Banques à sel ; ce sont des greniers sur les frontieres de la Savoie, voisines de la France, où l’on débite du sel aux faux-sauniers François, à raison de quatre sous la livre, argent de France, poids de Geneve, qui est de dix-huit onces à la livre, pendant que les Savoyards le payent quatre sous de Piémont. La livre de Piémont n’est que de douze onces, ce qui fait neuf deniers de plus sur l’argent, & un tiers sur le poids, qui vaut un sou sept deniers, c’est-à-dire, deux sous quatre deniers sur le tout ; ainsi la différence est de plus de moitié. C’est une des suites des traités par lesquels la France s’est obligée à fournir à la Savoie jusqu’à la concurrence de 45 à 50 mille minots conduits & rendus dans les différens endroits indiqués par les traités.
La France fournit encore 5000 quintaux de sel de Peccais à la ville de Geneve, 6000 à la ville de Valais, & 1522 à la ville de Sion : mais aucun de ces pays ne fait, du bienfait du roi, un usage contraire à sa destination, & les quantités se consomment dans le pays, soit par besoin, soit par bonne-foi.
Banque, se dit chez les Imprimeurs, du payement qu’on fait du travail aux ouvriers de l’Imprimerie ; le jour de la banque est le samedi : on entend aussi par banque, la somme entiere que chaque ouvrier reçoit.
Banque, chez les Passementiers, est l’instrument propre à porter les rochets, ou bobines, pour ourdir : il y a des banques de plusieurs sortes ; les unes, outre cet usage, ont encore celui de pouvoir servir de plioir ; d’autres ressemblent assez à ces porte-vaisselles appellés dressoirs, & ont, ou peuvent avoir, double rang de broches ; les premieres auroient aussi cet avantage si on perçoit des trous paralleles dans la largeur des trois petites planchettes qui sont vûes droites dans nos planches de Passementerie, où sont représentées les deux sortes de banques dont nous venons de parler. En pratiquant ces trous paralleles, on auroit la facilité de mettre tant de rochets en banque que l’on voudroit. On a, dans les mêmes planches, une troisieme sorte de banque ; c’est une espece de poteau quarré dont la largeur n’est pas absolument déterminée, puisque si l’on vouloit y mettre deux rangs de broches, il faudroit qu’il fût plus épais que lorsqu’il n’y en auroit qu’un rang ; on fait entrer dans ce poteau le bout pointu de ces broches, de sorte qu’elles y demeurent invariables : on les place parallelement les unes aux autres ; on en peut mettre tant qu’il en pourra tenir, en laissant toutefois une distance telle que les bords des deux rochets ne se puissent toucher ; sans cette précaution ils s’empêcheroient mutuellement de se mouvoir, ou mettroient au moins les soies en danger de casser. Dans le cas où ces bords de rochets, ou bobines, se trouveroient trop hauts, & que ce frottement fût inévitable, il faudroit pour lors espacer davantage les broches les unes des autres, en laissant une place vuide entre deux, on trouveroit ainsi l’espace dont on avoit besoin : mais à quoi bon cette grande quantité de broches, dira-t-on ? lorsqu’on aura lû à l’article Ourdir, que l’on n’ourdissoit qu’avec seize rochets ; il ne faut donc, continuera-t-on, que seize broches, ou tout au plus trente-deux, ce qui n’exposera plus au frottement qu’on craignoit. Quoique la regle générale soit d’ourdir à seize rochets, ou tout au plus à trente-deux, comme le pratiquent plusieurs ouvriers qui par-là avancent plus vîte de moitié, façon de travailler qui doit être peu suivie, parce qu’il est bien plus difficile de veiller sur trente-deux rochets que sur seize, & par conséquent plus facile d’échapper un brin, ou même plusieurs qui viennent à casser : je n’en serai pas moins pour la quantité de broches à cette banque ; car au même article Ourdir, à l’endroit où il est question des rubans rayés, on
voit qu’il faut, suivant le besoin, changer de couleur. En supposant qu’on eût quatre couleurs à employer, & qu’il y eut soixante-quatre broches à la banque, on auroit quatre couleurs sous la main toutes fois qu’il faudroit qu’on en changeât : d’abord deux sur la même face, ayant seize broches de chaque côté, puis en retournant la banque, encore deux autres. On voit que ces broches ne sont pas posées horisontalement, mais qu’au contraire le bout extérieur est plus élevé que l’autre, en voici la raison : si les broches étoient paralleles à l’horison, les rochets, par la vîtesse avec laquelle ils se meuvent, (car il faut qu’ils fassent bien des tours pendant que le moulin de l’ourdissoir n’en fait qu’un) seroient en danger de s’échapper des broches, inconvénient que l’on évite par l’inclinaison des broches : étant ainsi placées, il est bon d’ajuster à chacune un moule de bouton, qui, par sa convexité, empêchera que le rochet ne frotte en tant de parties contre la face platte du poteau ; la planche d’en bas, qui lui sert de base, est revêtue des quatre côtés de triangles, ce qui la rend propre à contenir les rochets, vuides ou pleins, qu’on y veut mettre.
Banque, partie du bois de métier d’étoffe de soie. C’est un plateau de noyer de deux pouces environ d’épaisseur, d’un pié de largeur, & deux piés de long, dans lequel est enclavé le pié de devant le métier ; ce plateau sert à reposer les navettes pendant que l’ouvrier cesse de travailler, & il retient le tenant de l’ensuple de devant. Voyez à l’article Velours cizelé, l’explication détaillée des pieces du métier.
Banque, (en terme de Tabletier Cornetier.) est une espece de banc triangulaire & à trois piés, sur lequel l’ouvrier en peignes travaille à califourchons, & qui a les mêmes parties, & le même usage que l’âne. Voyez Ane, machine, description & figure.
Banque, (Commerce.) c’est ainsi qu’on nomme à certains jeux, comme à celui du commerce, les cartes qui restent après qu’on en a donné à tous les joüeurs le nombre qu’exige le jeu. La banque s’appelle à d’autres jeux, talon, ou fond. Voyez Talon & Fond.
BANQUÉ, adj. (en Marine.) quelques-uns appellent ainsi un navire qui va pêcher la morue sur le grand banc.
On dit aussi qu’on est banqué, pour dire qu’on est sur le grand banc ; & debanqué, lorsqu’on a quitté le banc.
BANQUEROUTE, s. f. (Commerce.) est l’abandonnement qu’un débiteur fait de tous ses biens à ses créanciers pour cause d’insolvabilité vraie ou feinte ; car il y a deux sortes de banqueroutes, la banqueroute forcée, & la frauduleuse.
La banqueroute forcée, qu’on appelle plus proprement faillite, est celle que fait nécessairement un Marchand pour raison des pertes qui l’ont rendu insolvable. Voyez Faillite.
La banqueroute volontaire ou frauduleuse, qu’on appelle aussi simplement banqueroute, est celle qui se fait avec fraude & malice ; l’insolvabilité du débiteur n’étant qu’apparente, & les effets qu’il abandonne à ses créanciers n’étant qu’une partie de son bien, dont il s’est réservé le reste.
La banqueroute frauduleuse est mise au rang des crimes : mais ce crime demeure souvent impuni, parce que les créanciers aiment mieux traiter avec le banqueroutier, & lui faire des remises, que de perdre toute leur dette ; & dès qu’ils sont d’accord, la justice ordinairement ne s’en mêle plus. Voyez la peine que les lois décernent pour la banqueroute frauduleuse au mot Banqueroutier. (H)
BANQUEROUTIER, s. m. (Commerce.) est la