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l’intercalation Grégorienne n’empêche pas que l’équinoxe n’arrive après le vingt-unieme de Mars ; ce n’est quelquefois que le vingt-troisieme ; & quelquefois l’équinoxe anticipe, en tombant le dix-neuvieme ; & la pleine lune qui tombe le vingtieme de Mars, est alors la vraie lune paschale : néanmoins dans le calendrien Grégorien on ne la compte pas pour telle. D’un autre côté, dans ce calendrier on prend pour la lune paschale la pleine lune du vingt-deuxieme de Mars, qui cependant n’est point paschale lorsqu’elle tombe avant l’équinoxe : ainsi dans chacun de ces deux cas le calendrier Grégorien induit en erreur. De plus le comput par épactes étant fondé sur les lunes moyennes, qui peuvent néanmoins précéder ou suivre les vraies lunes de quelques heures, la pleine lune de Pâque peut tomber un samedi, lorsque l’épacte la met au dimanche ; & au contraire l’épacte peut mettre au samedi la pleine lune qui est le dimanche : d’où il suit que dans le premier cas la Pâque est célébrée huit jours plus tard qu’elle ne le doit être ; dans le second cas elle est célébrée le vrai jour de la pleine lune, avec les Juifs & les hérétiques quarto-décimans, condamnés pour de bonnes raisons par le concile de Nicée ; ce qui est, dit M. Wolf, un inconvénient fort à craindre. Scaliger fait voir d’autres défauts dans le calendrier Grégorien : c’est ce calendrier que suivent les Catholiques Romains, & même la plûpart des Protestans. Voyez les articles Epacte & Pasque.

Le calendrier réformé ou corrigé, est celui où sans s’embarrasser de tout l’appareil des nombres d’or, des épactes, des lettres dominicales, on détermine l’équinoxe, avec la pleine lune de Pâque & les fêtes mobiles qui en dépendent, par les calculs astronomiques, suivant les tables Rudolphines.

Ce calendrier fut introduit dans les états Protestans d’Allemagne l’an 1700, où l’on retrancha tout-d’un-coup onze jours du mois de Février ; de maniere qu’en 1700 Février n’eut que dix-huit jours : par ce moyen le style corrigé revint à celui du calendrier Grégorien. Les Protestans d’Allemagne ont ainsi reçû pour un certain tems la forme de l’année Grégorienne, jusqu’à ce que la quantité réelle de l’année tropique étant enfin déterminée par observation, d’une maniere plus exacte, les Catholiques Romains puissent convenir avec eux d’une forme plus exacte & plus commode.

Construction d’un calendrier ou d’un almanach. 1o. Calculez le lieu de la lune & du soleil pour chaque jour de l’année ; ou bien prenez-les dans les éphémérides. Voyez Soleil & Lune. 2o. Trouvez la lettre dominicale, & par son moyen divisez le calendrier en semaines. Voyez Lettre dominicale. 3o. Calculez le tems de la Pâque, & déterminez par-là les autres fêtes mobiles. Voyez Pasque. 4o. Ecrivez aux jours marqués les fêtes immobiles, avec les noms des saints qu’on y célebre. 5o. Marquez à chaque jour le lieu du soleil & de la lune, avec leur lever & leur coucher ; la longueur du jour & de la nuit ; le crépuscule & les aspects des planetes. 6o. Mettez aux endroits qui conviennent les principales phases de la lune. Voyez Phase. Mettez-y aussi l’entrée du soleil dans les points cardinaux, c’est-à-dire, dans les solstices & dans les équinoxes, avec le lever & le coucher des planetes, particulierement leur lever & leur coucher héliaque, & ceux des principales étoiles fixes. On trouvera les méthodes pour ces différens calculs aux articles qui leur sont particuliers.

La durée des crépuscules, c’est-à-dire, la fin de l’après-midi & le commencement du matin, avec le lever & le coucher du soleil, & la longueur des jours ; tout cela peut être transporté des calendriers d’une année dans ceux d’une autre, la différence étant

trop petite dans chaque année pour être de quelque considération dans l’usage civil.

Ainsi la construction d’un calendrier n’a rien en soi de fort difficile, pourvû que l’on ait sous la main des tables des mouvemens célestes. V. Ephémérides.

Le calendrier Gélaléen est une correction du calendrier Persan : elle fut faite par l’ordre du sultan Gélaleddan, la 467e année de l’hégire, & de J. C. 1089. La correction du calendrier ordonnée par ce sultan est telle, qu’elle donne fort exactement la grandeur de l’année. Voyez An.

Dans le calendrier des Juifs il y a un cycle de 19 années commençant à une nouvelle lune que les Juifs feignent être arrivée un an avant la création ; cette nouvelle lune est appellée par eux molad tohu ; & dans le cycle de 19 années, qui sont des années lunaires, la 3e, la 6e, la 8e, la 11e, la 14e, la 17e, & la 19e, sont des années embolismiques de 383 jours 21 heures ; les autres sont des années communes de 354 jours, 8 heures.

Dans le calendrier des Mahométans, il y a un cycle de 30 années, dans lequel les années 2, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 21, 24, 26, 29, sont embolismiques ou de 355 jours ; les autres communes ou de 354 jours.

Selon les Juifs, l’année de la création du monde est la 959e de la période Julienne, commençant au 7e d’Octobre ; & comme l’année de la naissance de J. C. est la 4714e de la période Julienne, il s’ensuit que J. C. est né l’an 3761 de l’ere des Juifs ; c’est pourquoi si on ajoûte 3761 à une année quelconque de l’ere chrétienne, on aura l’année Juive correspondante, qui doit commencer en automne ; bien entendu qu’on regarde alors l’année Juive comme une année solaire, & elle peut être regardée comme telle en effet, à cause des années embolismiques qui remettent à peu près de trois en trois ans le commencement de l’année Juive avec celui de l’année solaire.

L’ere des Mahométans commence à l’an 622 de J. C. qui est l’année de l’hégire ; d’où il s’ensuit que si d’une année quelconque de l’ere chrétienne on ôte 621, le reste sera le nombre des années de J. C. écoulées depuis le commencement de l’ere Mahométane. Or l’année Julienne est de 365 jours 6 heures, & les années de l’hégire, qui sont des années lunaires, sont de 354 jours 8 heures 48′ ; d’où il s’ensuit que chaque année de l’hégire anticipe sur l’année Julienne de 10 jours 21 heures 12′ ; & par conséquent 33 ans, de 359 jours 3 heures 36′, c’est-à-dire d’une année, plus 4 jours 18 heures 48′ ; donc si on divise par 33 le nombre trouvé des années Juliennes écoulées depuis l’ere Mahométane, & qu’on ajoûte le quotient à ce nombre d’années, on aura le nombre des années Mahométanes.

Il faut remarquer que le surplus des 4 jours 18 heures 48′, doit former aussi une année au bout de plusieurs siecles, c’est-à-dire au bout d’environ 72 fois 33 ans ; mais cette correction ne regardera que nos descendans. Wolf, Elem. de chronologie.

On se sert aussi du mot calendrier pour désigner le catalogue ou les fastes que l’on gardoit anciennement dans chaque église, & où étoient les saints que l’on y honoroit en général ou en particulier, avec les évêques de cette église, les martyrs, &c. Voyez Saint, Nécrologe, &c.

Il ne faut pas confondre les calendriers avec les martyrologes ; car chaque église avoit son calendrier particulier ; au lieu que les martyrologes regardent toute l’Eglise en général : ils contiennent les martyrs & les confesseurs de toutes les églises. De tous les différens calendriers on en a formé un seul martyrologe ; en sorte que les martyrologes sont postérieurs aux calendriers. Voyez Martyrologe.

Il y a encore quelques-uns de ces calendriers qui