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mot, & elle doit être conservée dans son orthographe, comme l’r est dans le mot de course, mort, &c.

Les caractéristiques sont de grand usage dans la Grammaire Greque, particulierement dans la formation des tems, parce qu’ils sont les mêmes dans les mêmes tems de tous les verbes de la même conjugaison, excepté le tems présent qui a différentes caractéristiques, & le futur, l’aoriste premier, le prétérit parfait, & le plusque-parfait de la quatrieme conjugaison, qui ont deux caractéristiques. Voy. Tems, Verbe, Mode, &c. (G)

Caractéristique, s. f. La caractéristique d’un logarithme est son exposant, c’est-à-dire, le nombre entier qu’il renferme : ainsi dans ce logarithme 1,000 000, 1 est l’exposant ; de même 2 est l’exposant dans celui-ci, 2, 4523 &c. En général on appelle en Mathématique caractéristique, une marque ou caractere par laquelle on désigne quelque chose. Voyez Caractere. Ainsi d est la caractéristique des quantités différentielles, suivant M. Leibnitz ; & suivant M. Newton, la caractéristique des fluxions est un point. Voyez Fluxion, Différentiel.

Dans la haute Géométrie on appelle triangle caractéristique d’une courbe, un triangle rectiligne rectangle, dont l’hypothénuse fait une partie de la courbe, qui ne differe pas sensiblement d’une ligne droite, parce que cette portion de courbe est supposée infiniment petite. Ce triangle a été appellé caractéristique, à cause qu’il sert ordinairement à distinguer les lignes courbes. Voyez Courbe.

Supposons, par exemple, la demi-ordonnée pm, (Pl. d’Anal. fig. 18.) infiniment proche d’une autre demi-ordonnée PM ; alors Pp sera la différence de l’abscisse ; & abaissant une perpendiculaire M R = P p, R m sera la différence de la demi-ordonnée. Tirant donc une tangente TM, en ce cas l’arc infiniment petit Mm ne differera pas d’une ligne droite ; par conséquent MmR est un triangle rectiligne rectangle, & constitue le triangle caractéristique de cette courbe, autrement appellé triangle différentiel : en effet l’équation différentielle qui est entre les petits côtés de ce triangle, est l’équation qui désigne & caractérise la courbe. Voyez . (O)

Caractéristique, adj. en Littérature, se dit de ce qui sert à caractériser, à distinguer les ouvrages & les auteurs : ainsi l’élévation & la véhémence sont les traits caractéristiques de Corneille ; la noblesse & l’élégance, ceux de Racine.

CARADIVA, (Géog.) île de l’Asie, auprès de l’île de Ceylan.

CARAGI, s. m. (Commerce.) on nomme ainsi dans les etats du grand-seigneur les droits d’entrée & de sortie qu’on paye pour les marchandises : ces droits ne se payent qu’une fois, & seulement à la doüane où les marchandises sont d’abord déchargées. On est libre de les transporter dans une autre ville, en représentant le premier acquit.

Caragi est aussi le nom qu’on donne aux commis des bureaux où se perçoivent les droits : leur chef ou directeur de la doüane se nomme caragi-bachi. (G)

CARAGONA, (Hist. nat bot.) arbre qui se trouve fréquemment dans les Indes orientales, & dont on ne nous apprend rien, sinon qu’il conserve sa verdure hyver & été, & qu’il a beaucoup de ressemblance avec celui qui produit la gomme de Caranne.

CARAGROUCH, s. m. (Commerce.) monnoie d’argent d’usage dans l’Empire, au titre de dix deniers vingt-trois trente-deuxieme ; elle vaut argent de France deux livres dix-huit sous cinq deniers. Cette monnoie a cours à Constantinople ; elle y est reçûe pour cent seize aspres.

CARAGUATA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur monopétale, en cloche tubulée, dé-

coupée ordinairement sur les bords en trois parties. Il s’éleve du fond du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit oblong, pointu, membraneux, qui s’ouvre d’un bout à l’autre en trois parties, & qui renferme des semences garnies d’aigrettes.

Plumier, Novaplant. Amer. gen. V. Plante. (I)

CARA-HISSAR, (Géog.) ville d’Asie, dans la province qui étoit anciennement appellée Galatie.

CARAIAM, (Géog.) grande province ou pays d’Asie dans la Tartarie, dont la capitale porte le même nom.

CARAIBES, ou CANNIBALES, Sauvages insulaires de l’Amérique, qui possedent une partie des îles Antilles. Ils sont en général tristes, rêveurs, & paresseux, mais d’une bonne constitution, vivans communément un siecle. Ils vont nuds ; leur teint est olivâtre. Ils n’emmaillotent point leurs enfans, qui dès l’âge de 4 mois marchent à quatre pattes, & en prennent l’habitude au point de courir de cette façon quand ils sont plus âgés, aussi vîte qu’un Européen avec ses deux jambes. Ils ont plusieurs femmes qui ne sont point jalouses les unes des autres ; ce que Montagne regarde comme un miracle dans son chapitre sur ce peuple. Elles accouchent sans peine, & dès le lendemain vaquent à leurs occupations ; le mari garde le lit, & fait diete pour elles pendant plusieurs jours. Ils mangent leurs prisonniers rôtis, & en envoyent des morceaux à leurs amis. Ils croyent un premier homme nommé Longuo, qui descendit du ciel tout fait ; & les premiers habitans de la terre, suivant eux, sortirent de son énorme nombril au moyen d’une incision. Ils adorent des dieux & des diables, & croyent l’immortalité de l’ame. Quand un d’entre eux meurt, on tue son negre pour qu’il aille le servir dans l’autre monde : ils sont fort adroits à tirer de l’arc ; leurs fleches sont faites d’un bois empoisonné, taillées de façon qu’on ne les peut retirer du corps sans déchirer la plaie ; & elles sont arrosées d’un venin très-dangereux, fait avec le suc du mancenilier. Voyez Sauvages.

CARAITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) secte très ancienne parmi les Juifs, si l’on en croit quelques auteurs, & qui subsiste encore parmi les Juifs modernes en Pologne, en Russie, à Constantinople, au Caire, & dans plusieurs autres endroits du Levant. Ce qui les distingue des autres Juifs quant à la religion, c’est leur attachement scrupuleux à la lettre de l’Ecriture, exclusivement aux allégories, traditions, interprétations humaines, &c.

Léon de Modene rabbin de Venise, observe que de toutes les hérésies qui étoient chez les Juifs avant la destruction du temple, il n’est resté que celle de Caraim, nom dérivé de Miera, qui signifie le pur texte de l’Ecriture ; parce que les Caraïtes veulent qu’on s’en tienne au Pentateuque, qu’on le garde à la lettre, sans égard pour les gloses & les interprétations des rabbins.

Aben Ezra & quelques autres, pour rendre les Caraïtes odieux, les qualifient de Sadducéens : mais Léon de Modene se contente de les appeller Sadducéens mitigés, parce qu’ils admettent l’immortalité de l’ame, la résurrection, les récompenses, & les peines de la vie future, que rejettoient les anciens Sadducéens, dont il doute même que les Caraïtes soient descendus. Voyez Sadducéens.

M. Simon suppose avec plus de vraissemblance, que cette secte ne s’est formée que de l’opposition qu’ont apportée aux rêveries des Thalmudistes les Juifs les plus sensés, qui s’en tenant au texte de l’Ecriture, pour réfuter les traditions mal-fondées de ces nouveaux docteurs, en reçurent le nom de Caraim, qui signifie en Latin barbare, scripturarii, c’est-à-dire, gens attachés au texte de l’Ecriture, & qu’on