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un moment, comme le feu, ou un fer rougi au feu ; on se servoit anciennement de cette espece de cauteres dans la fistule lacrymale, après l’extirpation du cancer, l’amputation d’une jambe, ou d’un bras, &c. pour arrêter l’hémorrhagie, & produire une suppuration loüable. On en applique encore quelquefois sur des os cariés, sur des abscès & des ulceres malins.

Les cauteres actuels sont des instrumens composés d’une tige de fer dont l’extrémité postérieure est une mitte, du milieu de laquelle s’éleve une soie tournée en vis, afin qu’un même manche de bois garni d’un écrou puisse servir à monter des cauteres de différente figure. Il y en a qui, par leur partie antérieure, forment un bouton sphérique ; d’autres l’ont olivaire, les uns se terminent par une plaque quarrée, &c. Voyez les figures 5, 6, 7, 8, 9, 10 & 11, Pl. XVII. On peut changer les cauteres, & leur faire donner telle configuration qu’on voudra, selon le besoin qu’on en aura, afin de les rendre conformes aux endroits ou on doit les appliquer. Voyez Cautérisation.

M. Homberg dit que la medecine des habitans de Java, & de la plûpart des autres peuples Orientaux, consiste en grande partie à brûler les chairs, ou à y appliquer des cauteres actuels ; & qu’il y a peu de maladies que ces différens peuples ne guérissent par cette méthode.

Le cautere potentiel est une composition de remedes caustiques, où entrent ordinairement de la chaux vive, du savon & de la suie de cheminée. Voyez Caustique. On s’en sert pour l’ouverture des abcès. Voyez Abcès.

Ambroise Paré enseigne la composition d’un caustique qu’il nomme cautere de velours, ainsi appellé parce que ce remede ne cause point de douleur, ou parce qu’il avoit acheté le secret fort cher d’un Chimiste. L’auteur dit : … « à iceux je donnerai le nom de cauteres de volours à raison qu’ils ne font douleur, principalement lorsqu’ils seront appliqués sur les parties exemptes d’inflammation & de douleur, & aussi parce que je les ai recouvrés par du velours ». cautere est aussi un ulcere qu’on procure exprès dans quelque partie saine du corps pour servir d’égoût aux mauvaises humeurs. Voyez Fonticule & Séton.

Les cauteres se font communément à la nuque, entre la premiere & la seconde vertebre du cou ; à la partie superieure du bras, dans une petite cavité qui se forme entre le muscle deltoide & le biceps ; & à la partie interne du genou, un peu au-dessous de l’attache des fléchisseurs de la jambe.

Pour bien appliquer un cautere, on commence par faire un emplâtre rond de la grandeur d’un écu, & troué par le milieu ; il doit être fort emplastique afin qu’il s’attache fortement à la peau, pour empêcher que l’escarre ne fasse plus de progrès qu’on ne le desire. On met cet emplâtre sur l’endroit destiné au cautere ; on applique une pierre à cautere sur la peau qui est découverte au centre de l’emplâtre ; on la recouvre d’une autre emplâtre plus grand que celui qui est percé ; on applique ensuite une compresse & un bandage circulaire qu’on serre un peu afin que l’appareil ne change pas de place.

Il faut que le Chirurgien connoisse l’activité du caustique dont il se sert, pour ne le laisser qu’un tems suffisant pour faire escarre à la peau ; on pense l’escarre, on en procure la chûte par l’usage des remedes suppuratifs, & on entretient ensuite la suppuration de l’ulcere, en tenant un pois dedans, qu’on a soin de renouveller tous les jours.

Les cauteres sont d’une grande utilité dans nombre de maladies. Il y en a même plusieurs qu’on ne sauroit guérir sans cautere lorsqu’elles sont enracinées ou obstinées : telles sont l’ophthalmie, les anciens

maux de tête, les fluxions fréquentés, les ulceres invétérés, &c. Voyez Séton. (Y)

CAUTÉRISATION, s. f. terme de Chirurgie, application d’un fer rougi au feu, sur les parties du corps. On appelle cauteres actuels les instrumens qui y servent. Voyez Cautere.

L’usage des cauteres actuels est de consumer la carie des os, d’empêcher la vermoulure que cette maladie peut occasionner en faisant des progrès. L’application des cauteres, en desséchant l’humidité ou la sanie qui exude des os cariés, procure l’exfoliation, & fait obtenir une guérison solide de l’ulcere, par une bonne cicatrice. Voyez Exfoliation.

Pour faire l’application des cauteres actuels, on fait rougir leur extrémité antérieure dans un feu ardent. Pour garantir les levres de la plaie de l’action du feu, quelques auteurs conseillent de les cacher avec deux petites plaques de fer fort mince qu’on fait tenir par deux serviteurs. Je crois qu’on doit préférer la méthode que décrit M. Petit dans son Traité des maladies des os, à l’article de la carie. Il conseille de garnir les chairs voisines de la carie avec des linges mouillés pour les garantir du feu. Il faut que ces linges soient bien exprimés, parce que l’eau qui en découleroit, refroidiroit les cauteres, qui doivent être le plus rouges qu’on pourra, afin qu’ils puissent brûler, quoiqu’on les applique légerement.

Lorsqu’on a cautérisé tout ce qu’on se proposoit, ce qu’il est expédient de faire quelquefois à plusieurs reprises ; on panse la carie avec la charpie séche. Si le malade sentoit beaucoup de chaleur, on imbiberoit la charpie d’esprit-de-vin : le reste de l’ulcere se panse à l’ordinaire.

La carie profonde demande une application plus forte des cauteres, qu’une carie superficielle ; parce que pour en tirer le fruit qu’on en attend, il faut brûler jusqu’aux parties saines, afin de dessécher & tarir les vaisseaux d’où viennent les sérosités rongeantes. Voyez Carie.

Les anciens cautérisoient les parties molles pour les fortifier ou pour procurer un égoût aux matieres impures de la masse du sang : mais l’horreur que fait cette opération l’a fait rejetter depuis long-tems. V. Cautere & Séton. (Y)

CAUTION, s. f. en Droit, sûreté que l’on donne pour l’exécution de quelque engagement : en ce sens il est synonyme à cautionnement. Voyez Cautionnement.

Caution signifie aussi la personne même qui cautionne ; & en ce second sens, il est synonyme à pleige, qui est moins usité. Voyez Pleige.

Par l’ancien droit Romain, le créancier pouvoit s’adresser directement à la caution, & lui faire payer le total de la dette, sans être obligé à faire aucunes poursuites contre le débiteur ; & s’il y avoit plusieurs cautions, elles étoient toutes obligées solidairement. Mais l’empereur Adrien leur accorda premierement le bénéfice de division, & dans la suite Justinien leur accorda celui d’ordre ou de discussion. Voyez Division & Discussion.

La caution ne peut pas être obligée à plus que le principal obligé ou débiteur : mais elle peut être obligée plus étroitement ; ainsi l’obligation de la caution subsiste, quoique celle du principal obligé mineur soit éteinte par la restitution en entier. De même la caution peut hypothéquer ses immeubles, quoique le débiteur n’ait pas obligé les siens.

Les cautions entr’elles, n’ont aucune action l’une contre l’autre ; de sorte que s’il y avoit plusieurs cautions, & que l’une en conséquence de l’insolvabilité du débiteur paye le tout, la caution qui a été obligée de payer n’a aucun recours contre les autres, si elle n’a pas eu la précaution d’obliger le créancier à lui céder ses droits, parce que les cautions n’ont pas