L’Encyclopédie/1re édition/CAUTÉRISATION
CAUTÉRISATION, s. f. terme de Chirurgie, application d’un fer rougi au feu, sur les parties du corps. On appelle cauteres actuels les instrumens qui y servent. Voyez Cautere.
L’usage des cauteres actuels est de consumer la carie des os, d’empêcher la vermoulure que cette maladie peut occasionner en faisant des progrès. L’application des cauteres, en desséchant l’humidité ou la sanie qui exude des os cariés, procure l’exfoliation, & fait obtenir une guérison solide de l’ulcere, par une bonne cicatrice. Voyez Exfoliation.
Pour faire l’application des cauteres actuels, on fait rougir leur extrémité antérieure dans un feu ardent. Pour garantir les levres de la plaie de l’action du feu, quelques auteurs conseillent de les cacher avec deux petites plaques de fer fort mince qu’on fait tenir par deux serviteurs. Je crois qu’on doit préférer la méthode que décrit M. Petit dans son Traité des maladies des os, à l’article de la carie. Il conseille de garnir les chairs voisines de la carie avec des linges mouillés pour les garantir du feu. Il faut que ces linges soient bien exprimés, parce que l’eau qui en découleroit, refroidiroit les cauteres, qui doivent être le plus rouges qu’on pourra, afin qu’ils puissent brûler, quoiqu’on les applique légerement.
Lorsqu’on a cautérisé tout ce qu’on se proposoit, ce qu’il est expédient de faire quelquefois à plusieurs reprises ; on panse la carie avec la charpie séche. Si le malade sentoit beaucoup de chaleur, on imbiberoit la charpie d’esprit-de-vin : le reste de l’ulcere se panse à l’ordinaire.
La carie profonde demande une application plus forte des cauteres, qu’une carie superficielle ; parce que pour en tirer le fruit qu’on en attend, il faut brûler jusqu’aux parties saines, afin de dessécher & tarir les vaisseaux d’où viennent les sérosités rongeantes. Voyez Carie.
Les anciens cautérisoient les parties molles pour les fortifier ou pour procurer un égoût aux matieres impures de la masse du sang : mais l’horreur que fait cette opération l’a fait rejetter depuis long-tems. V. Cautere & Séton. (Y)