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BRO, (Géog.) riviere de la Prusse Polonoise, qui se jette dans la Vistule.

BROAD, (Géog.) c’est le nom d’un lac d’Irlande dans la province d’Ulster, dans lequel se trouvent plusieurs petites îles.

BROC, s. m. (Commerce.) mesure des liquides qui contient environ deux pintes de Paris. On l’appelle en quelques endroits une quarte, en d’autres un pot. Voyez Quarte & Pot. (G)

BROC, (Géog.) ville du royaume de Pologne, dans le palatinat de Mazovie.

BROCALO, (Géog.) petit royaume d’Afrique en Nigritie, à l’embouchure du Niger.

BROCANTER, v. n. (Commerce.) terme particulierement en usage à Paris chez les curieux, les Peintres, ou parmi quelques marchands merciers, pour dire acheter, revendre, ou troquer des tableaux, des cabinets, des bureaux, des bronzes, tables, figures de marbre, peintures, porcelaines, pendules, paravents, & autres semblables marchandises, meubles, ou curiosités. (G)

BROCANTEUR, s. m. (Commerce.) se disoit dans le sens propre de celui qui faisoit profession d’acheter des tableaux pour les revendre : ce commerce étoit anciennement fort à la mode en Italie. Les marchands Génois, Vénitiens & Florentins, commandoient au Guide, aux Caraches, & à d’autres excellens Peintres, des tableaux qu’ils achetoient de la premiere main, & qu’ils revendoient ensuite en France, en Allemagne, & même en Turquie. Mais aujourd’hui le mot de brocanteur ne convient qu’à ceux qui font commerce des choses concernant la curiosité, comme vases, médailles, bronzes, tableaux, mais particulierement des tableaux des anciens Peintres, dont ils savent se défaire, non suivant leur valeur, mais suivant le degré d’entêtement qu’on a pour eux. (R)

BROCARD, s. m. (Morale.) espece de raillerie grossiere, maligne & insultante. Le brocard est, à proprement parler, une injure plutôt qu’une raillerie. La raillerie, tant qu’elle ne sort point des bornes que lui prescrit la politesse, est l’effet de la gaieté & de la légereté de l’esprit. Elle épargne l’honnête homme, & le ridicule qu’elle attaque est souvent si leger, qu’elle n’a pas même le droit d’offenser. Mais le brocard annonce un fond de malignité ; il offense & ulcere le cœur. La raillerie exige beaucoup d’esprit dans ceux qui la manient, sans quoi elle dégénere en brocard, pour lequel tout homme a toûjours assez d’esprit. Voyez Raillerie. (X)

* Brocard, (Manufacture en or, argent, & soie.) terme générique, sous lequel on comprend communément

toutes les étoffes riches ou fonds d’or. Les 

ouvriers & fabriquans se servent préférablement des termes fond or, fond argent, &c. tissu, lustrine, &c. & ils entendent par brocards, fonds or, argent, &c. une étoffe d’or, d’argent, & de soie, relevée de fleurs, de feuillages, ou d’autres ornemens, suivant le goût du marchand & des ouvriers. Ils ne mettent d’autre différence entre les brocards & les fonds or & argent, qu’en ce que les brocards supposent plus de richesse, & que tout ce qui s’en présente à l’endroit

est or ou argent, à l’exception de quelques légeres

découpures ; au lieu que dans les fonds or & argent, on y voit des parties exécutées en soie.

Les brocards ou fonds or & argent, n’exigent pas un autre métier que celui dont on se sert communément. Nous parlerons à l’article Velours à jardin, des variétés qui surviennent dans les parties, la disposition & le montage du métier, selon les différens ouvrages qu’on se propose d’exécuter. Nous renvoyons à cet article plûtôt qu’à un autre, parce que l’ouvrage que nous y expliquerons, demande un métier très-composé, & qu’il ne s’agit presque que d’en anéantir certaines parties, & d’y en substituer quelques autres pour le transformer dans un métier propre à quelqu’ouvrage que ce soit.

Il y a des brocards ou fonds d’or de différentes sortes. Nous allons indiquer ces différences, exhortant ceux qui ne sont pas versés dans cette matiere, de parcourir auparavant les différens articles de notre Dictionnaire qui y ont rapport, ne fut-ce que pour se familiariser avec les termes. Qu’ils voyent les articles Armure, Liage, Poil, Accompagnage, Lisse, & sur-tout l’article Velours, où ils trouveront au long & clairement ce qui concerne le métier, ses parties, le montage, la lecture du dessein, la tire, le travail, &c.

Il y a des brocards ou fonds or à huit lisses de satin & quatre de poil ; à cinq lisses de fond, & cinq lisses de poil ; à cinq lisses de satin & quatre de poil, &c. Il y a des brocards dont la dorure est relevée, sans liage, ou liée par la corde ; & d’autres dont la dorure est relevée, & tous les lacs liés, excepté celui de la dorure relevée qui ne l’est jamais.

Des fonds or à huit lisses de satin & quatre de poil. Ces fonds or sont composés de quatre-vingts-dix portées de chaînes & de quinze de poil : l’armure en est la même que celle de la lustrine à poil, en supprimant les quatre marches de rebordures & les quatre lisses de rabat, & formant après cette suppression, l’armure du fond or dont il s’agit, comme nous allons dire. Dans l’armure de lustrine à poil, la marche de rebordure se trouve toûjours entre une marche de lustrine & une marche d’accompagnage. Supposez la marche de rebordure jettée sur la marche de lustrine, & celle-ci chargée non-seulement de ce qu’elle portoit, mais encore de ce que la marche de rebordure lui aura donné de plus qu’elle n’avoit, & vous aurez la premiere marche de fond de l’armure que vous cherchez. Supposez la même marche de rebordure jettée sur la marche d’accompagnage, & celle-ci chargée non-seulement de ce qu’elle portoit, mais encore de ce que lui aura donné de plus qu’elle n’avoit, la marche de rebordure : & vous aurez la premiere marche d’accompagnage de l’armure cherchée. Passez à la seconde marche de rebordure de l’armure de la lustrine ; jettez-la sur les marches de lustrine & d’accompagnage, entre lesquelles elle est placée, & vous aurez la seconde marche de fond & la seconde marche d’accompagnage de l’armure cherchée, & ainsi du reste ; d’où il s’ensuit, qu’au lieu de seize marches qui sont à la lustrine, l’étoffe dont il s’agit n’en a que douze.