)

COMMAND, s. m. (Jurisprud.) ce terme signifie