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1o. De reduire en poudre grossiere le corps à calciner.

2o. De gouverner le feu de sorte que la matiere n’entre point en fusion ; du-moins d’éviter la fusion autant qu’il est possible. Cette regle n’est pas absolument générale ; car la fusion favorise la calcination du plomb & de l’étain, & elle ne nuit pas à celle du bismuth, pourvû néanmoins que ce ne soit qu’une fusion commençante.

3o. Si on a laissé fondre sa matiere, ou seulement s’empâter, de la laisser refroidir & de la réduire de nouveau en poudre grossiere.

4o. De remuer souvent la matiere.

5o. Enfin de ménager l’accès libre de l’air, autant qu’il est possible.

Quelques substances métalliques éprouvent par la calcination, dans de certaines circonstances, un changement singulier. Leurs chaux se chargent d’une matiere qui augmente le poids absolu du corps calciné. Cette circonstance est sur-tout très-remarquable dans le minium. Voyez Minium.

La calcination vraie peut-être considérablement hâtée par le secours du soufre, par celui du nitre, & par celui de l’un & de l’autre employés en même-tems.

L’æs ustum, le safran de Mars, communément appellé astringent, &c. sont des chaux préparées par le soufre. Les chaux de cette espece portent le nom générique de safran, crocus. La théorie de cette opération, est précisément la même que celle du grillage des métaux imparfaits & des demi-métaux minéralisés. Voyez Grillage.

Le nitre projetté dans un creuset rougi au feu avec les charbons en poudre, avec la limaille des métaux imparfaits, & avec les demi-métaux solides pulvérisés, ou jetté sur ces substances embrasées, concourt très-efficacement à leur calcination, qui s’opere dans ce cas très-promptement. Lorsque cette calcination se fait avec bruit & flamme manifeste, comme celle du fer, de l’étain, du régule d’antimoine, du zinc, du régule d’arsenic, elle s’appelle détonation. Voyez Détonation.

Les chaux d’antimoine tirées de l’antimoine crud ordinaire par le secours du nitre, comme l’antimoine diaphorétique préparé avec l’antimoine crud, le safran des métaux, &c. sont dûes au concours du nitre & du soufre.

L’esprit de nitre opere aussi des calcinations vraies. Le fer dissous par l’acide nitreux & abandonné par cet acide à mesure qu’il est attaqué, est une vraie chaux de fer ; voyez Fer. Cet acide agit de la même façon sur le zinc, & même un peu sur le bismuth. Voyez les articles Zinc, Bismuth, & Menstrue.

Mais la chaux de cette espece la plus parfaite, une chaux absolue, c’est le produit de l’action de l’acide nitreux sur la partie réguline de l’antimoine, soit qu’on l’applique immédiatement à ce régule, soit qu’on l’applique à l’antimoine crud, ou au beurre d’antimoine pour faire le bézoard minéral.

Glauber a fort ingénieusement observé dans la premiere partie de ses fourneaux philosophiques, que le bézoard minéral & l’antimoine diaphorétique étoient exactement la même chose, & qu’il n’importoit pas que ce diaphorétique fût fait avec l’esprit de nitre ou avec le nitre même corporel. Voyez Menstrue, Antimoine & Feu.

Il ne faut pas confondre ces chaux avec les précipités métalliques qui portent le même nom, dont on a parlé plus haut. Cet article est de M. Venel.

CALCUL, s. m. (Mathém. pures.) supputation de plusieurs sommes ajoûtées, soustraites, multipliées, ou divisées. Voyez Arithmétique.

L’erreur de calcul ne se couvre jamais ni par arrêt

ni par transaction, &c. Quand on arrête un compte, on sous-entend toûjours sauf erreur de calcul.

L’art de calculer en général, est proprement l’art de trouver l’expression d’un rapport unique, qui résulte de la combinaison de plusieurs rapports. Les différentes especes de combinaisons, donnent les différentes regles de calcul. Cela est expliqué plus au long à l’article Arithmétique.

Voyez les différentes especes de calcul aux articles Algébre, Différentiel, Exponentiel, Intégral, Addition, &c.

Plusieurs peuples de l’Amérique, de l’Afrique, & de l’Asie calculent avec des cordes, auxquelles ils font des nœuds.

Le calcul aux jettons se fait aisément, en représentant les unités par des jettons, les dixaines par d’autres jettons, les centaines par d’autres. Par exemple, si je veux exprimer 315 avec des jettons, je mets 3 jettons pour marquer les centaines, 1 pour les dixaines, 5 pour les unités. Voyez Dixaine, &c. (E)

Le mot calcul vient du Latin calculus, qui signifie une pierre, parce que les anciens se servoient de petits cailloux plats pour faire leurs supputations, soit des sommes multipliées ou divisées dans les comptes, soit en Astronomie & en Géométrie. De-là vient que nous avons donné le nom de calcul aux Sciences des nombres, à l’Arithmétique, à l’Algebre. Les Romains s’en servoient encore pour donner les suffrages dans les assemblées & dans les jugemens ; ils marquoient aussi les jours heureux avec une pierre blanche, dies albo notanda lapillo, dit Horace, & les jours malheureux par une pierre noire. Ils avoient emprunté la premiere de ces coûtumes des Grecs, qui nommoient ces especes de jettons naturels ψῆφος ; c’étoient d’abord des coquilles de mer, remplacées depuis par des pieces d’airain de la même figure, appellées spondyles. Deux choses distinguoient les calculs ; la forme & la couleur. Ceux qui portoient condamnation étoient noirs & percés par le milieu, les autres étoient entiers & blancs. M. l’abbé de Canaye, dont nous avons déjà parlé à l’article Aréopage, avec l’éloge que méritent la finesse de son esprit & la variété de ses connoissances, dit qu’on pourroit regarder la précaution de percer les noirs comme une preuve que les Aréopagites, qui s’en servoient, jugeoient pendant la nuit ; car à quoi bon percer les calculs noirs, si l’on eût pû voir les uns & les autres, & appercevoir, par le secours de la lumiere, la différence de leur couleur ; au lieu qu’en jugeant dans les ténebres il est clair qu’on avoit besoin d’une différence autre que celle de la couleur & relative au tact, pour démêler les calculs de condamnation d’avec ceux qui marquoient l’absolution. On comptoit ces calculs, & le nombre des uns ou des autres décidoit pour ou contre l’accusé.

On se servoit aussi de calculs ou bulletins pour tirer les athletes au sort dans les jeux publics, & les apparier. Voici comme la chose se pratiquoit aux jeux olympiques, au rapport de Lucien dans son dialogue intitulé Hermotime ou des Sectes. « On place, dit-il, devant les juges, une urne d’argent consacrée au dieu en l’honneur de qui se célebrent les jeux. On met dans cette urne des ballotes de la grosseur d’une féve, & dont le nombre répond à celui des combattans. Si ce nombre est pair, on écrit sur deux de ces ballotes la lettre Α, sur deux autres la lettre Β, sur deux autres la lettre Γ, & ainsi du reste. Si le nombre est impair, il y a de nécessité une des lettres employées qui ne se trouve inscrite que sur une seule ballote ; ensuite les athletes s’approchent l’un après l’autre, & ayant invoqué Jupiter, chacun met la main dans l’urne & en tire une ballote. Mais un des mastigophores ou porte-verges lui retenant la main, l’empêche de regar-